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dimanche 28 avril 2024
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Laïcité : « On sent qu’il y a une forme de radicalisation »

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Le 8 décembre dernier, la préfecture de la Loire et la Faculté de Droit de Saint-Etienne signaient une convention de partenariat. A la suite de cette signature, le doyen et le secrétaire général de la préfecture ont animé une conférence sur le thème de la laïcité. Retour sur ces sujets avec Baptiste Bonnet, doyen de la Faculté de Droit de l’Université Jean Monnet de Saint-Etienne.

Baptiste Bonnet
Baptiste Bonnet, doyen de la Faculté de Droit de l’Université Jean Monnet de Saint-Etienne.

En quoi consiste la convention de partenariat signée avec la préfecture de la Loire début décembre ?

La Faculté de Droit est inscrite dans une logique partenariale très dynamique. C’est le cas avec la CPME, le barreau de Saint-Etienne, le tribunal judiciaire, certains lycées… et désormais avec l’Etat. Nous avons la volonté de démontrer que l’Université est ouverte sur le monde. Il se trouve que nous avions déjà des étudiants qui étaient accueillis en stage dans des services de l’Etat, c’est quelque chose de très formateur pour nos jeunes. Et c’est également important pour M le préfet, car l’administration centrale est très ouverte à la jeunesse. C’est donc un partenariat gagnant-gagnant qui s’est concrétisé grâce à l’arrivée du préfet Alexandre Rochatte ainsi qu’à la volonté du secrétaire général de la préfecture, Dominique Schuffenecker, ainsi qu’à la mienne. Cette convention vise à accueillir les étudiants en stage ou en alternance, et, pour notre part, apporter une expertise lors de conférences, comme celles que nous avons tenu ensuite sur le thème de la laïcité. Ce partenariat vient formaliser des liens qui existaient déjà. C’est d’ailleurs quelque chose d’assez original et inédit, qui est dynamisant pour le territoire et pour les jeunes. J’en suis très heureux.

Après la signature, vous avez donné une conférence sur le thème de la laïcité, à la veille de la journée nationale dédiée à cette thématique. Quelle en était la teneur ?

En tant que professeur d’Université, j’écris sur la question de la laïcité depuis des années. Tous les ans, elle est célébrée dans les institutions publiques le 9 décembre. Lors de la conférence, il a d’abord fallu rappeler la définition de la laïcité, car elle est mise à toutes les sauces aujourd’hui. La France est le seul pays au monde où c’est un sujet de débat permanent. On s’y perd à force. J’expliquais qu’il y avait un phénomène de capillotraction vers la laïcité. Tout s’y rapporte. Il faut rappeler qu’une femme qui porte le voile dans la rue ou dans une crèche qui est privée, cela ne relève pas stricto sensu de la laïcité. Pourtant, dès qu’un sujet est en lien avec la religion, on en vient au même débat. On est entré à tort dans une laïcité de combat et ce prisme n’est pas le bon. La laïcité, c’est l’acceptation de toutes les religions. La France en a une conception fermée alors que la loi de 1905 ne visait pas à exclure les religions. Aristide Briand, alors député de la Loire, dit bien à l’époque qu’il ne veut pas mettre un revolver sur la tempe de la religion catholique. Malgré cela, avec les années, on est peu à peu entré dans une laïcité de combat, surtout ces vingt dernières années avec la loi sur le port du voile et les signes religieux ostensibles. On sent qu’il y a une forme de radicalisation de la laïcité, et qui va crescendo.

Toujours dans une logique partenariale, la Faculté de Droit lançait la Clinique du Droit au mois d’octobre, avec le Barreau stéphanois et le Conseil départemental de l’accès au droit. Quel bilan en tirez-vous après deux mois d’existence ?

Un excellent bilan. C’est un gros succès. A tel point que nous avons eu tellement de demandes d’étudiants qu’il a fallu ouvrir de nouvelles plages horaires. C’est d’abord un gros succès pour les étudiants qui, comme nous le soupçonnions, n’allaient pas solliciter d’aide juridique, c’est une réussite d’avoir pu créer un guichet d’accès au droit pour ceux qui ne seraient pas allés vers la justice pour des problèmes avec le propriétaire de leur logement, par exemple. C’est aussi quelque chose de génial pour les étudiants en droit qui ont l’occasion de travailler aux côtés d’avocats qui sont venus et qui ont vraiment joué le jeu. C’est encore un partenariat gagnant-gagnant, et on est exactement dans ce que nous souhaitions faire.

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