Ces deux Ligériens derrière MYM, ce réseau social à bientôt 120 millions d’euros
60 M€ en 2021 et… 120 M€ en 2022 : c’est que vise MYM en termes de chiffre d’affaires, après même pas 3 ans d’existence. Cette plateforme centralise l’activité d’influenceurs pour un rapport direct avec leurs fans via un abonnement payant. Derrière cette ascension fulgurante, deux Ligériens d’origine : Pierre Garonnaire, petit-fils du recruteur éponyme de l’ASSE. Et Gaspard Hafner, fils de Pierre-André Hafner (Biscuits Hafner, à Saint-Galmier)…
Ils assument totalement. « Oui, 20 % de ce que vous trouverez sur MYM a un caractère porno, reconnaît sans sourciller son co-fondateur Pierre Garonnaire. Et à 60 %, il s’agit de créateurs faisant du modeling (« l’icône » Mathilde Tantot par exemple, Ndlr). Quand vous regardez la majeure partie du contenu de réseaux sociaux comme Instagram ou Twitter où la même chose s’expose et se monétise massivement, je ne vois pas pourquoi on se l’interdirait. Surtout que MYM cadre très précisément les choses, contrairement aux autres.»
Sûr qu’un scandale analogue à ce qui a touché OnlyFans, géant britannique au modèle approchant, risquerait de couper net l’ascension fulgurante de MYM… Et la valeur montante du social media veut être perçue comme une boite tech avant toute. Elle finira sans doute 2021 avec un chiffre d’affaires de 60 M€. C’était 30 M€ en 2020. 8 millions de fans y sont inscrits pour un nombre de créateurs de contenus approchant les 200 000. Parmi eux, on compte aussi des cuisiniers, des coachs sportifs, des artistes, des formateurs pour traders. Ou encore l’ex-footballeur Djibril Cissé, qui y fait valoir ses goûts en termes de lifestyle.
Sur MYM, les tarifs sont fixés par les créateurs eux-mêmes
MYM compte déjà plus de 30 employés et vise les 120 M€ pour 2022 avec sa seconde version. La plateforme n’a pourtant pas 3 ans… « Fin 2018, en discutant avec deux amies modèles photos, avec Gaspard, on s’est dit qu’il y avait quelque chose à créer pour monétiser leur course aux followers, raconte Pierre Garonnaire. Des abonnés sur YouTube, Instagram, ça va vite. Mais de là à que ça rapporte… D’autre part, elles ne peuvent pas y nouer de vraies relations avec les fans. »
Des abonnés sur YouTube, Instagram, ça va vite. Mais de là à ce que ça rapporte.
Pierre Garonnaire, co-fondateur de MYM
Et donc se faire payer pour leur fournir un contenu exclusif régulier, standard, sinon sur-mesure, moyennant des suppléments. Même s’ils sont loin de tous gagner leur vie grâce à la plateforme (quelques-uns la gagnent cependant très bien !), ses « créateurs » optent eux-mêmes pour le tarif mensuel de leurs contenus parmi les quatre existants. 9,99 € ou 19,99 € pour la plupart, 49,99 € étant plutôt le tarif des « stars ». Et 89,99 €, celui des coachs très haut de gamme. Esquissée sur quelques feuilles de papier A4, la v1 de MYM était prête quelques mois plus tard, c’est-à-dire dès le début de l’année 2019. Le succès sera immédiat.
Les créateurs de MYM originaires de Feurs et de Jas
Qui sont Pierre Garonnaire et Gaspard Hafner ? Deux enfants du Forez, originaires précisément de Feurs et du village de Jas, respectivement âgés de 36 et 34 ans qui ont fréquenté les mêmes établissements scolaires et dont les familles, amies, ne sont pas inconnues des Ligériens. Le premier est le petit-fils du célèbre recruteur de l’ASSE, époque mythique dont il porte le même prénom. Alors forcément… « J’ai baigné dans cette culture même si mon père, dentiste, s’en était quelque peu détaché. Moi, j’étais abonné au kop nord plusieurs années avant. Bon, je vis principalement à Paris désormais, alors j’y suis rarement et de manière plus bourgeoise ! Mais la boule au bide est toujours là quand je viens. »
Gaspard Hafner est, lui, le fils de Pierre-André Hafner de la société Biscuits Hafner, située à Saint-Galmier. « Nos parents se voyaient souvent. Alors nous aussi, le week-end ou encore en vacances. Petit, j’étais plus pote avec le grand frère de Gaspard. On s’est retrouvé et on s’est davantage lié d’amitié à Lyon, au milieu des années 2000 quand j’étais étudiant à la fac puis à l’EM Lyon, raconte Pierre Garonnaire. Gaspard, c’est un autodidacte qui n’a pas fait d’études. Il sait coder et s’est mis à développer des sites web dès ses 18 ans. »
MYM met en avant une batterie de garde-fous
Il y a eu un mélange d’audace, de chance et de bon timing pour expliquer notre succès.
Pierre Garonnaire, co-fondateur de MYM
Un parcours qui l’a amené à fonder à Lyon Peexeo, une agence de communication digitale dont le coworking abrite justement MYM. De son côté, à l’issue de l’EM Lyon Pierre Garonnaire s’essaie aussi à l’entrepreneuriat. Mais l’idée de son application mobile permettant par géolocalisation de rapprocher en temps réel des promos commerçantes avec des communautés de Facebook ne perce pas. Un peu trop en avance pour 2009 sans doute. Il va alors mener une carrière dans la monétisation sur mobile. Il travaillait chez Adikteev à Paris jusqu’au succès de MYM. « Nous avons lancé ça sans pression, sans imaginer que cela irait si vite, si loin. On ne savait même pas qu’OnlyFans existait. Il y a eu un mélange d’audace, de chance et de bon timing pour expliquer notre réussite. »
Mais pour ne pas la griller, les créateurs de MYM disent l’accompagner de toute une batterie de garde-fous. « Pour être certifié, un créateur doit être majeur, indiquer sa carte d’identité, son compte bancaire, son téléphone. Des données vérifiées de près. Il faut aller chercher un créateur avec son pseudo précis pour le trouver. Rien n’est proposé par association, les liens ont été désindexés de Google. Enfin, une équipe de dix modérateurs supervise spécifiquement les comptes adultes », énumère Pierre Garonnaire qui ajoute : « Il n’y a pas de rencontre physique possible par notre canal, pas d’anonymat. »
Accompagnée d’une charte éthique sur l’utilisation et d’un comité d’éthique indépendant, la v2 de MYM est présentée comme « plus sécurisée ». Elle garantirait, entre autres, que des réseaux de prostitution ne viennent pas, par exemple, s’y engouffrer. Elle comptera aussi une reconnaissance faciale des abonnés grâce à la technologie Yoti. Objectif : repérer les visages a priori trop juvéniles pour certains contenus…