Maison Tournaire : 50 ans, l’âge d’or
Cette année, la maison Tournaire, installée à Savigneux, spécialisée dans la création de bijoux, fête ses cinquante ans. Tandis que le père, Philippe, a commencé à créer ses bijoux avec la fourchette en argent de sa grand-mère, le fils, Mathieu, a officiellement pris sa succession il y a un an. Pour le demi-siècle à venir, il entend bien perpétrer l’héritage familial, tout en y apportant son empreinte.
« Cinquante ans, ce n’est pas une fin, c’est un passage, assure Mathieu Tournaire. J’ai du mal à me rendre compte que nous fêtons cet anniversaire, cela fait deux ans que nous travaillons dessus. » Et pour cause. Philippe, le père, et Mathieu, le fils, ont eu à cœur d’organiser plusieurs événements autour de la célébration de ce demi-siècle. Parmi eux, la réédition de l’ancienne collection Chibreli, améliorée grâce aux techniques actuelles, et qui sera disponible à la fin de l’année sous le nom de Daisy. « Nous avons aussi réinventé le bracelet fourchette, comme un clin d’œil aux origines », explique Mathieu Tournaire. Ce bracelet, nommé « Free », est en effet le symbole des débuts de Philippe Tournaire, qui, à l’époque, avait détourné une fourchette pour la façonner et en faire un bijou.
Un joyau local
A cette occasion également, père et fils publient un beau livre retraçant la success-story familiale. « On y trouve pas mal de photos d’archives, mêmes personnelles, explique Mathieu Tournaire. Il y a aussi beaucoup d’anecdotes qui expliquent le parcours de mon père, et de la passation ». Car si le fils a repris la direction artistique de l’entreprise il y a dix ans, il en assure la présidence depuis l’année dernière. Avec la difficulté des « fils de », celle de perpétuer la tradition tout en y ajoutant sa patte. « Je vais m’inscrire dans la continuité différente, s’amuse-t-il à dire. Il y aura toujours mon empreinte, même si elle s’inscrira dans la continuité de Philippe Tournaire. L’idée n’est surtout pas de faire table rase du passé, car mon père a créé quelque chose d’exceptionnel. On aime ou pas, mais nos créations ont le mérite de se reconnaître tout de suite. Et ça, cela ne changera pas ». Avec l’inflation, on pourrait penser que le marché de la joaillerie connaît des difficultés, et pourtant…
Du luxe, mais pas que
Le nouveau président nous indique qu’il se porte plutôt bien. « Il faut dire que nous sommes sur une niche, car nous sommes sur le marché du luxe, mais nous ne sommes ni LVMH, ni un petit artisan, nous sommes entre les deux. Et puis parler d’industrie du luxe, pour moi, c’est quelque chose d’antinomique. Par définition, le luxe ne peut pas être une industrie ». Mathieu Tournaire en est persuadé, les gens vont en avoir marre de porter tous les mêmes bijoux, et se tourneront ainsi vers des choses plus personnalisées, et beaucoup moins ordinaires. Par ailleurs, la maison, contrairement à beaucoup d’autres, parvient à faire du sur-mesure abordable. « Nous n’avons pas que des clients ultra riches. Certains vont attendre des années pour se faire plaisir et avoir un bijou original, d’où une gamme de prix qui est très large ». Aujourd’hui, la maison compte une cinquantaine de salariés pour un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros. Et Mathieu Tournaire envisage l’avenir sereinement : « Je n’ai aucune prétention de manger le monde et d’avoir 250 boutiques . Simplement de poursuivre et de continuer l’emploi en local, car sans humain, on n’est rien ».