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vendredi 26 avril 2024
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Blessures et performances : ce que votre entraînement de course à pied peut leur apprendre

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Dans quelle mesure l’entraînement et ses variables jouent sur les blessures ou les performances dans l’univers de la course à pied ? C’est l’objet de Trainimm, recherche menée par les Stéphanois du LIBM1 de l’université Jean-Monnet. Une grande étude partie pour suivre un an durant des centaines de coureuses et coureurs volontaires, de toutes les disciplines (route, trail, piste, montagne) et de tous les niveaux, y compris les non-compétiteurs, via une application mobile éponyme.

Trail, ultra, route ou piste : toutes les disciplines de course à pied sont étudiées. Photo d’illustration.

Il aurait déjà dû passer la ligne d’arrivée il y a quelques mois. Et théoriquement, ses conclusions publiées en ce moment même. Seulement voilà : le Covid a immédiatement suspendu le programme de recherche Trainimm lancé, en 2020, juste avant la première vague du virus. Mais pour aller au bout, c’est finalement sans doute mieux ainsi… « Nous faisons appel à des centaines de coureurs volontaires de tous niveaux pour cette étude. On espère en avoir 1 000 environ. Et derrière, il faut, il faut les suivre pendant au moins un an chacun. Alors, l’enjeu, ce n’est pas tant de les recruter que de les garder », explique Guillaume Millet, toujours chercheur au Laboratoire interuniversitaire de biologie de la motricité (LIBM) à défaut d’en être resté le directeur.   

Peu importe leur niveau : les recrues, qu’elles pratiquent du trail, de l’ultra, de la route, de la piste ou de la montagne, doivent se plier à l’exercice d’un questionnaire au départ puis hebdomadaire (sommeil, stress, fatigue générale, blessures…). Et transmettre les données liées à leurs entraînements et leurs performances, en compétition ou non. Mais en 2020, c’est un site web qui leur était proposé : il fallait donc saisir soi-même les données. En 2022, c’est une application avec même la possibilité de la relier à un montre sportive connectée, si on en a une, afin de transmettre automatiquement les informations et réduire au maximum les contraintes pour les participants.

L’étude concerne aussi la compétition. Photo d’illustration.

Trainimm s’affranchit des frontières

L’expérience développée par un des doctorants stéphanois du LIBM, Yan Le Mat, dans le cadre d’une autre recherche stéphanoise, la station de prévention sport/santé Selfit, a permis de créer cette appli spécifique. Avec déjà 500 participants en ce début de semaine, le LIBM était assez optimiste sur l’idée d’atteindre les 1 000 d’ici quelques semaines et la fin des inscriptions. « On diffuse l’appel sur les réseaux sociaux, dans les médias spécialisés. Mais il y aura fatalement des gens qui arrêteront avant un an. Il faut en revanche avoir au moins 500-600 personnes pour que les résultats soient significatifs. En échange de la participation, les coureurs ont des données personnalisées sur leur propre entraînement. Et des accès privilégiés à des conférences, des ressources (articles, vidéos, Ndlr) sur la nutrition, l’entraînement », précise Guillaume Millet.

Les données de cette étude aideront ainsi les coureurs et les coaches à créer des programmes d’entraînement plus efficaces. 

Guillaume Millet, chercheur au LIBM de l’université Jean-Monnet

L’application est accessible en anglais et en espagnol, grâce d’ailleurs à la présence dans l’équipe de Frédéric Sabater Pastor, jeune doctorant espagnol du laboratoire qui a passé sa thèse avec succès en décembre. Parmi les participants déjà enregistrés, un quart sont étrangers. Brésil, Etats-Unis, Espagne pour les plus représentés mais pour 25 pays différents au total. Il s’agit donc de course d’endurance allant de l’ultra trail jusqu’au demi-fond (mais au moins 1 500 m). L’idée est d’en apprendre plus sur l’impact des entraînements pour mieux comprendre leurs relations sur les performances et le risque de blessures. « Les données de cette étude aideront ainsi les coureurs et les coaches à créer des programmes d’entraînement plus efficaces », souligne Guillaume Millet. 

« Il y a 10 ans, cette recherche aurait été impossible »

Yan Le Mat et Guillaume Millet, travaillent sur cette étude à Saint-Etienne avec Frédéric Sabater Pastor (absent de la photo) et un étudiant en Master.

Selon le chercheur stéphanois, « il existe des études sur des petits groupes mais rien encore à notre connaissance à cette échelle. On dit que quand on augmente brusquement les entraînements, on se blesse plus facilement. Ok, mais c’est à vérifier et de quoi parle-t-on par « plus d’entraînements » : de fréquence ? De volume ? D’intensité ? » De même, quelle est la réalité quand on parle d’une blessure arrivée dans son sport en raison d’un surmenage en raison du travail et/ou de la vie personnelle ? Et quelle est la meilleure méthode d’entraînement pour soi, pour la discipline pratiquée afin d’être performant, moins se blesser ?

« Il y a cinq ans, cela aurait été encore difficile de mener une telle recherche. Il y a 10 ans, cela aurait été impossible, observe Guillaume Millet. Désormais, nous avons les outils pour le faire. » Premières conclusions dans six mois avant celle définitives d’ici un an et demi maximum (tout le monde n’a pas encore commencé) et encore quelques mois supplémentaires pour des publications que l’on espère voir dans les grandes revues scientifiques internationales. Ce ne serait pas une première pour le LIBM.

1Depuis 2016, le LIBM, Laboratoire interuniversitaire de biologie de la motricité, regroupe le Laboratoire de physiologie de l’exercice – alors déjà partagé entre les universités Jean Monnet et Savoie Mont Blanc – et le Centre de recherche et d’Innovation sur le sport de Lyon I. Il totalise 130 enseignants-chercheurs, médecins, ingénieurs, doctorants, post-doctorants, personnels techniques et administratifs. Une cinquantaine d’entre eux travaillent à Saint-Etienne

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