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vendredi 26 avril 2024
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Cité du design : le directeur démissionne alors que sa gestion interroge

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Lors du Conseil métropolitain qui se déroulait le 29 septembre dernier, nous apprenions le déficit de 1,4 million d’euros enregistré par la Cité du design. Un chiffre sur lequel Marc Chassaubéné, adjoint la culture à la mairie de Saint-Etienne et vice-président chargé de la culture à la Métropole, est revenu ce matin. Il a, en parallèle, annoncé la démission de Thierry Mandon, directeur de la Cité du design.

La Cité du design de Saint-Etienne © Nicolas Bros / If Saint-Etienne

Ce mercredi matin, lors d’une conférence de presse organisée dans le cadre du festival Pléiades, Marc Chassaubéné, adjoint à la culture à la Ville et vice-président chargé de la culture à la Métropole, est revenu sur le déficit d’1,4 million d’euros enregistré dans la trésorerie de la Cité du design, comblé par la Métropole.

« En réalité, j’ai commencé à émettre des doutes et des interrogations sérieuses sur la Cité du design, sur son fonctionnement et son budget depuis cet été. Donc il y a un certain nombre de validations que j’ai bloqué depuis le mois de juin, et j’ai demandé une première prise en main de la Métropole sur le sujet de la Cité alors qu’on était à moins de la moitié de l’exercice budgétaire à ce moment-là, pour avoir une première analyse des comptes de la Cité du design. Cela nous a conduit, à la fin de l’été, à prendre la décision d’intervenir d’abord en soutien financier, ce sont les fameux 1,4 million d’euros qui ont été versés par la Métropole pour pallier le manque de trésorerie de la Cité du design et d’acter le lancement d’un audit, de façon à éclaircir certains points quant à la gestion de la Cité. »

Démission de Thierry Mandon

Naturellement, la Biennale a été montrée du doigt dans ce déficit et l’élu reconnait que certains choix posent questions, et que les directions données initialement par le Conseil d’administration de l’EPCC (Établissement public de coopération culturelle, ndlr), qu’il préside, n’ont pas été suivies par la direction de la structure. Ensuite, il met en avant la baisse des subventions accordées par la Région Auvergne Rhône-Alpes (- 180 000 euros en 2022, alors que la subvention de 480 000 euros pour 2021 n’avait toujours pas été versée).

« Il y a aussi certains surcoûts liés au contexte et dont on tient compte, et puis il y a des éléments subjectifs qui dépendent directement des choix de la direction et qu’il faut éclaircir, car ils ont clairement eu un impact sur le budget. C’est tout ça qu’on veut savoir aujourd’hui ». Marc Chassaubéné a également annoncé la démission de Thierry Mandon de son poste de directeur de la Cité du design, suite à ce qu’il qualifie de dérapage budgétaire inacceptable.

« Il faut maintenant prendre des décisions et expliquer comment ce dérapage a pu être mis en œuvre, en fonction de quels choix, et par qui »

Marc Chassaubéné, adjoint la culture à la mairie de Saint-Etienne et vice-président chargé de la culture à la Métropole.

Quel déficit ?

Car si l’on se base sur une baisse, ainsi qu’un non-versement des subventions de la Région, on atteint la somme maximale de 660 000 euros. À cela s’ajoute la hausse du point d’indice des personnels (200 000 euros), ainsi que le coût de l’inflation, selon nos confrères du Progrès. Si nos calculs sont bons, cela représente 1 060 000 euros. Reste à savoir si les 340 000 euros qui mènent au déficit de 1,4 million d’euros sont uniquement imputables à la biennale. C’est tout l’objet de l’audit lancé par Marc Chassaubéné.

« Quand, au moins de juin, j’ai porté les premières alertes sur la stabilité budgétaire de la Cité, ou tout du moins sur un potentiel déficit de cet exercice, qui, je le rappelle, en juin, n’en était qu’à la moitié de son exécution, je pressentais un risque de dérapage budgétaire, mais pas de cette ampleur. Nous avons eu la très mauvaise surprise de la baisse des subventions de la Région qui est venue alourdir les conséquences, mais il reste un gap important derrière, qu’il faut expliquer et pour lequel nous cherchons des éléments. La Cité du design a déjà connu des déficits auparavant et on sait que son modèle économique a eu du mal à trouver son équilibre, mais là, on est clairement dans un dérapage budgétaire avéré et qui a sans doute déclenchée la décision qui a été prise hier soir. » Pourtant, des axes avaient été donnés pour justement éviter le bis repetita d’une biennale décevante, qui n’a enregistré que 74 200 entrées payantes dont 35 000 pass biennales vendus.

Pérenniser les emplois

Pour Marc Chassaubéné, il est difficile de ne pas s’interroger. L’élu attend les premiers résultats de l’audit afin de définir les responsabilités de chacun dans ce déficit. « Je prends acte de la décision du directeur hier soir, qui est peut-être un premier élément de compréhension. Est-ce le seul ? Je ne suis pas en mesure de le dire aujourd’hui, c’est bien ce que l’audit doit révéler, quels choix ont été faits, par qui, comment, pour opérer une commande politique qui finalement n’a pas été opérée et qui en plus a enclenché un dérapage budgétaire qui n’est pas acceptable. La Métropole de Saint-Etienne, à travers la proposition que j’ai faite, d’intervenir pour combler le déficit, a joué son rôle de partenaire financeur, nous avons été au rendez-vous pour préserver les emplois de la Cité et cet équipement auquel nous tenons énormément. Mais il faut maintenant prendre des décisions et expliquer comment ce dérapage a pu être mis en œuvre, en fonction de quels choix, et par qui. J’ai demandé d’ailleurs à ce que cette somme soit versée sous conditions, par tranche, et en fonction, aujourd’hui, d’un contrôle extrêmement précis de son usage. » La Cité du design représente une centaine d’emplois.

« Nous avons clairement quelques interrogations qui vont au-delà des choix budgétaires, sur la bonne gestion et les bonnes intentions qui entourent l’EPCC »

Marc Chassaubéné, adjoint la culture à la mairie de Saint-Etienne et vice-président chargé de la culture à la Métropole.

Interrogations sur la gestion

Aujourd’hui, ces derniers ne sont pas menacés et aucun licenciement n’est à l’ordre du jour. Pour l’heure, l’élu estime que des économies réelles doivent être réalisées. En revanche, les relations avec Thierry Mandon semblent ne plus être au beau fixe et la confiance rompue. « La décision de Thierry Mandon est peut-être un peu rassurante sur le fait que certains ont conscience peut-être de leur implication, de leur responsabilité. Son mandat impliquait plus de lien avec le territoire, plus d’ouverture et une accessibilité au grand public plus importante. Cela n’a pas été pris en compte par la nouvelle direction donc le constat, on le fait, et malheureusement, il est le même depuis de nombreuses années. Et nous avons clairement quelques interrogations qui vont au-delà des choix budgétaires, sur la bonne gestion et les bonnes intentions qui entourent l’EPCC ».

Les premiers éléments de l’audit devraient être communiqués dans les prochains jours, en début de semaine prochaine. Peu de mystère cependant. « Je pense que vous aurez malheureusement des informations à la fois négatives, décevantes et surprenantes dans les jours qui viennent. »


À l’heure où nous publions cet article, nous avons tenté de joindre Thierry Mandon, sans succès pour le moment.

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