Casino : forts de dégoût, verts d’amertume
Saint-Etienne est-elle maudite ? Il y a de quoi le penser au moment où SON Casino semble inéluctablement sombrer, la voie d’eau incontrôlable s’étant révélée hémorragie probablement fatale. Pas sans se battre côté salariés : hier matin, la mobilisation de l’intersyndicale a tenté le bloc uni pour toute une ville, tout un département, afin d’emmener la population avec elle dans les rues stéphanoises. Non sans émotions. Retour en photos.
Xavier Alix et Julie Tadduni
« Aaaaaaah… Mais c’est pour ça le stade ! ». Voilà un ado qui, hier soir, est allé se coucher un peu plus au fait de l’héritage façonnant son quotidien de Ligérien. Place Hôtel-de-Ville, le discours du porte-parole Unsa était très tourné vers l’Histoire de Casino, ses liens intimes avec le développement de Saint-Etienne, de la Loire. C’était hier le sujet et l’expression d’une révolte désespérée : l’appel à manifester de l’intersyndicale dimanche matin s’adressait à toute la population. De nombreux élus locaux, comme ils l’avaient souvent annoncé en fin de semaine étaient présents. Au milieu d’une foule de pancartes exprimant un humour noir d’amertume sinon un dégoût sans fard, leurs écharpes tricolores n’occultaient pas celles vertes portées délibérément, comme nous le confiait ce retraité venu spécialement de Feurs et qui n’a pourtant jamais travaillé au sein de Casino…
Prochaine échéance : ce mardi 19
2 000 personnes selon la préfecture, 4 000 selon les syndicats ont ainsi défilé dans les rues stéphanoise, le cortège partant du siège de Châteaucreux pour arriver place Hôtel-de-Ville. Palpable dans l’air, l’émotion a aussi fait irruption dans les discours, comme lorsque Nathalie Devienne, porte-parole FO a terminé son discours en pleurs. L’intersyndicale a écrit une lettre au génie de la finance, Jean-Claude Naouri, lui demandant des explications ainsi qu’une rencontre. Prochaines échéances : ce mardi 19 décembre, une réunion devant avoir lieu à Saint-Etienne, où des offres plus détaillées et définitives de « reprise » des magasins devraient être présentées. Avant une mobilisation au sein des entrepôts de la filiale logistique Easydis le 22, des magasins le 23. En attendant ces dates, ou encore la valeur de la proposition du descendant de Geoffroy Guichard, Xavier Kemlin, d’une absorption de la marque par Carrefour (il réclame aussi une enquête parlementaire), retour en photos sur la mobilisation d’hier.