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Violences conjugales : « Le panel de réponses que nous pouvons apporter est de plus en plus large »

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Jeudi matin, à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, la préfète Catherine Séguin s’est rendue dans les locaux de l’association SOS Violences Conjugales à Saint-Étienne. L’occasion de mettre en lumière l’action des acteurs de terrain, et de rappeler les possibilités qui sont mises à disposition des victimes.

SOS violences conjugales
La préfète Catherine Séguin et Pauline Chassin-Ezziani, directrice de l’association SOS Violences conjugales. ©JT

La journée n’avait pas été choisie au hasard. Ce jeudi 25 novembre, Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, la préfète Catherine Séguin était en visite dans les locaux de l’association SOS Violences conjugales. Une structure qui recense pas moins de 600 nouvelles victimes chaque année dans le département. « Le panel de réponses que nous pouvons apporter aux victimes est de plus en plus large, explique Pauline Chassin-Ezziani, directrice de l’association. Notre structure est vraiment sur de la fragilité temporaire. » Des permanences sont à disposition des victimes, ainsi que de leurs enfants, à Roanne et à Saint-Étienne. L’association prend également en charge les auteurs de violences, pour éviter qu’ils ne repassent à l’acte.

Agir dans l’urgence

Pour les victimes de violences, l’urgence est souvent de trouver un logement dans lequel se mettre à l’abri, et éventuellement ses enfants. Pour ce faire, l’association propose de l’hébergement d’urgence (la Loire dispose de 23 places dédiées), ainsi que des logements en intermédiation locative sur lesquels les victimes sont signataires du bail. L’hébergement d’urgence peut également se faire via le 115. Si aucune place n’est disponible, les victimes seront logées à l’hôtel. « Dans la Loire, aucune personne n’est laissée sans solution, a souligné la préfète. Cette journée est l’occasion de reposer le sujet sur la table, pour que ces violences soient unanimement reconnues comme intolérables et insupportables. Cet accompagnement, c’est la mise en relation avec les administrations compétentes, ceux capables de protéger, de mettre à l’abri, pour permettre la reconstruction et le retour le plus rapidement possible à la vie normale » Et souvent, l’association doit agir dans l’urgence. « L’objectif est de sortir la victime d’un environnement insécurisant, poursuit la directrice de l’association. Nous allons leur apporter un confort dans les jours qui suivent pour qu’elles ne soient pas tentées de réintégrer le domicile, et les aider à entreprendre des démarches administratives grâce à un partenariat avec la Caf et un réseau d’avocats. »

« Cet accompagnement, c’est la mise en relation avec les administrations compétentes, ceux capables de protéger, de mettre à l’abri, pour permettre la reconstruction et le retour le plus rapidement possible à la vie normale »

Catherine Séguin, préfète de la Loire.

Des fantômes administratifs

Mais la plupart du temps, les acteurs de terrain ont affaire à ce qu’ils appellent des « fantômes administratifs ». Des victimes sans compte bancaire, sans sécurité sociale, voire sans état civil. Et il est parfois difficile d’ouvrir un compte en banque lorsque l’on n’est pas à-même de fournir toutes les pièces nécessaires, ce qui représente une vraie difficulté pour SOS Violences conjugales. Un obstacle que n’a pas manqué de relever Catherine Séguin. « N’hésitez pas à revenir vers nous à ce sujet si vous rencontrez des difficultés. Nous pouvons aussi faire passer quelques messages et expliquer qu’il s’agit de situations très exceptionnelles. » Car cette dernière a constaté que les violences étaient en hausse constante, avec une augmentation des interventions des forces de l’ordre, bien que les dépôts de plainte ne suivent pas toujours.

Encourager le signalement

Désormais, des permanences de psychologues pour enfants sont assurées à l’association, afin qu’ils soient eux aussi pris en charge comme des victimes. Depuis le Grenelle des violences conjugales, des mesures ont été prises, notamment pour encourager à signaler et à alerter lorsque l’on constate des violences. Mais encore trop souvent, les victimes craignent de porter plainte. C’est pourquoi la préfète rappelle que « le refus de porter plainte n’empêche pas de faire en sorte qu’une enquête soit diligentée », bien qu’un dépôt de plainte facilite grandement les poursuites.

Parmi les autres mesures qui ont été prises, il y a également la possibilité de déposer plainte dans les sept établissements hospitaliers de la Loire, ainsi que l’accent mis sur la formation donnée aux forces de l’ordre. Ainsi, dans le département, 400 gendarmes seront formés à ces situations d’ici 2022. Depuis le Grenelle, la Loire a également bénéficié d’un poste et demi supplémentaire d’intervenants sociaux. Le département dispose de 26 Téléphones grave danger (téléphone portable disposant d’une touche dédiée permettant à la victime de joindre le service de téléassistance, accessible 7 jours sur 7, 24 heures sur 24) dont 19 sont actuellement attribués.

Une majorité de femmes touchées

L’association prend également en charge les auteurs de violences, notamment à travers des stages de responsabilisation pour éviter les récidives. « C’est une activité en hausse de 200 %, rapporte Pauline Chassin-Ezziani. Souvent, ils sont reconnaissants qu’on leur donne la parole. Ils doivent faire un travail sur eux-mêmes. » Il faut noter que les violences conjugales touchent encore une majorité de femmes. Sur 600 victimes annuelles que voit passer l’association, une trentaine sont des hommes.

Nous rappelons que le numéro dédié aux violences conjugales est le 3919 et qu’il est disponible 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. En cas d’urgence absolue, les victimes sont invitées à composer le 17.

SOS violences conjugales
Depuis 2019, les prises de plaintes peuvent se faire dans sept établissements hospitaliers de la Loire. © JT

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