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lundi 11 novembre 2024
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« On pourrait accepter beaucoup si on arrivait à vivre de notre travail »

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Ce jeudi 25 janvier, les agriculteurs de la Loire ont rejoint la mobilisation nationale qui dure depuis plusieurs jours. Depuis 5 heures ce matin, ils bloquent l’A72, à hauteur de La Fouillouse. Si Gabriel Attal doit réunir plusieurs ministres à Matignon ce matin, les principaux concernés ne se font guère d’illusions…

Agriculteurs
Depuis 5 heures ce matin, les agriculteurs bloquent l’A72 pour faire entendre leur colère. ©CVDG/ If Saint-Etienne.

« Tout ceci n’est plus supportable pour nos agriculteurs », souffle Jean-Luc Perrin, président de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) de la Loire. C’est un sentiment de ras-le-bol général qu’expriment les agriculteurs français depuis plusieurs jours, et qui se propage désormais un peu partout en France. Ce matin, dès 5 heures, un blocage de l’A72 était organisé par la FDSEA 42 et les Jeunes agriculteurs de la Loire, au niveau de l’échangeur de La Fouillouse, en solidarité avec le mouvement national. Normes étouffantes, revenus en baisse, manque de reconnaissance… ils réclament désormais des mesures à court, moyen et long terme.

Chronique d’un blocage annoncé

« Ça fait des mois qu’on fait remonter nos problématiques. Nous avons retourné les panneaux, mais il a fallu bloquer une partie du pays pour se faire un peu entendre. On le regrette profondément, poursuit Jean-Luc Perrin. L’idée est de continuer à mettre la pression tout en montant en intensité ». Désormais, ils attendent du concret de la part du gouvernement. « A commencer par la juste rémunération de nos produits ! On pourrait accepter beaucoup si on arrivait à vivre de notre travail. Pour ça, il faut construire un prix en marche avant, en prenant en compte le salaire de l’agriculteur, la quantité de travail qui a été nécessaire. Il n’y a que dans notre profession où c’est la distribution qui fixe les prix ». Pour lui, tandis que les charges continuent d’augmenter, on annonce que la distribution demande des baisses de prix. C’est pourquoi ils demandent la stricte application de la loi Egalim, censée protéger les revenus des agriculteurs.

« Tout le monde nous adule pendant le Covid, puis on nous montre du doigt en disant que l’on pollue »

Jean-Luc Perrin, président de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) de la Loire.

Normes sur normes sur normes…

« On marche sur la tête ! Il faut arrêter de faire venir des produits de l’autre bout de la planète, et qui n’ont pas à respecter les normes qu’on nous impose ! ». Jean-Luc Perrin évoque la stratégie européenne « Farm to fork » qui vise à réduire les émissions de CO2 en baissant la production. « Donc on va importer ! ».  Il explique aussi que les agriculteurs souffrent d’un manque de reconnaissance de leur métier. « Tout le monde nous adule pendant le Covid, puis on nous montre du doigt en disant que l’on pollue. Notre première vocation, c’est de nourrir les Français. Nous savons faire des produits sains, nous avons une des meilleures alimentations au monde ». Un autre sujet, et pas des moindres, agite la profession. Il s’agit de la superposition des normes. « Généralement, quand la déclinaison européenne tombe, la France surenchérie, pour être plus blanc que blanc comme disait Coluche ».

Une souveraineté alimentaire en péril

Des difficultés qui entraînent un désamour de la profession avec des exploitations qui ne trouvent pas de repreneurs. Nous évoquions le sujet dans un article de février 2023 qui rapportait que, selon la Draaf (Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt), en 2020, on comptait 4 056 exploitations dans le département contre 5 701 en 2010, 8 098 en 2000. Une tendance nationale avec un recul spectaculaire et dans toutes les « spécialités » (principale production) ou presque dans la Loire, de 2010 à 2020 : – 32 % d’exploitations laitières, – 21 % d’élevages bovins destinés à la viande, – 30 % de bovins mixtes, – 45 % d’élevages ovins/caprins, – 59 % de ceux porcins et/ou volailles, – 51 % d’exploitations fruitières. Seules les exploitations dites de grandes cultures (+ 9 %) et d’horticulture/maraîchage (+ 4 %) progressent. « 50 % des agriculteurs français ont plus de 50 ans ! Ce sera un gros défi de les remplacer et ça passera par une juste rémunération des produits et l’obtention de ces mesures ».

D’autres actions à venir ?

La fin du blocage est prévue en fin d’après-midi. Contrairement à ce qu’il se passe dans certains départements, l’action ne s’installera pas sur plusieurs jours de suite. « On n’est pas là pour embêter nos concitoyens, indique Jean-Luc Perrin. Et puis sinon on va épuiser nos forces et il faut être en capacité de se remobiliser car on n’attend pas des annonces qui régleront tout ce soir. Le fossé déborde et le gouvernement le vide à la petite cuillère… Nous, nous demandons juste à faire notre travail et à ce qu’on nous fasse confiance ». Des premières mesures devraient être annoncées par le Premier ministre ce vendredi.

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