Crise : le Crédit Agricole Loire Haute-Loire épargné
Malgré la crise engendrée par la guerre en Ukraine et le Covid, la caisse Loire Haute-Loire du Crédit Agricole a enregistré une année 2022 record en matière de crédits immobiliers. Une année conclue par la présentation de sa nouvelle stratégie, qui ambitionne d’être au rendez-vous des enjeux environnementaux et climatiques.
Tandis que la fermeture des distributeurs automatiques de billets s’accélère en France et que trois banques ont décidé de mutualiser leurs automates d’ici fin 2023, la caisse Loire Haute-Loire du Crédit Agricole semble à contre-courant. Pour son directoire, il n’est pas question, pour l’heure, de supprimer ce service de proximité. « Dans nos départements, les distributeurs sont un vrai service, explique Régis Le Gall, directeur financier du Crédit Agricole Loire Haute-Loire. La preuve, nous les avons très largement renouvelés, et pour cela il a fallu les fermer quelque temps. C’est là que l’on voit que c’est un vrai service de proximité car les gens nous font part de leur mécontentement lorsqu’ils sont fermés ». Une décision assumée, bien qu’il s’agisse d’un dispositif qui coûte cher aux banques, qui ont vu s’achever une année 2022 atypique à plusieurs égards au niveau économique.
La bascule de l’immobilier
« Le contexte macro-économique a été très particulier sur 2022, dans le sens où on a eu la superposition de deux crises, explique Gaëlle Regnard, directrice du Crédit Agricole Loire Haute-Loire. Celle du Covid et les conséquences de la guerre en Ukraine. Cela a généré des facteurs qui leur sont propres et qui se sont cumulés. Le premier, ce sont des perturbations, voire des ruptures de chaînes d’approvisionnement et le deuxième est que les pouvoirs publics et les régulateurs ont eu une action très déterminée pour soutenir l’économie et donc ont injecté beaucoup de liquidités dans l’économie. Donc ça ne pouvait que générer de l’inflation et c’est ce qu’on constate aujourd’hui ». C’est pourquoi la Banque de France a décidé d’une hausse des taux, afin de lutter contre une inflation trop forte. Néanmoins, 2022 a marqué une nette hausse des prix des matières premières pour les entreprises et une augmentation du coût de la vie pour les ménages. Malgré cela, le Crédit Agricole Loire Haute-Loire pointe une année record concernant les crédits habitats, avec 28 000 crédits immobiliers accordés l’année dernière, pour un montant total de 1,2 milliard d’euros.
« On voit bien que les ménages les plus modestes n’ont plus le surplus d’épargne qu’ils avaient constitué pendant les confinements »
Jean-Michel Forest, président du Crédit Agricole Loire Haute-Loire.
Passer la crise
Un dynamisme qui s’explique par une hausse des taux d’intérêt qui n’a commencé à se faire sentir qu’en fin d’année, notamment en raison du mécanisme du taux d’usure. Pour autant, ces crises superposées restent difficiles à traverser pour les ménages comme pour les entreprises. « On voit bien que les ménages les plus modestes n’ont plus le surplus d’épargne qu’ils avaient constitué pendant les confinements, rapporte Jean-Michel Forest, président du Crédit Agricole Loire Haute-Loire. Les clients qui ont une plus large surface financière ont toujours un matelas d’épargne, mais il est nécessaire d’avoir de bons conseils pour diversifier son épargne et préparer ses projets ». Côté professionnels, il a fallu s’adapter, se constituer des stocks, fidéliser la main d’œuvre. L’enjeu pour eux étant de passer cette période difficile, tout en se projetant dans des investissements liés à la compétitivité et à la transition. « Début 2023, on voit qu’on a nettement moins de crédit à l’habitat chez les ménages, comparé à l’année dernière, indique Gaëlle Regnard. En revanche, on ne voit pas pour l’instant d’infléchissement dans la volonté d’investir des entreprises. On n’a toujours pas retrouvé les niveaux de risque avant Covid bien qu’on voit quand même des choses se passer ».
S’engager pour anticiper
Pour faire face aux crises actuelles mais aussi et surtout éviter celles de demain, la structure a réfléchi à la mise en place d’une nouvelle stratégie, faisant suite à l’arrivée de Gaëlle Regnard au mois d’avril. Une feuille de route qui a été présentée à l’ensemble des collaborateurs début décembre dernier, à l’Arena de Saint-Chamond. « Le nom de notre projet est « Engagés ». Il parle aussi bien des élus qui sont quand même des bénévoles, engagés pour développer le territoire, mais aussi des équipiers de l’entreprise qui s’investissent pour la développer, ainsi que le territoire. Ça résonne aussi avec les grands défis de notre époque qui deviennent des urgences, comme la lutte contre le réchauffement climatique, la santé dans les territoires, etc. » Le Crédit Agricole Loire Haute-Loire souhaite ainsi gagner en compétences sur ces sujets. Pour ce faire, il commence à recruter des profils experts comme des ingénieurs, spécialisés sur les énergies renouvelables. Et les premiers concernés, ce sont évidemment les agriculteurs. Ainsi, la caisse a lancé une enquête afin d’interroger plus de 1 000 agriculteurs installés depuis moins de deux ans. Il en résulte une prise de conscience de ces évolutions, mais aussi une interrogation autour de la préservation du revenu. Et ce ne sont pas les seuls…
Créer un cercle vertueux
Concernant le réchauffement climatique, les entreprises de manière générale vont faire face à la nécessité de se transformer, et les ménages devront adapter leurs logements afin de réduire les dépenses énergétiques. C’est pourquoi le Crédit Agricole est en train de constituer un fonds pour les transitions agricoles et agroalimentaires, dans lesquels les caisses régionales investissent, afin que ces fonds puissent servir le territoire. Des projets rendus possibles grâce à une solidité financière qui s’accroît pour une banque choisie par un habitant sur deux dans nos départements. « On est sur un ratio de solvabilité supérieur à 30 %, détaille Régis Le Gall. On gère 10 milliards d’encours de crédits sur l’ensemble du département. Nos clients nous confient 15 milliards d’euros d’épargne, dont une partie d’assurance-vie et l’autre qui reste dans notre bilan. Avec l’épargne du territoire, on peut financer les projets du territoire ». Un territoire qualifié par Gaëlle Regnard de particulièrement humain, authentique, et qui n’a pas peur d’innover.
Caisse régionale : quelle autonomie ?
Nous nous sommes interrogés sur le degré d’autonomie des caisses régionales vis-à-vis du Crédit Agricole national. Jean-Michel Forest, président du Crédit Agricole Loire Haute-Loire, répond :
« Sur l’organisation capitalistique, il faut bien avoir en tête que la maison mère, ce sont les caisses régionales, c’est l’origine du groupe Crédit Agricole, ça reste son socle, puisque la communauté des 39 caisses régionales porte la majorité du capital de Crédit Agricole SA, qui est la structure cotée. Ces caisses sont actionnaires majoritaires du groupe qui, lui, porte les filiales métiers et le développement international. Les caisses régionales, qui sont des banques de détails, sont chacune des banques régionales de plein exercice, autonomes décisionnellement et financièrement. C’est vrai qu’elles fonctionnent avec une Fédération nationale du Crédit Agricole, qui est une instance de débats, de réflexions… pour autant, chaque caisse régionale garde son autonomie. Parce que ce sont des banques coopératives. Ainsi, chacune a un conseil d’administration qui est l’instance décisionnelle composée d’élus, représentants les sociétaires. A la tête de l’entreprise, vous avez deux mandataires sociaux, un directeur général, un président de caisse régionale, qui assurent la représentation de leur caisse dans les instances nationales, et au sein de la Fédération nationale du Crédit Agricole ».
