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samedi 14 décembre 2024
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Lycées : la Région Auvergne-Rhône-Alpes veut tester sa brigade de sécurité dès janvier

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C’est une batterie de mesures que contient la délibération « Priorité à la sécurité » votée dès juillet par l’assemblée régionale. Réélue, la majorité régionale portée par Laurent Wauquiez en avait fait un de ses axes principaux de campagnes. Parmi elles, la création d’une brigade de sécurité « intervenant dans les lycées à leur demande ». A ce stade, son ampleur, ses effectifs, voire même leur éventuelle externalisation restent à déterminer. Mais le principe voté, le travail a déjà commencé. Une phase de tests sera lancée en janvier. Le groupe d’opposition écologiste crie au scandale et envisage un recours…

Lors de l’assemblée plénière du 19 juillet. ©Région Auvergne-Rhône-Alpes.

S’agira-t-il d’un copié/collé d’une idée déjà déployée en Île-de-France ? Au sein de cette Région, là aussi dirigée par la droite, avec Valérie Pécresse à sa tête, les brigades régionales de sécurité scolaire (BRS) ont été créées en 2019. Elles sont cinq, composées chacune de cinq agents en tenue noires, floquées d’un « Ile-de-France » dans le dos. Attachées à des établissements en particulier, elles peuvent néanmoins « se projeter dans l’ensemble des lycées franciliens » à leur demande.

« Je ne sais pas, à ce stade, si nous ferons pareil, je ne savais même pas qu’un dispositif analogue existait déjà en Île-de-France. J’ai une mission de mise en œuvre confiée par Laurent Wauquiez et le travail a déjà commencé », annonce Renaud Pfeffer à If Saint-Etienne. Maire de Mornant dans le Rhône, le nouveau vice-président délégué à la sécurité de la Région Auvergne Rhône-Alpes a succédé à Philippe Meunier qui lui comptait aussi dans ses prérogatives les partenariats internationaux, la chasse et la pêche. Renaud Pfeffer travaille donc lui, à la seule sécurité et à la création de la BRS des lycées. Entre autres… Car le 19 juillet, trois semaines après les élections, l’assemblée plénière régionale a pris une délibération générale sur la sécurité, conformément à ses annonces électorales.

La brigade interviendra à l’intérieur et aux abords des lycées

Elle porte ses dépenses en la matière de 160 M€ durant le mandat précédent qui avait vu la création de ce budget à 300 M€ sur celui à venir sans que ne soit précisé ce qui ira à l’investissement ou au fonctionnement. Le travail entrepris dans les gares et les trains (effectifs de la police ferroviaire, vidéoprotection) sera, par exemple, amplifié avec une très polémique « expérimentation de reconnaissance faciale ». Des aides à l’équipement seront accordées aux commerces, aux entreprises, celles aux communes sur la vidéoprotection renforcées. La Région va en outre, augmenter le financement de logements et d’équipements destinés aux « femmes victimes de violences » ainsi que le soutien aux associations leur venant en aide.

Parmi cette batterie de mesures très rapidement adoptées, il y a donc, aussi, la création d’une brigade régionale de sécurité (BRS) affectée, au titre de la compétence de la Région, aux lycées, dont les équipements matériels dans ce domaine, comme les portiques déployés dès 2016, seront parallèlement renforcés. La BRS, elle, pourra intervenir, « sur la décision de la Région et en coordination avec les services de l’Etat, les mairies et les forces de l’ordre, auprès des lycées qui en feront la demande », annonce la Région. Aussi bien au sein « des établissements scolaires, qu’aux abords des lycées ou encore dans les transports ».

Les portiques de sécurité ont été déployés dès 2016 dans les lycées de la région © Michel Pérès & Charles Pietri/Région Auvergne-Rhône-Alpes

Des anciens policiers, gendarmes, douaniers, agents de sécurité

« Il s’agira d’intervenir en cas de violences, voire de trafics de drogue mais aussi d’harcèlement. Bien sûr, la nature de l’intervention et son ampleur varieront en fonction du contexte et des faits, souligne Renaud Pfeffer. A ce stade, nous en sommes à la consultation, aux discussions avec les acteurs locaux pour bien définir les missions, coller aux besoins. Il n’est donc pas question de le lancer dès cette rentrée mais d’aboutir à une phase de test en janvier. En attendant, nous allons construire cela avec méthode, en lien étroit avec Florence Dubessey, vice-présidente déléguée à l’Education et aux lycées, les chefs d’établissements, les mairies, les préfectures. »

A ce stade, nous en sommes à la consultation, aux discussions avec les acteurs locaux pour bien définir les missions, coller aux besoins.

Renaud Pfeffer, vice-président de la Région à la sécurité

Des échanges qui ont déjà commencé avec des chefs d’établissements, des mairies, des préfets en attendant de rencontrer « cette semaine le général de la région de gendarmerie » puis les DDSP (Directions départementales de la sécurité publique). Renaud Pfeffer précise que plusieurs hypothèses seront étudiées dans les mois à venir, y compris celle d’externaliser à des sociétés privées de sécurité la brigade. « Elle sera, de toute façon, composée principalement d’anciens policiers, gendarmes, douaniers, d’agents de sécurité. Des profils variés, permettant, aussi, la médiation. Mais pas pour autant des animateurs comme nous le demandent l’extrême gauche et les écologistes. Sinon, on ferait des brigades régionales d’animation ! »

En tenue et équipés comme de agents de sécurité

Le vice-président précise encore que les membres de la brigade porteront des tenues spécifiques, identifiables. Ils ne pourront évidemment pas être armés mais bénéficieront d’équipements du même type que les agents de sécurité et pourraient, aussi, disposer de caméras, « comme certaines polices municipales dans le respect de la réglementation actuelle qui exige une phase de tests ». Combien seront-ils ? Y aura-t-il une ou plusieurs brigades ? Derrière le dispositif « Brigade régionale de sécurité », là aussi présenté au singulier, l’Ile-de-France en décline en fait cinq comptant cinq agents chacune.

Mais quid d’Auvergne-Rhône-Alpes et de ses 576 lycées concernés (à 44 % privés mais eux aussi concernés) ? Notre région est certes moins peuplée que l’Île-de-France mais en revanche beaucoup plus étendue, allant du Cantal jusqu’aux Alpes… « L’enveloppe de fonctionnement va tourner autour de 10 M€. Mais il est encore trop tôt pour en déduire des effectifs. Mais oui, on ne pourra pas fonctionner de manière centralisée avec une concentration seulement sur Lyon, reconnaît Renaud Pfeffer. Il faudra pouvoir être rapidement présent, là où il faut. »

Lors du précédent mandat, la Région avait déjà beaucoup investi dans la sécurité, notamment ferroviaire. © Charles Pietri, Région Auvergne-Rhône-Alpes.

« Ce n’est pas à une collectivité comme la Région de faire la police »

Quelle que soit la forme exacte que prendra la BRS d’AuRa, l’idée révolte le groupe régional d’opposition « Les écologistes d’Auvergne Rhône Alpes ». « C’est un viol des compétences des maires, de l’Etat et même des prérogatives des chefs d’établissements scolaires, s’insurge Grégoire Vérrière, élu écologiste d’opposition du Puy-de-Dôme, qui connaît son premier mandat à l’assemblée. Ce n’est pas à une collectivité comme la Région de faire la police. On voit très bien ici une posture politique de Laurent Wauquiez qui a fait passer en urgence et dans le flou cette délibération sur la sécurité. Il n’est pas légitime pour jouer au shérif ! »

C’est une posture politique de Laurent Wauquiez qui a fait passer en urgence et dans le flou cette délibération. Il n’est pas légitime pour jouer au shérif !

Grégoire Vérrière, élu écologiste d’opposition du Puy-de-Dôme

Pour l’opposant, la délibération, prise en plein été quatre semaines après les élections, manquait de détails, de clarté. « Elle sera détaillée, plus tard, en commission permanente sur la sécurité. Ce qui signifie hors du débat public. Nous trouvons la mesure très violente pour la jeunesse, ce n’est pas ce qui va arranger les choses pour elle, l’aider à s’épanouir. Au contraire. Si on parle de sécurité en général, alors parlons aussi de ses autres dimensions : alimentaires, économiques, climatiques… Mais cela, la majorité est loin de le prendre en compte. Pour ce qui est de la sécurité physique, nous ne nions pas que la problématique existe dans les lycées. Et oui, elle, aussi doit être assurée.»

« Un recours ? Qu’ils le fassent, nous, on avance »

Mais cela passe pour Grégoire Vérrière et son camp par « une présence humaine auprès des concitoyens ne relevant pas directement de la Région : par exemple, plus de contrôleurs dans les trains. » Ou encore relevant de l’Etat : « Cela devrait être un des rôles de la police de proximité qui a été supprimée par la Droite. Mais Laurent Wauquiez, s’il n’a pas dénoncé cela à l’époque, peut désormais faire pression sur son rétablissement en tant que président de la 2e région de France.» Ignorant lui aussi l’existence d’une BRS en Ile-de-France, Grégoire Vérrière annonce que son groupe doute fortement de sa légalité et n’exclut pas un recours.

« Qu’ils le fassent, nous, on avance sur notre programme, ce pourquoi les gens nous ont élus, clame Renaud Pfeffer. La sécurité n’est normalement pas une prérogative du conseil régional, c’est vrai. Mais nous ne pouvons pas rester inactifs. C’est l’affaire de tous, encore plus avec un Etat qui, effectivement, n’assume plus autant ses fonctions régaliennes. Si certains renoncent, ce n’est pas notre cas.»

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