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Casino : les questions sans réponses de Xavier Kemlin

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Dans un énième courrier adressé à l’Autorité des marchés financiers, Xavier Kemlin porte de nombreuses accusations à l’encontre de Jean-Charles Naouri et, plus globalement, alerte sur les conditions dans lesquelles se déroule le Plan de sauvegarde accéléré du groupe Casino. Un plan qu’il qualifie de vaste escroquerie, arguments à l’appui.

Xavier Kemlin, un des descendants de Geoffroy Guichard, à gauche, a écrit à l’AMF au sujet de Casino. ©If Média/Xavier Alix

« Ce plan de sauvegarde c’est on prend les mêmes et on recommence, lance Xavier Kemlin, l’un des arrière-petits-fils de Geoffroy Guichard, fondateur de Casino. Mon objectif est de pouvoir le faire stopper ». C’est dans un nouveau courrier, après celui adressé au président de la République, adressé à l’Autorité des marchés financiers, et à retrouver dans son intégralité au bas de cet article, qu’il déroule son argumentaire. « Il ne faut pas perdre de vue que monsieur Kretinsky avait plus de 10 % du capital. A ce titre, il pouvait, à tout moment, demander une expertise judiciaire de gestion. Il ne l’a pas fait ». Il accuse ouvertement Jean-Charles Naouri d’avoir détourné 10 milliards d’euros de l’activité économique courante de Casino, au profit du remboursement de ses dettes et de celles de ses holdings. Il évoque également un rapport d’expertise, qui aurait été réalisé par un expert… sans audit.

Un déficit de confiance

Dans sa lettre, Xavier Kemlin pointe le « rapport du 20 décembre remis par Sorgem Evaluation entièrement fondé sur des éléments transmis par le groupe Casino et l’expert indique qu’il a effectué une vérification limitée en estimant que les informations transmises par le groupe casino étaient de bonne foi ». Et de rappeler la sanction de l’Autorité des marchés financiers à l’encontre de Rallye au mois de septembre, pour un montant de 25 millions d’euros, pour avoir « diffusé des informations fausses ou trompeuses susceptibles de fixer le cours du titre Rallye à un niveau anormal ou artificiel ». Xavier Kemlin estime que « l’AMF, qui régule la bonne information des marchés, ne peut pas laisser passer ce plan dans la mesure où l’expert lui-même dit avoir fait son expertise sur la base de chiffres fournis par la direction, avec un plan de reprise fourni par les repreneurs ». Pour lui, Carrefour reste intéressé et, à ses yeux, le seul moyen d’en sortir en réduisant la casse.

Sauvetage par Carrefour ?

« Je pense que Carrefour est intéressé par la globalité du groupe. Carrefour est coté en bourse, il peut donc y avoir une OPE (Offre publique d’échange) qui permettrait de faire l’acquisition de Casino grâce à des échanges d’actions. Cela permettrait de conserver l’Amérique du Sud et de créer un gigantesque groupe de la grande distribution ». Dans ce cas, pourquoi Alexandre Bompard, PDG du groupe créé à Annecy, ne s’est-il pas positionné ? Selon l’arrière-petit-fils de Geoffroy Guichard, « Carrefour ne sortira pas du bois avant de connaître le montant exact des dettes écrasées ». Mais côté syndicat, on mesure ces arguments. « Pour moi, le montant de la dette est connu, estime Jean Pastor, délégué CGT du groupe Casino et l’un des porte-parole de l’intersyndicale. Si Carrefour avait voulu racheter Casino, il l’aurait fait ! Simplement, Casino voulait tout vendre sauf la proximité, et Carrefour a fait une offre sur la proximité. Ça ne collait pas, c’est tout. Et puis il ne faut pas les présenter comme des sauveurs non plus… ». Une offre sur la proximité qui interroge également.

Prochaine échéance le 11 janvier

« Dans son rapport, l’expert indique que les magasins de proximités sont estimés à 200 millions d’euros. Mais c’est faux ! Ils sous-évaluent ces points de vente, sinon comment expliquer que Carrefour en propose 700 millions d’euros ? ». Ainsi, l’héritier y voit une façon de conserver Monoprix, Cdiscount, Franprix, à moindre coût, pour les revendre le double d’ici à quatre ans. « Ils se sont engagés sur quatre ans. Ensuite, tout sera revendu en pièces détachées, le plus cher possible ». Il souhaite bloquer le plan de sauvegarde, ainsi que le vote qui aura lieu le 11 janvier, lors de l’Assemblée extraordinaire qui vise à le valider. Pour lui, il faut bloquer ce plan, puis réaliser un audit et enfin permettre une reprise globale du groupe. Alors pourquoi ne pas rejoindre son combat. Chez les syndicats, on est déjà dans l’après et on ne croit plus à une fin heureuse.

Près de 1 400 emplois concernés au siège

« Quand on lit le courrier de M Kemlin, ça nous parle bien sûr, reconnait Jean Pastor. Il y a des sujets qui ont été abordés avec la direction, notamment de savoir pourquoi Rallye n’a pas été placé en liquidation judiciaire. Après, on nous répond que ce qui est fait est fait… ». Néanmoins, le syndicaliste estime qu’il ne faut pas être dans le déni. « On va obligatoirement vers ce plan. Ça ne veut pas dire pour autant qu’on en a envie ». Pour lui, si les arguments pointés par Xavier Kemlin s’avèrent justes, alors une instance finira par répondre à ses courriers, tout en reconnaissant qu’il « donne ses arguments, et pour l’instant personne ne les a démontés et ne le contredit ». Pour le moment, il se focalise sur les 24 et 25 janvier. Un Comité social économique central se tiendra le mercredi, puis un spécial le lendemain, concernant les entrepôts Easydis. « Quant au siège, entre 1 200 et 1 400 emplois seront concernés ».

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