Saint-Étienne
vendredi 26 avril 2024
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Fermeture des serres municipales : majorité et opposition à fleur de pot

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Le couperet est tombé fin décembre. La Ville de Saint-Etienne a décidé la fermeture des serres municipales pour la fin du mois de février, mettant en avant des raisons économiques. Du côté de l’opposition, on dénonce une décision brutale et une volonté de privatiser un service public.

Dans la série des décisions budgétaires douloureuses à prendre, annoncées par la mairie de Saint-Etienne, place à la fermeture des serres municipales. Peu avant les fêtes, la douzaine d’agents qui œuvre dans ces serres a été informée de la décision de la municipalité, lors d’une réunion de service. Installées sur la commune de Villars, ces serres sont devenues trop énergivores selon la Ville, qui entend bien économiser à l’heure où tout augmente. L’opposition, quant à elle, y voit une décision plus politique et idéologique que budgétaire. Le ton est donné avant le prochain conseil municipal qui aura lieu le 30 janvier.

Des installations modernisées en 2014

« Ce qui nous surprend, c’est la brutalité de cette annonce, qui n’a jamais été évoquée avant, s’étonne Pierrick Courbon, conseiller municipal d’opposition à Saint-Etienne. On a quand même une commission municipale qui s’appelle espaces verts. Ce sujet y avait sa place. Par ailleurs, ces serres ont été modernisées, et même réhabilitées en 2014. Entre temps, elles seraient devenues un gouffre financier. Ce n’est pas un bâtiment qui a 30 ans ! ». Du côté de la municipalité, Charles Dallara, adjoint municipal de Saint-Etienne, chargé des parcs, jardins, et forêts communales, parle d’une décision qui a été prise la mort dans l’âme. Mais la Ville a fait ses calculs. Selon lui, il aurait aujourd’hui fallu réinvestir deux millions d’euros dans les serres pour les rendre moins énergivores, voire simplement étanches par endroit. En effet, huit à neuf ans après leur réhabilitation, certaines prennent l’eau. Mais externaliser le service sera-t-il un gain d’argent ?

« Ce n’est plus de la politique, mais du bon sens »

Charles Dallara, adjoint municipal de Saint-Etienne, chargé des parcs, jardins, et forêts communales.

900 000 euros économisés

Pierrick Courbon s’interroge à ce sujet. « Nous n’avons aucune information sur les économies que la Ville entend générer sur ce choix. De toute évidence, on va acheter des plantes à des pépiniéristes qui eux-mêmes vont augmenter leurs tarifs ». Interrogé à ce sujet, Charles Dallara parle de chiffres implacables. Ainsi, il nous explique que sur une année normale, le coût de fonctionnement des serres est de 600 000 euros. « Cela permet de produire environ 100 000 objets de culture, qu’il s’agisse de plantes ou de fleurs. Nous étions au maximum de ce que nous pouvions produire sur place et nous avions déjà recours à des prestataires extérieurs pour compléter ». Avec l’inflation, le dégel du point d’indice, la hausse des prix du gaz et de l’électricité, la Ville estime que le coût de fonctionnement des serres aurait atteint le million d’euros. « Alors qu’externaliser la production ne change rien pour les Stéphanois, et cela ne coûtera plus que 50 000 euros à service équivalent. Quant aux agents, ils resteront agents de la Ville. Ce n’est plus de la politique, mais du bon sens ». Pour l’opposition, tout n’a pas été envisagé.

« Le terrain fait environ 2 hectares, l’intention finale est-elle de vendre à un promoteur ? »

Pierrick Courbon, conseiller municipal d’opposition.

Quel avenir pour les serres ?

Ainsi, elle aurait souhaité mutualiser les serres à plusieurs communes, voire en faire des serres métropolitaines. Inenvisageable pour Charles Dallara pour qui l’espace manquait déjà pour fournir ne serait-ce que Saint-Etienne. Alors que va devenir ce terrain, dont la Ville est propriétaire ? « Le terrain fait environ 2 hectares, l’intention finale est-elle de vendre à un promoteur ? Ou à de gros pépiniéristes à qui nous irons acheter les plantes ? Ce sont tout autant de questions que nous ne manquerons pas de poser lors du conseil municipal », ajoute Pierrick Courbon. Au-delà de cette décision, l’opposant politique y voit un problème démocratique et de gestion RH, puisqu’il craint que les agents ne viennent, par exemple, combler des départs à la retraite et soient source d’économie. Un argument réfuté par Charles Dallara qui reconnaît en revanche que les serres seront démantelées, mais que les pépinières seront conservées et déplacées afin que le terrain puisse être vendu. « On est aussi là pour gérer de l’argent public, explique-t-il. Contrairement à l’État, une ville ne peut pas être déficitaire. Elle doit présenter un budget à l’équilibre ». Le sujet ne manquera pas de continuer à faire débat le 30 janvier prochain.

(Mise à jour 18 h 10). Surtout que les deux autres groupes d’opposition ne manqueront pas, à coup sûr, d’en parler aussi. Le Temps de l’écologie, a réagi ce mercredi sur le sujet. Il dénonce « une décision grave » qui pour lui « montre le manque de vision de l’équipe actuelle. Engluée dans un scandale, elle n’est plus suffisamment disponible pour assumer sereinement la gestion de notre ville. En agissant de la sorte, la Ville se prive de savoir-faire acquis par une équipe de jardiniers passionnés (…). D’une part, les agents des espaces verts doivent renoncer à leur travail. D’autre part, les Stéphanois doivent se contenter d’une ville au rabais ». Plus largement selon les écologistes, « la majorité ne veut pas développer la verdure. Il existe d’autres possibilités en faisant évoluer les méthodes de cultures, et en innovant dans le choix des végétaux produits. Une nouvelle fois, la majorité prend des décisions dans l’urgence et sans réfléchir, sans avoir évalué les conséquences réelles dans ses aspects humains, environnementaux et financiers. Croire que le recours au privé est la solution est une erreur ».

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