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samedi 12 octobre 2024
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En crise, le Bâtiment met en corrélation logements et réindustrialisation

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La Fédération Française du Bâtiment Auvergne Rhône-Alpes (FFB AuRA) a sollicité une étude à l’observatoire économique régional de la filière Construction (CERC) afin « d’évaluer la capacité des territoires à loger les nouveaux salariés liés à la réindustrialisation ». Une première, dit-elle, dans son genre qui estime ainsi le besoin en logements lié à l’ambition de réindustrialisation sur 25 territoires de la Région. Parmi eux, « Roannais/Forez », « Vallée du Gier/Ondaine/Loire Sud »… Zoom.

Logements à Saint-Etienne avec ici La Treyve, 27 logements sociaux. ©BâtirEtloger

25 « territoires ». Pourquoi 25 ? Parce que l’étude commandée au Cerc par la FFB AuRA, partenaire parmi ceux privés et publics derrière cet observatoire commun (il en existe 17 en France répartis sur tout le territoire) base sa logique prospective sur les 25 « territoires d’industrie » d’Auvergne-Rhône-Alpes. Ceux désignés tels quels par l’Etat dans la version 2023/27 du programme éponyme de soutien et d’accompagnement à lé réindustrialisation. Parmi les périmètres ayant fait l’objet par le Cerc d’un croisement de données spécifiques existantes, d’analyse et d’estimations de besoins en logements à venir, la Loire est triplement concernée : « Roannais/Forez », « Vallée du Gier/Ondaine/Loire Sud » mais aussi, via celui à cheval avec le Puy-de-Dôme baptisé « Lezoux-Thiers-Ambert-Montbrison ». Le premier couvre la majeure partie de l’arrondissement de Roanne et Forez Est. Le second un vaste flanc Ouest du Forez. Le troisième Saint-Etienne Métropole, associée au Pilat.    

L’ensemble de la démarche entreprise par la FFB AuRA a été présenté il y a une semaine. Les calculs du Cerc se croisent et aboutissent, pour chaque territoire, à partir de leurs caractéristiques propres, aux besoins en logements « endogènes » (« nécessaire pour maintenir la population en place »), à ceux« organiques » en ajoutant des estimations d’évolution démographique et, enfin, aux besoins en logements supplémentaires qu’induirait d’ici 2030, une réussite des projets de réindustrialisation. Cela en se basant sur les emplois censés être créés par les projets industriels fermes identifiés : + 18 200 emplois totalisés par les 25. Pour chacun d’eux, le renouvellement du parc actuel, la tendance au « desserrement » des ménages (nombre de personnes par logement), le rythme actuel de construction de logements neufs, la variation du parc secondaire occasionnel ainsi que la tension, la vacance et la capacité à la combler sont pris en compte dans la méthodologie.

« Les marges de manœuvre locales existent »

Mais aussi le taux de chômage et le lieu de domicile actuel des actifs ainsi que la situation géographique de leur poste de travail. L’objectif à la lumière de cette touffue compilation de données, dans un contexte plus que morose dans le Bâtiment, réputé pour être le baromètre prévisionnel de l’économie dans son ensemble, est évidemment d’envoyer un message à « l’Etat local » (et lui faire des propositions, lire plus bas). Ainsi qu’aux gouvernances des collectivités concernées. En synthèse : sans une offre de logements adéquate pour des nouveaux salariés, argue la FFB Aura, il sera compliqué de concrétiser avec les investisseurs prêts à s’implanter. Or, selon elle, il manque déjà des logements : « 36 000 logements ont été construits ces 12 derniers mois quand il en aurait fallu entre 45 000 et 51 000 », assure à ce sujet Samuel Minot, son président. Mais ne faut-il pas davantage s’adresser au législateur, aux parlementaires qu’aux exécutifs locaux ? « Déjà, il n’y pas de volonté nationale de légiférer pour favoriser la construction de logements. Et oui, cela dépend aussi largement de la volonté politique locale. J’entends aussi bien les préfectures que les exécutifs des collectivités », répond à If Saint-Etienne Samuel Minot, en marge de la présentation du 30 avril.

Oui, cela dépend aussi largement de la volonté politique locale. J’entends aussi bien les préfectures que les exécutifs des collectivités. 

Samuel Minot, président de la FFB Aura

Au-delà des écueils à appliquer et faire appliquer loi SRU, « l’Etat, les intercommunalités, les communes ont des marges de manœuvre de manière locale, des assouplissements de PLU possibles. Il s’agit aussi d’éviter de surinterpréter des textes : très souvent, les documents d’urbanisme vont localement plus loin dans les limitations – par exemple sur la hauteur des bâtiments – que ce qu’exige la loi. Il est possible de limiter les délais de recours tout en restant dans les clous législatifs ». Mais les estimations sorties par le Cerc ne se heurtent-elles pas à certaines limites : on pense notamment à la logique, un emploi créé = un nouveau ménage et donc, un nouveau logement nécessaire. Ou encore la difficulté de corréler niveau de rémunération des nouveaux emplois/type de logements recherchés et où. « Effectivement, il y a des limites, des bornes à cette étude, elle reste néanmoins originale, précise, adaptée au contexte de chaque territoire, défend Samuel Minot. Ce n’est pas défendre la construction de logements pour le logement mais une analyse fine permettant d’estimer des besoins par territoire.»  

Ce que l’étude donne en Loire Sud 

Le président de la FFB concède que « les besoins sont plus ou moins criants selon chacun d’eux en fonction déjà du degré de tension actuel. Et nous le précisons, le différencions. Mais la tendance globale est là : avec un manque de logements actuels, sans construire, il n’y aura pas de quoi se loger aux nouveaux arrivants liés aux projets industriels actés ». Certes, « il faut encore que ceux-ci se concrétisent tous. Mais justement, l’un des paramètres pour cela, c’est l’existence de projets de logements pour les futurs employés de l’investisseur. » La FFB Aura compte ainsi proposer, dans le cadre de la démarche Alliance pour le logement, à la préfète de région, Fabienne Buccio, une expérimentation pour favoriser, comme vue ailleurs dans d’autres régions (comme le « Pinel Breton »)  la production de logements, via des mesures dérogatoires, des aménagements de plan local d’urbanisme (PLU) ou un allègement des procédures.      

Il faut encore que les projets industriels se concrétisent tous. Mais justement, l’un des paramètres pour cela, c’est l’existence de projets de logements pour les futurs employés de l’investisseur. 

Samuel Minot, président de la FFB Aura

Pour ce qui concerne le territoire « Vallée du Gier/Ondaine/Loire Sud », qu’est-ce que cela donne ? En 2020, ce périmètre comptait 229 409 logements (+ 6,6 % en 10 ans, à 52 % collectifs), 10 756 ayant été mis en chantier entre 2010 et 2020 et dans le même laps de temps 3 510 ayant été utilisés pour renouveler le parc via une division, transformation ou réhabilitation renforçant ainsi la construction neuve.  De 2006 à 2020, la taille des ménages par logement est passée en moyenne de 2,22 à 2,16, ce qui fait que 5 530 logements ont été nécessaires pour répondre de 2010 à 2020 au « desserrement des ménages ». En 2020, ce territoire comptait 30 598 logements « occasionnels, secondaires ou vacants » avec une hausse de + 21,2 % sur 10 ans portée par la vacance et non les deux premiers types. Parallèlement, toujours de 2010 à 2020, la population a augmenté d’1,7 % pour atteindre 428 707 habitants (un rythme de + 0,2 % par an) et 3 370 logements ont été nécessaires sur le territoire pour accueillir de nouveaux habitants.

« Entre 1 160 et 1 480 logements à mettre en chantier chaque année »

De 2020 à 2030, la projection d’évolution de la population varie d’une stabilisation pour le scenario le plus bas à + 3 % pour le scenario le plus haut. Pour ce qui est de l’emploi industriel, s’il a été en chute libre de 2006 à 2010, tombé de 32 871 postes à 28 137, il est plus ou moins stable depuis 2014, atteignant même son second meilleur niveau depuis cette date, début 2022 (27 144 postes). L’étude du Cerc pour le territoire « Vallée du Gier/Ondaine/Loire Sud » projette 1 300 salariés supplémentaires dans l’industrie d’ici 2027, citant en particulier pour appuyer ce chiffre la nouvelle usine HEF à Saint-Etienne (+ 100), le projet Novasoie à Saint-Chamond (+150), l’extension de Nidec à Roche-la-Molière (+ 130), développement d’E-totem à Saint-Etienne (+ 50). Quant à l’emploi global, il est passé de 133 106 postes à 120 457 en 2014 pour remonter à 126 415 en 2022. Conclusion de l’étude : quatre scenarios, de l’estimation la plus basse à la plus haute, sont possibles vis-à-vis des besoins en logements de 2020 à 2030.

Ils prennent en compte, donc, le renouvellement du parc, la poursuite du desserrement ménages, la variation du parc tampon, l’évolution démographique effective et estimée d’ici 2030 et les nouveaux ménages supplémentaires à loger censés être liés à la réindustrialisation, soit 1 300 sur ce territoire, donnée estimative systématiquement appliquée aux quatre scenarios. Ces derniers estiment respectivement les besoins à 9 230, 11 630, 14 790 et 15 590 logements à construire. Soit pour les deux scenarios centraux les plus modérés, un rythme nécessaire situé « entre 1 160 et 1 480 logements à mettre en chantier chaque année ». Or, dernière donnée mise en perspective, de 2014 à 2021 compris, le rythme effectivement enregistré s’est situé en dessous voire largement en dessous : la moyenne a été de 879 de 2017 à 2021.  

Pour lire l’analyse du territoire de votre choix, cliquer ici.

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