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vendredi 13 décembre 2024
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Le contrôle aérien n’est plus assuré 7 jours sur 7 à l’aéroport de Saint-Etienne-Loire

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« Compte tenu du trafic », le Service de la navigation aérienne Centre-Est a décidé de réduire début février son activité à l’aéroport de Saint-Etienne-Loire. A la suite de ses pertes, l’infrastructure avait été reprise en main par Saint-Etienne Métropole avec, entre autres*, le Département à ses côtés, via le syndicat mixte de gestion sur lequel la CCI avait à l’origine la main. Présidé par Gaël Perdriau, le syndicat a créé une régie d’exploitation qui a mis fin aux vols commerciaux déficitaires pour lui. Il tente de lui donner des occupations autres que les vols d’affaires (notamment ceux de l’ASSE), sanitaires entre quête de lignes pertinentes et valorisation des mètres carrés disponibles. Mais la décision de la DGCA (Direction générale de l’aviation civile) est un coup dur…

Non, l’aéroport de Saint-Etienne-Loire ne sera pas déclassé en « aérodrome ». Tout simplement parce que juridiquement, cette notion n’existe pas, nous fait savoir la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), sollicitée pour connaître ses intentions vis-à-vis de l’infrastructure ligérienne : « Si le langage courant tend à donner deux significations distinctes aux termes d’« aérodrome » et d’« aéroport » en se fondant implicitement sur un critère de taille ou de niveau de service rendu aux usagers, ces deux appellations désignent en réalité exactement la même chose. »

Aussi pour la DGAC, « l’idée assez largement répandue selon laquelle un aérodrome est une petite structure là où un aéroport en est une de taille plus importante n’a aucun fondement juridique. Réglementairement parlant, un aérodrome correspond à « tout terrain ou plan d’eau spécialement aménagé pour l’atterrissage, le décollage et les manœuvres d’aéronefs » (L. 6300-1 du code des transports). Le terme « aéroport » n’est en revanche pas défini par la loi. » Juridiquement parlant, l’aéroport de Saint-Etienne n’est donc d’ores et déjà qu’un aérodrome…

Les déplacements de l’ASSE impactés ?

Le Service de la navigation aérienne Centre-Est y assurait jusqu’en janvier 2022 le contrôle aérien 7 jours sur 7, de 8 h (ou à partir de 9 h le week-end) à 21 h. De nombreuses extensions horaires étaient réalisées pour accueillir en particulier les vols tardifs liés aux déplacements de l’ASSE ou sinon des vols sanitaires. Mais « compte tenu de la faiblesse et de la typologie du trafic actuel, l’effectif de contrôle est en baisse et les périodes d’ouverture ont été réduites début février 2022, soit une ouverture du lundi au vendredi de 8 h à 21 h et le week-end ouverture avec préavis pour vols commerciaux uniquement. »

Parallèlement, précise la DGAC, l’exploitant s’est engagé dans une démarche de certification AFIS2 qui lui permettrait de continuer à assurer l’accueil les vols d’affaires, d’évacuation sanitaire et ceux de l’ASSE « à des horaires tardifs qu’il souhaite maintenir sur le terrain et pour lesquels la DSNA (Direction des services de la navigation aérienne, rattachée  à la DGAC, Ndlr) ne pourra plus assurer le contrôle aérien de façon systématique. Les différents projets évoqués par le syndicat mixte (aviation d’affaires, charter, ligne régulière…) s’ils devaient voir le jour, pourraient être accueillis dans de bonnes conditions par un AFIS qui, de plus, saurait mieux s’adapter aux horaires de ces vols que la DSN . »

Un courrier adressé par Gaël Perdriau au ministre des Transports

Notre intervention auprès de la DGAC pour qu’elle revienne sur cette décision n’a été suivie d’aucune réponse. 

Saint-Etienne Métropole

Contactée par notre rédaction pour effectuer un point complet sur la situation de l’aéroport, la présidence du syndicat dirigée par celle de Saint-Etienne Métropole n’a pas souhaité donner suite à cette demande. Mais elle a cependant réagi aux informations qui nous ont été transmises par la DGAC. Elle dénonce une « décision unilatérale qui impose désormais un préavis pour chaque vol « imprévu » perturbant le fonctionnement de l’aéroport. Notre intervention auprès de la DGAC pour qu’elle revienne sur cette décision n’a été suivie d’aucune réponse. » D’où un courrier adressé directement par Gaël Perdriau au ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari.

En 2017, l’aéroport Saint-Etienne-Loire avait vu défiler encore un peu plus de 104 000 passagers mais avec un déficit d’exploitation de 1,78 M€. En 2018, avec la fermeture des dernières des lignes low cost qui faisaient le trafic devenu international de l’aéroport depuis les années 2000 (vers le Portugal, la Tunisie, le Maroc ou la Turquie), leur nombre est tombé à 4 179 pour un déficit d’exploitation de 925 317 €. En 2020, année où la pandémie a le plus pesé sur le trafic aérien, on a compté 18 373 mouvements (- 25 % de moins qu’en 2019), et 3 387 passagers (- 40 %) pour donc aucun vol commercial.

Des vols commerciaux sont-ils encore possibles ?

A titre de comparaison, les aéroports de Clermont-Ferrand et Grenoble qui souffrent beaucoup moins de la proximité de Saint-Exupéry ont fait transiter en 2020, malgré le Covid, respectivement 114 494 et 207 538 passagers pour 2 216 et 2 849 vols commerciaux selon les statistiques ministérielles. Engagé dans une démarche de valorisation des espaces extérieurs et mètres carrés disponibles à la suite d’un audit amenant l’implantation d’entreprises (par exemple, la start-up Eenuee et son projet d’avions électriques relaté par nos confrères du Journal des entreprises puis du Progrès), ou encore sur des activités spécifiques au sol ou aux loisirs, le syndicat n’a cependant pas renoncé aux vols commerciaux. L’idée serait de combler des manques ferroviaires sur l’Ouest ou le Sud-Ouest de la France, voire à nouveau en direction de l’étranger, indiquait Gaël Perdriau dans les colonnes de l’Essor en juin.

1 Outre Métropole et le Département, le Smasel (Syndicat mixte de l’aéroport de Saint-Etienne Loire) est composé de la CCI Lyon Métropole Saint-Étienne Roanne, de l’agglomération Loire Forez et de la communauté de commune Forez Est.

2 Aerodrome Flight Information Service (AFIS) : un agent qui assure le service d’information de vol et d’alerte.

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