Novasoie : l’industrie de la soie est de retour à Saint-Chamond
Cette fois, il ne s’agit pas de reconvertir une halle. Mais de créer ex-nihilo une nouvelle usine là où l’une d’elle a justement été rasée. A Saint-Chamond, l’immense périmètre de Novaciéries va voir d’ici fin 2024-début 2025, l’implantation d’une unité de production textile. Il s’agit de luxe autour de la soie comme l’indique le nom de la société : « Novasoie ». A terme, c’est une centaine d’emplois qui devrait être créée au sein de cette nouvelle filiale de CGM holding déjà derrière les sociétés MSI, dans le sud est roannais et Iris, à Cleppé, très près de Feurs.
Quand il s’agit de production de luxe, surtout des sous-traitants travaillant pour les géants, la communication n’est pas une évidence. Elle est même souvent placée sous cloche bien que, paradoxalement, son développement actuel se heurte à la difficile quête de recrues aptes et/ou motivées. Malgré nos sollicitations en ce début de semaine, la holding familiale CGM holding, dirigée par Christian Alart, est restée scrupuleusement bouche cousue au sujet de son nouveau projet d’usine : Novasoie, à Saint-Chamond. Le travail de la soie, l’histoire de la ville en est déjà fortement teintée. Pas dans le périmètre de ce qui est devenu Novaciéries avant tout dévolu à croiser le fer. Mais, par exemple, après avoir fait ailleurs dans le moulinage de la soie jusqu’aux années 1870, via son ultime avatar de l’autre côté du quartier d’Izieux bordé à l’est par la Zac en fin de reconversion. Les teintureries, cette élégante usine en briques Gillet, au pied du Pilat, au bord du Gier qu’elles ont tant pollué et où on a tant travaillé parleront sans doute encore à plus d’un Couramiaud.
En 2023, il n’est sûrement pas question de relancer cette activité, qui était d’ailleurs basée sur la soie dite artificielle. Là, ce sera sur du naturel. Créée en 2019, CGM holding est aujourd’hui propriétaire des discrets – pas d’adresse web propre par exemple – sites industriels MSI à Saint-Symphorien-de-Lay, dans le sud-est du Roannais ainsi qu’Iris dans le Forez. A l’été 2022, cette dernière filiale a d’ailleurs quitté Feurs pour assumer un développement croissant en s’installant quelques kilomètres plus à l’ouest à Cleppé, au sein de la nouvelle zone d’activité dite du Font-de-l’Or. L’entreprise y compte environ 2 000 m2 neufs dédiés à la confection d’accessoires textile avec, il y a plus d’un an donc, la promesse d’embaucher 90 personnes à terme : un investissement à 2,2 M€, rien que pour la construction justifiée par les commandes obtenues auprès d’un géant de l’industrie du luxe, dont il a déjà été écrit par nos confrères qu’il s’agirait d’Hermès. En 2011, l’activité du célèbre groupe français aurait déjà été directement à l’origine de la création d’un atelier de 1 600 m2 de MSI à Saint-Symphorien-de-Lay, son sous-traitant, selon Le Progrès.
Un site opérationnel fin 2024 au plus tôt
La présence d’une filiale d’Hermès, non loin de la Loire, Holding Textile Hermès, ayant pris place la même année dans les locaux de feu Photowatt (une production arrêtée de panneaux photovoltaïques) à Bourgoin-Jallieu doit aider à fournir à ces sociétés des marchés dans un contexte de développement de l’industrie du luxe qui doit cependant plus que jamais apporter des garanties made in France. Est-ce ce qui explique aussi ce nouvel investissement à Novaciéries par CGM ? Un site de 2 000 m2 à 3 000 m2 selon nos informations, baptisé Novasoie, qui doit être bâti à partir du 1er trimestre 2024 pour être pleinement opérationnel fin 2024-début 2025, là où se dressait la halle 06 de Novaciéries. Une de celles démolies dans le cadre des opérations de réaménagement du site alors que la majorité de ce qui était vide – c’était loin d’être toujours le cas -, a été reconvertie, sinon connaît son projet de reconversion (lire notre dossier de cet été). Il s’agirait d’y réaliser, une fois ces mètres carrés construits, des finitions, une couture à la main, sur les fameux carrés de soie, les foulards, de la célèbre marque.
Le choix du site saint-chamonais a été acté au début de l’été et semble orienté par un croisement de motifs. Le fait, déjà, de bâtir en milieu urbain, sur une emprise déjà artificialisée à une époque où trouver du foncier tend à devenir une odyssée et où, en termes d’image, de communication RSE, mieux vaut ne plus s’afficher en gargantua de terrains ruraux. Il y a, ensuite, une situation géographique plutôt favorable. En raison d’une bonne connexion aux transports, du moins supérieures au Forez et Roannais (bien que jouxtant le centre-ville, Novaciéries est très proche des accès RN88/A47) mais peut-être surtout, du point de vue de la main-d’œuvre, de sa facilité à se rendre sur son lieu de travail à partir d’un recrutement potentiel sur l’ensemble de la Métropole et son bassin de vie. Car comme avec son futur voisin Linamar, Novasoie doit en effet, à terme, recruter environ 100 personnes !
Ce qui est tout, sauf une mince affaire dans le contexte de « pénurie », encore plus avec la technicité qu’exige les métiers proposés. Mais Novasoie s’active déjà à former de potentielles recrues depuis la fin de l’été : une trentaine de personnes orientée par Pôle Emploi ou d’autres partenaires lui a déjà été adressée. Ils travaillent au sein d’un des deux bâtiments abandonnés par Siemens en 2010 face à Linamar.