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samedi 27 avril 2024
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CHU : faute d’effectifs, il n’ y a plus de lits dédiés à la réanimation pédiatrique

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Depuis lundi 6 novembre, le service de réanimation pédiatrique du CHU de Saint-Etienne est devenu unité de soins intensifs pédiatriques. Une transformation due à un manque d’effectifs et que la direction veut provisoire. Côté syndicats, on craint néanmoins des conséquences sur les patients et le personnel, ainsi qu’un motif plus profond…

Hôpital Nord
Depuis lundi 6 novembre, le service de réanimation pédiatrique du CHU de Saint-Etienne est devenu unité de soins intensifs médico-chirurgicale. ©JT/ If Saint-Etienne.

« J’insiste sur ce point, ce n’est pas une fermeture, c’est une transformation, nous pourrons soigner les cas graves à Saint-Etienne ». C’est notamment avec ces mots que Michaël Battesti, directeur général adjoint du CHU, a tenté de stopper la récente polémique autour du service de réanimation pédiatrique. Ainsi, depuis le 6 novembre, l’ensemble des quatre lits restant de l’unité ont été transformés en lits de soins intensifs pédiatriques, faute d’effectifs suffisants. « Nous avons dû prendre cette décision en collaboration avec l’ARS, avec, pour autant, des capacités remontées à huit lits de soins intensifs », poursuit le directeur général, lors d’une conférence de presse donnée ce jeudi 9 novembre, précisant toutefois que le Centre hospitalier conserve son autorisation de réanimation pédiatrique. Car la direction espère bien que cette situation ne soit que temporaire…

Départs et pénurie de candidats

Cet été déjà, le nombre de lits dédiés à la réanimation pédiatrique avait été divisé par deux. « Cela fait déjà de longs mois que le CHU essaie de recruter, pointe le directeur général. Le problème, c’est bien sûr la démographie médicale du territoire ». Il ajoute que la direction essaie de mettre en place des vecteurs d’attractivité, tout en ne sortant pas du cadre régit par des textes concernant ces points. « Plus les équipes sont réduites, plus les conditions sont difficiles », ajoute le Professeur Aurélien Scalabre, chef du pôle pédiatrique au CHU. Le service est ainsi dans une sorte de cercle vicieux. « Il est plus difficile de recruter le neuvième d’une équipe de huit que le troisième d’une équipe de deux », concède Michaël Battesti. Pour cette même raison, les départs des premiers médecins ont donc eu un effet boule de neige. Ainsi, pour le Professeur Etienne Javouhey, chef de l’unité de soins intensifs médico-chirurgicale pédiatrique au CHU, et du service de réanimation pédiatrique aux Hospices civiles de Lyon, « il y a ensuite une forme d’épuisement pour ceux qui restent ».

Michaël Battesti, directeur général adjoint du CHU, le Professeur Aurélien Scalabre, chef du pôle pédiatrique, et le Professeur Etienne Javouhey, chef de l’unité de soins intensifs médico-chirurgicale pédiatrique au CHU, et du service de réanimation pédiatrique aux Hospices civiles de Lyon. ©JT/ If Saint-Etienne.

Quelle organisation ?

En attendant de pouvoir recruter dans les cinq médecins nécessaires au fonctionnement du service, il faut donc s’organiser. « Il existe, et ce n’est pas récent, une coopération forte avec les Hospices civiles de Lyon et avec le CHU de Clermont-Ferrand », explique le Professeur Aurélien Scalabre. Une fois stabilisés, les jeunes patients seront à nouveau pris en charge à Saint-Etienne. Avec pour enjeu de maintenir les compétences bien spécifiques des personnels paramédicaux dédiés à la réanimation pédiatrique. Pour ce faire, la direction envisage de les former en collaboration avec les équipes lyonnaises. Alors combien de temps les petits ligériens et altiligériens devront-ils s’appuyer sur Lyon et Clermont-Ferrand ? Des mois ? Des années ? Difficile de le savoir avec certitude… même si l’objectif affiché est bien celui d’une réouverture le plus tôt possible. Un pédiatre réanimateur nécessite pas moins de six ans de formation post internat. Le CHU forme mais doit fidéliser.

Manque d’anticipation pour les syndicats

« Cette situation est connue, estime Alexandre Charly, secrétaire général du syndicat FO au CHU de Saint-Etienne. Il y a eu une fuite de certains médecins de ce service fin 2022 en raison d’un problème de ressources humaines. Puis deux départs, prévus, ont eu lieu cette année à la rentrée. La vérité, c’est qu’il n’y a jamais eu une véritable politique d’attractivité mise en place alors qu’ils savent depuis un voire deux ans que l’on aura ce problème. Mais allez recruter un médecin alors que vous êtes en manque de personnel. Il se dit que si c’est pour faire de la médecine de guerre, il préfère aller là où il sera plus utile ». Celui-ci craint aussi des conséquences sur les agents puisque leur nombre est très encadré en réanimation, et que ces normes diffèrent en soins intensifs. Pour le syndicaliste, qui s’interroge sur le « pourquoi » de ces difficultés à recruter, la situation reflète une gestion financière qui arrive au bout de son modèle. « Quand on veut se débarrasser de son chien, on dit qu’il a la rage. La preuve, c’est que Clermont-Ferrand ne semble pas avoir de problèmes à recruter ».

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