Cette fois-ci via la Nupes, la gauche y va (encore presque) unie
Dans le cadre de la campagne des élections législatives (et devant la difficulté de traiter de manière globale l’ensemble des candidatures pour chaque circonscription de la Loire), la rédaction de If Saint-Étienne a fait le choix de se concentrer sur les cinq principaux courants/partis présents. Premier focus : la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes).

Les investitures Nupes (Nouvelle union populaire écologique et sociale) n’ont pas été digérées dans la Loire par certains acteurs des partis la composant. L’union reste historique mais imparfaite avec les dissidences du socialiste Pierrick Courbon dans la 1ère circonscription et celle de l’Insoumis Louis Caillon dans la 3e. A cette concurrence, peut s’ajouter le Parti radical de gauche (PRG) dans cinq des six circonscriptions et celle systématique de Lutte Ouvrière (LO)… Les investis de la Nupes, eux, ne veulent parler que de leur objectif : appliquer une « réelle » politique de gauche et écologiste « urgemment nécessaire ». Zoom sur leur point de vue dans ce premier volet sur la gauche.
« La gauche s’est donnée les moyens de gagner », clamait il y a un an Pierrick Courbon. L’élu d’opposition PS stéphanois parlait de l’union, dans la Loire, des partis de gauche aux élections départementales. Une Nupes avant l’heure version locale, dont il avait été l’un des candidats, protagoniste et héraut. Mais pour « la Loire en commun », le succès n’a pas été au rendez-vous avec seulement six sièges obtenus sur 42. Ce qui ne laisse en rien présager les résultats de la Nupes à ces législatives tant le contexte – type d’élections, dynamique nationale de ce mouvement d’union, abstention potentielle – diffère. Point commun en revanche avec le rassemblement de 2022 : il y a un an cette union était imparfaite avec, en particulier, cinq candidatures à part d’EELV (Europe Ecologie Les verts) ou encore deux autres du PRG (Parti radical de gauche).
Cette fois-ci, la dissidence vient du socialiste Pierrick Courbon dans la 1ère circonscription et de Louis Caillon dans la 3e. Se définissant « centre gauche » – vraie concurrence du coup ? – le PRG a décidé de partir en indépendant en présentant des candidats dans cinq des six circonscriptions. Nous reviendrons dans un autre article sur les arguments et points de vue ces « autres » candidatures de gauche hors Nupes (on peut y ajouter, par exemple, Lutte ouvrière) qui, forcément, devraient au minimum grappiller de précieuses voix à la Nupes, si ce n’est les priver de second tour : il faudra réaliser 12,5 % des inscrits et non des voix pour en être… La « concurrence » et les dissidences, les candidats de la Nupes n’ont, eux, pas envie d’en parler. Les journalistes présents à leur présentation générale le 18 mai à Saint-Etienne avaient été d’emblée froidement avertis à ce sujet…
Pour la Nupes l’important, ce n’est pas qui mais quoi
Mais fatalement, il a fini par s’inviter à table. En première ligne sur ce front-là, Laëtitia Copin, candidate EELV de la Nupes dans la 1ère circonscription qui devra faire face à la révolte de Pierrick Courbon, rappelait que ces investitures résultaient « d’accord nationaux. Et que la direction PS n’a pas souhaité, dans ce cadre, de circonscriptions dans la Loire. 1 700 personnes ont accepté de laisser « leur » place pour que cet accord aboutisse autour d’un programme commun négocié 13 jours et 13 nuits durant.» Bref, les candidats Nupes sélectionnés le martèlent : l’important, ce n’est pas qui mais quoi. A propos de fond, chaque candidat à la fonction de député titulaire a tenu, à tour de rôle, le 18 mai, à évoquer ses motivations en les inscrivant dans le contexte local de leur circonscription, arguant que leurs points communs battaient à plat de couture leurs différences.
L’enjeu, c’est soit les pleins pouvoirs à Macron et sa politique ultra libérale, soit on change le pays dans le bon sens.
Laëtitia Copin (EELV Nupes, 1ère circonscription)
« L’enjeu, c’est soit les pleins pouvoirs à Macron et sa politique ultra libérale, soit on change le pays dans le bon sens, résume Laëtitia Copin. Je me retrouve dans ce programme commun qui parle fraternité où mes convictions écologistes prennent place : le respect du monde vivant auquel nous appartenons, moins de pollution, moins de cancers, le droit à une énergie et une nourriture seine. Savez-vous que seulement 6 % de ce que nous mangeons à Saint-Etienne est local ? L’union porte tout ça. Les députés de la Nupes seront utiles pour répondre à l’urgence écologique et sociale. »
« L’exigence de gauche en décisions politiques »
Et Andrée Taurynia (LFI, 2e circonscription stéphanoise) d’enchaîner au regard de sa profession, sur l’éducation : « Elle fait partie des trois priorités du Président Macron. Il y a donc de quoi être très inquiet. Comme enseignant et comme citoyen. Sa politique sur l’éducation nationale illustre le saccage orchestré sur les services publics depuis cinq ans : effectifs surchargés avec, certes, les classes à 12 mais sans postes créés et donc le report d’effectifs ailleurs ! Avec des profs sous-payés, ce n’est pas prêt de s’arranger. Il n’y a plus assez de candidats. En ce qui concerne les étudiants, nous abrogerons Parcours sup et créerons une allocation d’autonomie : le Covid et les collectes alimentaires ont montré le drame qui se joue pour beaucoup. »
Vincent Bony (PC, 3e circonscription) estime, lui, que la situation politique n’a jamais été « aussi ouverte pour transformer l’exigence de gauche en décision politique. Nous avons l’occasion de reconstruire les services publics que notre nouvelle Première ministre a continué à casser, de réaliser une vraie transition énergétique, de créer un vrai développement économique en prenant soin de ne plus artificialiser mais de se concentrer sur la reprise des friches. J’en sais quelque chose, en tant qu’élu du Gier, vallée sacrifiée par les politiques économiques libérales. »
« Ce n’est pas une révolution que l’on propose mais d’appliquer droit »
Bernard Paemelaere (LFI, 4e circonscription)
Bernard Paemelaere (LFI, 4e circonscription) pointe le taux pauvreté qui mine le pays et un département de la Loire « deux points au-dessus de la moyenne nationale à ce sujet, atteignant les 20 % à Firminy, les 33 % à La Ricamarie. La Constitution donne le droit au travail comme un devoir et comme une obligation nationale de solidarité. Ce n’est pas une révolution que l’on propose mais le droit. Ce sont les inégalités qui sont la source de la délinquance dont nous souffrons. L’argent facile du capitalisme structuré doit cesser. » Candidat LFI dans la 5e circonscription, Ismaël Stevenson insiste sur la nécessité sociale et écologique de retrouver une souveraineté alimentaire passant par les circuits courts. Quand Marie-Paule Olive (LFI pour la 6e) décrit une ruralité et un monde périurbain abandonnés, où les services publics disparaissent tandis que « la misère montante se cache ».
« Un nouveau front populaire »
Bref, c’est un véritable « nouveau front populaire » qui, « on le sent sur le terrain, emporte clairement l’enthousiasme des électeurs de gauche », assure Andrée Taurinya faisant part de son émotion de participer à un mouvement « historique ». 650 mesures sont portées par ce Front populaire 2.0 qui les synthétise dans une vitrine composée d’une quinzaine d’idées. A commencer par le ralliement de chaque formation à l’idée des Insoumis d’une réforme de la Constitution pour créer une VIe République. Côté vert, « inscrire dans la Constitution la règle verte », « rehausser les ambitions climatiques de la France », « passer à une agriculture écologique et paysanne ».
Côté social, « bloquer et baisser les prix des produits de première nécessité », « porter immédiatement le Smic à 1 500 € net par mois » et « organiser une conférence sociale générale à Matignon sur les salaires ainsi que dans chaque branche ». Mais aussi « rétablir la retraite à 60 ans à taux plein avec 40 annuités de cotisation » ; instaurer « la gratuité des quantités d’eau et d’électricité indispensables à la vie digne » ; « un bouclier logement afin de limiter la part des revenus consacrée à se loger » ; « rembourser tous les soins prescrits à 100 % » ; « aller vers la gratuité des cantines scolaires ».
Les candidats Nupes, circonscription par circonscription
- 1ère circonscription (cantons nord-est et nord-ouest de Saint-Etienne)
Laëtitia Copin (EELV), cadre de l’Education nationale, 50 ans, « engagée politiquement depuis plus de 15 ans » et mère « d’un fils de 19 ans ». Bénévole dans des associations d’éducation populaire, dans des associations environnementales et dans des collectifs de citoyens.
Suppléant : Yannis Akouche, étudiant infirmier. « Fils d’ouvrier, j’habite un quartier populaire. Engagé dans le social pour les jeunes et les aînés, venant d’une famille nombreuse, je sais l’importance des services publics. »
- 2e circonscription (cantons sud et sud-est de Saint-Etienne)
Andrée Taurinya (LFI), enseignante dans un collège REP (Montchovet) où elle travaille depuis 1997, elle est l’une des principales animatrices des Insoumis dans la Loire, très impliquée dans la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon. Syndicaliste, elle se dit engagée « depuis 25 ans pour défendre le service public de l’éducation et le droit à la culture » mais aussi dans le « soutien aux familles exilées ». « Je serai une députée militante ».
Suppléant : Atmane Dahmani, retraité cuisinier et ex animateur socio-culturel. Ce militant à la CGT et à la France insoumise a fait partie de l’équipe technique à la Comédie de Saint-Etienne.
- 3e circonscription (cantons du Gier et de l’est stéphanois)
Vincent Bony (PCF), maire de Rive-de-Gier depuis 2020 après avoir été longtemps élu d’opposition. Marié, père de 2 enfants, 51 ans, Vincent Bony se dit « élu expérimenté et engagé depuis mes années étudiantes, j’ai toujours fait le choix de « l’humain d’abord ». Je connais le pouvoir de l’Assemblée Nationale pour avoir travaillé avec Mme la ministre de la jeunesse et des sports entre 1997 et 2002. »
Suppléante : Ramona Gonzalez-Grail (PS). Institutrice retraitée, élue au conseil municipal de La Talaudière en 2001, elle en est devenue maire en 2017. Cette fille d’un ouvrier de la métallurgie, est arrivée à Saint-Etienne à l’âge de 4 ans s’engage pour « défendre ces valeurs humanistes, sociales, environnementales et de proximité ».
- 4e circonscription (cantons du Pilat, du haut Forez et d’une partie du Forez)
Bernard Paemelaere (LFI) : Appelou âgé de 65 ans, habitant la Loire depuis 25 ans, après avoir vécu à Roubaix et dans l’Aisne, conseiller en mission locale, « je m’étais investi simultanément dans l’insertion par l’économie et les ateliers de pédagogie ». Ce qui l’avait amené à devenir en 2001 formateur en travail social puis responsable pédagogique des moniteurs éducateurs à l’Ireis (Enseis) à Firminy.
Suppléante : Marie Velly, cette habitante du Pilat (Maclas), 54 ans est originaire du Cantal. Elle est technicienne « dans un Institut de recherche publique portant sur les énergies et la mobilité ». Militante LFI, syndicaliste CGT, élue du personnel, elle avait été candidate aux Départementales en 2021 sur la liste Pilat Collectif Citoyen.
- 5e circonscription (cantons du Roannais)
Ismaël Stevenson (LFI) : Cet habitant d’Ambierle, 38 ans, est un universitaire, maître en Sciences juridiques et sociales et docteur en anthropologie. Ses travaux sont « essentiellement dirigés sur la précarité et vers les personnes en grandes difficultés sociales ». « Élu et porté par les militants », il veut « continuer la lutte pour une justice sociale et une transition écologique dans l’intérêt du plus grand nombre ».
Suppléante : Dominique Bouineau. Elle a été professeure documentaliste et assistante familiale (famille d’accueil) avant de devenir principale adjointe dans un collège public depuis 20 ans. Engagée en politique, à EELV d’abord puis dans l’Union Populaire lors de la présidentielle.
- 6e circonscription (cantons du Forez)
Marie-Paule Olive (LFI) : Militante engagée à LFI depuis 2017 active tant « aux côtés des syndicalistes qu’aux côtés des Gilets Jaunes », cette professeure retraitée dit lutter depuis ses 18 ans « pour plus de justice sociale et d’équité, toujours près des plus faibles ». Son implication s’associe « à une volonté farouche de changer ce système qui déshumanise la société, broie les gens sans empathie aucune ».
Suppléant : Lionel Jamon, comédien, intermittent du spectacle habitant la Loire depuis une vingtaine d’années. Après des années d’engagement dans de nombreuses luttes sociales ou écologiques, « je suis heureux de voir enfin poindre une ambition solide avec la création de la Nupes ».