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samedi 27 avril 2024
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Réseau Entreprendre : Saint-Etienne valait bien sa « grand-messe »

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Ce week-end, 900 entrepreneurs et dirigeants d’entreprises de toute la France et même de l’étranger étaient réunis à Saint-Etienne par la délégation Loire du Réseau Entreprendre à l’occasion de la 10e Biennale de la fédération.    

Une 10e Biennale à l’organisation remportée par Réseau Entreprendre Loire. Photo transmise par REL

« Pour créer de l’emploi, il faut créer des employeurs. » C’est ce principe fondateur qui a guidé André Mulliez (de la famille Mulliez, derrière Auchan) dans le lancement, en 1986, du Réseau Entreprendre depuis le Nord de la France, explique Rémy Bourdier. « Il avait été contraint à un plan social d’envergure au sein de l’entreprise Phildar, licenciant plus de 600 personnes. Ce qui l’avait profondément affecté, d’où sa volonté de développer des solutions : accompagner au mieux les porteurs de projet pour créer des emplois », raconte le successeur d’Olivier de La Chevasnerie, depuis 2022, à la présidence nationale du réseau. Lui-même, créateur du groupe Oviance en 2001, est un ancien lauréat du réseau Auvergne. Car 37 ans plus tard, si la famille Mulliez reste très impliquée vis-à-vis de son « bébé » via sa fondation Entreprendre (derrière un quart du financement budget), celui-ci a bien grandi et la garde n’est pas du tout exclusive.

Réseau Entreprendre est présent partout en France à travers des associations départementales ou régionales y compris d’Outre-Mer. Mais aussi dans dix pays pour 65 associations rattachées à sa fédération et 135 implantations employant directement 330 personnes et correspondant à l’engagement de « 15 000 chefs d’entreprise dans le monde ». Il revendique 15 500 entreprises accompagnées depuis 1986 pour 160 000 emplois créés, sinon sauvegardés quand un lauréat n’est pas créateur mais repreneur. L’idée : des chefs d’entreprise devenus membres bénévoles de l’association par cooptation examinent, dans un premier temps, les candidatures de porteurs de projets à l’accompagnement du réseau. D’où la notion de « lauréats ». Derrière, il ne s’agit pas seulement pour ces derniers de décrocher un financement – un prêt d’honneur qui, souvent, permet de débloquer les crédits bancaires classiques – mais aussi, parfois surtout, un suivi, des conseils, voire des regards permettant d’ajuster tenants et aboutissants d’un projet. Cela sur toute une année et gratuitement.

90 % de survie à 5 ans

« Il faut que le projet crée des emplois, au minimum 3, sinon on ne peut pas être lauréat, avertit Rémy Bourdier. L’accompagnement humain est effectué par des chefs d’entreprises aux profils et activités très différents allant de la TPE au grand groupe, c’est notre ADN. Ça peut être parfois très intimidant mais le tutoiement, la simplicité sont de rigueur. Ce suivi nous différencie d’autres réseaux avec l’obligation de créer des emplois même si l’accompagnement a tendance à se généraliser. » Pour Bruno Deville, président de l’association Loire du Réseau entreprendre successeur au printemps à Didier Chataing, « le mot réseau correspond mal à notre activité car ce n’est pas du réseautage, pour réaliser du business entre nous même si cela peut bien sûr se faire ensuite, à force de se voir. Mais ce n’est pas le but de l’association. La valeur de notre accompagnement est reconnue par les banques locales – Caisse d’épargne, Crédit Agricole, Banque populaire – qui sont aussi nos partenaires. C’est un critère de crédibilité : être lauréat du Réseau Entreprendre permet de faciliter les emprunts auprès d’eux du porteur de projet ».

Le mot « réseau » en réalité correspond mal à notre activité car le but, ce n’est pas du réseautage pour faire du business entre nous.

Bruno Deville, président de Réseau entreprendre Loire

Là aussi, les chiffres affichés localement sont parlants : depuis le lancement du réseau départemental, celui-ci a cumulé 324 lauréats (que l’on retrouve fréquemment ensuite comme adhérents accompagnateurs), 2 540 emplois créés ou sauvegardés et un total de 6,6 M€ octroyés en prêts d’honneur. Environ 200chefs d’entreprises bénévoles animent aux côtés des salariés, le réseau ligérien. La Loire est à peu près dans les ratios nationaux de « survie » des entreprises lauréates soit, affirme le réseau, « 93 %, 3 ans après l’accompagnement et 90 % 5 ans après contre, globalement dans l’entreprenariat, une moyenne respective de 40 et 35 % ». L’accompagnement et sa dizaine d’entretiens d’analyse/conseils représenterait en moyenne selon Bruno Deville, dans la Loire, l’équivalent de 15 000 € de prestations. Ils sont 20 à 30 à en bénéficier chaque année dans le département. Parmi eux donc, de probables futurs adhérents accompagnateurs qui auront sans doute l’occasion de participer à une Biennale, pourquoi pas dès la 11e, du réseau.

« Vers un monde ouvert »

Avec l’objectif de brasser personnalités, projets, points de vue, secteurs d’activités et géographiques et, plus que tout, des idées pour toujours mieux entreprendre, cet événement qui n’est pas une « AG » vient de connaître sa 10e édition à Saint-Etienne. Du vendredi 13 au dimanche 15 octobre, Réseau Entreprendre Loire a en effet accueilli 900 membres au Zénith, au Centre des congrès et, plus généralement, à la découverte de la ville. Là aussi, c’est le résultat d’une candidature avec son projet spécifique. « Si on met de côté l’édition un peu spéciale que l’on a connu du Puy du Fou, c’est la première fois qu’une ville du calibre de Saint-Etienne est sélectionnée pour accueillir l’événement. Lyon et Rennes avaient aussi candidaté mais la force de notre implication collective – 200 membres impliqués sur 240 en comptant nos lauréats – au moment de présenter notre candidature a fait la différence », estime Céline Henrion Ribeyron, directrice du Réseau Entreprendre Loire.

Durant ces trois jours, poursuit-elle, « nous proposons des interventions, des tables rondes, des conférences et ateliers qui vont chercher les gens dans leurs certitudes, les interroger et donner des armes pour mieux réussir. Ce n’est ni une assemblée générale, ni une succession de cocktails de réseautage entre amis malgré toute la convivialité qu’il y a entre nous. Oui, il y a une dimension festive, on ne s’en prive pas mais c’est beaucoup, beaucoup plus que cela. » La thématique fil rouge de cette 10e édition ? « Vers un monde ouvert ». « Un dirigeant a cette nécessité toujours plus montante d’être attentif au marché bien sûr étant donné le manque de stabilité, les évolutions permanentes que l’on connaît de nos jours mais aussi auprès de ses salariés, précise Bruno Deville pour expliquer ce choix. Cette nécessité de s’ouvrir, de faire preuve de souplesse, d’intelligence, n’a jamais fait autant sens. »

Le beauseigne laissé aux vestiaires

Plénière du vendredi au Zénith de Saint-Etienne. Photo transmise par REL

Innovation stéphanoise : au Centre des Congrès, les ateliers du samedi consacrés à cette même notion d’innovation (intelligence artificielle en particulier mais aussi impression 3D avec la présence du nouveau stéphanois qu’est Guillaume Crédoz de Post Industrial Craft) ont été conclus par 14 pitchs d’entreprises de 3 min chrono ligériennes lauréates dont plusieurs noms que vous avez pu lire dans nos colonnes – comme Heat Concept ou encore Plastri – évoquant leurs expériences propres vis-à-vis de problématiques externes. La venue de 900 dirigeants d’entreprise de l’Hexagone et d’Outre-Mer mais aussi de l’étranger (Italie, Espagne, Maroc, Belgique, Suisse, Tunisie) a naturellement été l’occasion pour Réseau Entreprendre Loire de jouer aux ambassadeurs du territoire. De quoi permettre de battre en brèche les clichés et de démontrer les atouts locaux à la fois économiques et touristiques.

Une découverte guidée de Saint-Etienne a été organisée le samedi après-midi avec, la veille au soir, un passage, plutôt toute une soirée, obligé à Geoffroy-Guichard de toute façon réclamé par les invités de longue date… Du local donc dépouillé du côté beauseigne censé aller avec. A l’image des personnalités qui ont animé le vendredi après-midi de leurs interventions la « plénière ». A commencer par le journaliste Bernard de La Villardière (membre du Réseau Entreprendre 93), engagé comme maître de cérémonie, mais aussi un discours d’Olivia Grégoire, ministre déléguée en charge des PME, du commerce, de l’artisanat et du tourisme venue ouvrir les échanges. Présents aussi, les géopolitologues Virginie Raisson et Pascal Boniface, l’astronaute vétéran Jean-Francois Clervoy, le couple champion du monde de freefly Karine Joly et Greg Crozier ou encore l’ex-leader de la Patrouille de France Bertrand Nivard. Bref, de quoi largement s’élever.

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