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lundi 29 avril 2024
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Saint-Etienne : qui est Michaël Roncier, le nouveau directeur de cabinet de Gaël Perdriau ?

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La nouvelle est tombée fin septembre. Pile un an après le licenciement de Pierre Gauttieri en septembre 2022 pour perte de confiance, à la suite de l’affaire de chantage à la vidéo intime, le poste était resté vacant. Ce n’est plus le cas depuis le 2 octobre dernier avec l’arrivée de Michaël Roncier, nouveau directeur de cabinet de la Ville de Saint-Etienne et de la Métropole. Un abonné des situations délicates.
Par Julie Tadduni & Xavier Alix.

© If Saint-Etienne

Le moins que l’on puisse dire, c’est que son arrivée a lieu dans un contexte particulier. Depuis le 2 octobre dernier, Michaël Roncier est le nouveau directeur de cabinet du maire de Saint-Etienne, Gaël Perdriau, succédant ainsi à Pierre Gauttieri. Traditionnellement, ce poste n’entraîne pas de « présentations » officielles lors d’une conférence de presse. Mais au regard du contexte qui n’est sans doute pas étranger au temps qu’il a fallu pour effectuer ce recrutement, cela aurait pu être le cas afin de répondre à des interrogations évidentes. D’autant que, dès réception du communiqué de presse annonçant sa nomination, nous avons été interpellés par un de ses postes précédents, celui de directeur de cabinet à la mairie de… Cholet.

D’ouest en est

Avec un maire de Saint-Etienne d’origine choletaise, la coïncidence interroge. Un élément également relevé par les conseillers municipaux Le Temps de l’Ecologie, dans un communiqué de presse transmis aux rédactions, il y a une semaine. « Quand nous avons découvert l’article de votre collègue qui annonçait sa nomination, nous avons tapé son nom dans Google, nous explique Julie Tokhi, conseillère métropolitaine et municipale Le Temps de l’écologie. En à peine trente minutes de recherche, on est tombé sur pas mal d’articles de presse qui le mentionnent. Et puis, comme tout le monde, on s’est demandé s’il prenait ce poste parce qu’il avait fait un passage par Cholet ». En effet, Michaël Roncier a bien été le directeur de cabinet du très polémique Gilles Bourdouleix, mais c’était entre 2012 et 2014. Précisons aussi que l’homme n’est pas originaire de la commune mais d’une commune d’Anjou, à une heure de route plus au nord. Âgé de 48 ans, il a trois ans de moins que Gaël Perdriau.

A chaud

D’autres recherches sur le web montrent que rien n’autorise à dire que Michaël Roncier et Gaël Perdriau se connaissaient et étaient liés avant le 2 octobre, si ce n’est Gilles Bourdouleix. En 2014, à propos de l’élection de Gaël Perdriau, le maire de Cholet avait déclaré à nos confrères de Ouest France : « Il (Gaël Perdriau, Ndlr) avait créé avec mon ami Thierry Abraham une structure qui s’appelait L’Union, pour regrouper les jeunes de l’UDF et du RPR. A l’occasion des élections, nous nous sommes d’ailleurs mutuellement félicités ». L’édile du Maine-et-Loire est aussi réputé pour ses dérapages. « Le maire de Cholet, dont monsieur Roncier était le directeur de cabinet à l’époque, est connu, entre autres, pour sa sortie sur Hitler », rappelle Julie Tokhi. Effectivement, le 21 juillet 2013, il était allé à la rencontre de gens du voyage qui s’étaient installés illégalement sur sa commune. Alors que ces derniers lui faisaient un salut nazi, un journaliste l’avait entendu marmonner : « Hitler n’en a peut-être pas tué assez ». Propos pour lesquels il avait été condamné, avant que la Cour de cassation n’annule cette condamnation, au motif que cela avait été dit « dans des circonstances exclusives de toute volonté de les rendre publics ».

« Avec Gilles Bourdouleix, on n’est pas fâché ! 

Michaël Roncier à nos confrères du Courrier de l’Ouest, lors d’une interview publiée le 28 novembre 2014, après l’annonce de sa démission.

Le maire et ses affaires

Au même moment, le maire fait également parler de lui sur d’autres sujets. « Il y a aussi l’histoire des faux courriers de lecteurs envoyés aux journalistes », rapporte la conseillère municipale Le Temps de l’écologie. A l’époque, la mairie de Cholet avait voulu passer par un faux courrier des lecteurs pour adresser des reproches à la presse. Mais l’e-mail dans lequel la mairie donnait ses recommandations à son intermédiaire a été envoyé par erreur… aux rédactions. Un message signé par son directeur de cabinet du moment, Michaël Roncier, et qui comportait la mention « Il ne faut pas que la presse voit quoi que ce soit ». En parallèle, Ouest France rapporte que le maire invitait ses sympathisants à prendre la parole lors des réunions de quartiers, avec des interventions proposées « clés en main ». Un mois après ces événements, Michaël Roncier démissionnait. A l’époque, un fonctionnaire s’était épanché auprès de nos confrères du Courrier de l’Ouest : « Le courant passait mal avec les agents et certains élus, ça ne me surprend pas tellement ».

Pas fâché

Dans une interview accordée à ces mêmes confrères, alors que le Courrier de l’Ouest l’interroge pour savoir s’il a été poussé vers la sortie, il déclare : « Mais pas du tout ! C’est un fantasme de certains (…) Avec Gilles Bourdouleix, on n’est pas fâché ! ». Quant aux questions concernant les faux courriers et les conseils de quartier, voici ce qu’il répondait à nos confrères : « C’est la vie politique. Mais il ne faut pas que réduire ces deux années et demi à ça… Cela agite une vie oui, mais je ne ferai pas de commentaires dessus. J’ai démissionné, j’ai tourné la page ». Depuis son départ en 2014, il semble que Michaël Roncier ait la bougeotte. Avant de devenir l’homme de l’ombre de la mairie de Cholet, il avait été, pendant six ans, chargé de mission auprès du président du Conseil général du Maine-et-Loire. S’en sont suivies des expériences comme secrétaire général du groupe de la majorité de la Région Grand Est, directeur de cabinet du maire d’Evreux, directeur de cabinet de la présidente de la Province Sud, ou encore de la présidente du Conseil départemental de l’Oise. Avec une moyenne qui ne dépasse pas les deux ans par poste. Dans l’interview citée auparavant, il avait d’ailleurs expliqué « Je viens de faire un cycle de deux ans et demi. Dans cette fonction, c’est court et long. Court, car exaltant, mais fatigant aussi. J’ai toujours fonctionné ainsi ».

© JT/ If Saint-Etienne

Quel rapport avec Métropole ?

Fonctionnera-t-il aussi avec Saint-Etienne Métropole (Sem) ? Rappelons que le poste de directeur de cabinet est mutualisé depuis plusieurs années entre la Ville et agglomération… Tout comme la communication et les relations presse toujours sous le contrôle de Gaël Perdriau, y compris pour ce qui concerne Sem malgré son retrait total. Ce qu’a illustrée la teneur des communiqués sur le délicat sujet de passage d’intérim entre Hervé Reynaud et Sylvie Fayolle à la gouvernance de Métropole et donc, plus récemment, celui de la nomination de Michaël Roncier. Le recrutement du directeur de cabinet n’appartient qu’au seul maire président : contrairement à un directeur général de services, la vice-présidence qui supervise les ressources humaines n’a pas son mot à dire. Pas plus que le reste de l’exécutif dans son ensemble vis-à-vis de ce recrutement. Selon nos informations, celui-ci a été placé devant le fait accompli, ce qui ne déroge cependant à aucune règle.

Un adjoint sous la main de Sylvie Fayolle ?

Toutefois, comme l’indique le communiqué lui-même, il est précisé que parallèlement, « un(e) directeur(trice) de cabinet adjoint(e) est toujours en cours de recrutement à Saint-Etienne Métropole, et se fera également en lien et en accord avec madame Sylvie Fayolle, 1ère vice-présidente. » Il s’agirait plus clairement, toujours selon nos informations, pour Sylvie Fayolle – qui n’a pas répondu à nos sollicitations d’interview – d’avoir directement « la main » sur ce recrutement puis le travail en soi effectué par ce poste. Plutôt logique de la part d’une des membres de l’exécutif de Métropole ayant appelé à la démission de Gaël Perdriau, comme d’ailleurs une large majorité des maires et conseillers métropolitains… Ce qui le sera moins, en l’absence de précisions, c’est ce rapport de force qui risque d’être extrêmement flou entre ce futur « adjoint » et son « supérieur hiérarchique » Michaël Roncier… Bienvenue en schizophrénie.

Sollicité par la rédaction le nouveau directeur de cabinet, Michaël Roncier n’a pas souhaité répondre à nos questions.

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