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Chantage à la vidéo intime : Gaël Perdriau prend la parole

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Sans surprise, au commencement du conseil municipal de ce jour, l’affaire de chantage à la vidéo intime s’est une nouvelle fois invitée dans les débats. Cependant, dix-sept mois après les premières révélations de l’affaire par Mediapart, le maire de Saint-Etienne a souhaité prendre la parole… Dans Paris Match et donc en séance publique de l’assemblée communale.

Sans surprise, l’affaire s’est une nouvelle fois invitée au conseil municipal. ©JT/ If Saint-Etienne.

A 16 heures, l’ordre du jour n’avait toujours pas été abordé ce lundi 29 janvier, dans la salle Albert Lebrun de l’Hôtel de Ville. Avec une séance du conseil municipal prévue à 14 heures 30, c’est dire si l’affaire de chantage à la vidéo intime a fait l’objet de nombreux échanges entre majorité, opposition, mais aussi avec les dix élus de la majorité qui ont annoncé la création d’un nouveau groupe intitulé « Saint-Etienne Avant Tout » et présidé par Nicole Peycelon. « Nous tenons à bien réaffirmer que nous adhérons à tout ce qui a été fait depuis 2014, a rappelé l’élue. Il s’agit d’une décision motivée par les dernières mises en examen de monsieur le maire. Notre seul objectif est la défense de notre ville ».

Appel à démissionner

L’élu d’opposition Europe écologie les Verts, Olivier Longeon, s’est ensuite adressé à l’édile qui, selon lui, met la ville en grave danger. « Votre attitude plonge les Stéphanois dans de grands doutes. Si vous aimez notre ville, vous devez agir. En vous maintenant, cela nous positionne tous dans une situation équivoque. Il est temps que cette mascarade cesse », a-t-il lancé, avant, au nom des élus écologistes, d’inviter Gaël Perdriau à démissionner. De même, l’élue PS Isabelle Dumestre, présidente du groupe Saint-Etienne Demain, a pris la parole pour saluer l’initiative des dix élus du nouveau groupe. Elle a ensuite interpellé Christiane Jodar, adjointe chargée des affaires juridiques, a qui elle a demandé de se déporter, craignant un conflit d’intérêt.

Personne n’a jamais été drogué. Personne n’a jamais été alcoolisé. Personne n’a été contraint 

Gaël Perdriau, maire de Saint-Etienne.

Pierre Gauttieri s’invite au conseil municipal…

« Nous respectons la présomption d’innocence. Gaël Perdriau a le droit de rester maire. Mais ce n’est pas un totem d’immunité, a-t-elle poursuivi. Samy Kéfi-Jérôme a eu la dignité de renoncer à ses délégations. Faire de même ne serait pas un aveu de culpabilité ». Ensuite, Lionel Boucher, désormais opposant depuis plusieurs mois, puis Michel Nebout, élu communiste, ont également demandé des comptes au maire, lui rappelant ses récentes nouvelles mises en examen. Lionel Boucher a notamment cité un post Facebook de Pierre Gauttieri, pour le moins énigmatique, publié ce jour à 13 heures. « Il y a des années de cela, j’ai emprunté le mauvais escalier. Aujourd’hui, je reconnais mes erreurs dont j’accepte les conséquences, en revanche, je suis catégorique. Cet escalier, je n’étais pas le seul à l’emprunter, ni j’étais celui qui décidait de l’opportunité ou pas d’en gravir les marches ».

Une plainte pour violation du dossier d’instruction

Face à ses détracteurs, le maire de Saint-Etienne a décidé de prendre la parole. « Une mise en examen n’est pas une condamnation. Depuis le début de cette affaire, je me suis abstenu de prendre la parole. Je pensais que, comme tout le monde, j’avais le droit au respect de la présomption d’innocence. Je pensais qu’une telle affaire devait être instruite dans la sérénité. Je constate pourtant que chaque étape de la procédure me concernant est immédiatement rendue publique ». Le maire a tenu à rappeler l’actualité récente, celle qui avait des juges d’instruction « démentis » par les tribunaux (allusions à Dupond-Moretti). « Dans le monde de mes accusateurs, la présomption d’innocence n’existe pas. On doit accepter de se faire insulter et renoncer à ses droits parce qu’on est mis en examen ». Le premier magistrat de la ville s’est par ailleurs dit sans nouvelle de la plainte qu’il a déposée pour violation du dossier d’instruction auquel il estime que peu d’importance est donnée.

« Nous ne demandons rien d’autre que ce que vous demandiez à votre candidat »

Pierrick Courbon, élu municipal du groupe Saint-Etienne Demain.

Un élu au courant depuis 2018 ?

« Depuis le début, je me suis abstenu de prendre la parole pour donner un éclairage différent à la fable colportée depuis des mois, a poursuivi Gaël Perdriau. Personne n’a jamais été drogué. Personne n’a jamais été alcoolisé. Personne n’a été contraint. Dire le contraire, c’est mentir. La vidéo a-t-elle été tournée à l’insu d’un des participants ? De mon côté je n’ai pas pensé que c’était le cas ». Le maire évoque par ailleurs un élu au courant, depuis 2018, du chantage exercé sur Gilles Artigues. « Pourquoi ne pas l’avoir dénoncé à l’époque, surtout si les choses étaient si claires ? En a-t-il parlé ? Non ». Le maire a également nié en bloc les accusations de détournements de fonds, accusant certains élus, par intérêt, d’induire volontairement les enquêteurs en erreur. Au sujet de Gilles Artigues, le maire assure : « Il m’a enregistré sans que je le sache, pendant des années. On me sort toujours des extraits de phrases, recoupés, sortis de leur contexte. Il n’existe aucun chantage ». Au sujet de Pierre Gauttieri, le maire se dit compréhensif, imaginant que lui aussi, subit de violentes pressions.

« Suis-je coupable ? »

Lorsqu’Isabelle Dumestre a interpellé Gaël Perdriau, sur les nombreux hommes politiques, qui, depuis 1992, ont démissionné alors qu’ils étaient mis en examen, le maire lui a opposé une liste de maire PS mis en examen, et restés en fonction. « Dire qu’il y a d’autres mis en examen rendrait moins grave ce qu’il se passe à Saint-Etienne, a interrogé Pierrick Courbon, élu Saint-Etienne Demain. A l’époque, vous demandiez à François Fillon de se retirer au nom d’une certaine éthique. Nous ne demandons rien d’autre que ce que vous demandiez à votre candidat ». L’édile a directement lancé à Pierrick Courbon : « Monsieur Courbon, suis-je coupable ? ». Et l’opposant de répondre : « Je n’en ai aucune idée, ce n’est pas à moi d’en décider. Mais pour moi, il y a eu mensonge le 26 août quand vous avez nié avoir eu connaissance de la vidéo. Ce n’est pas du droit mais je considère que cela vous disqualifie ». Et le maire de conclure : « J’ai juste voulu protéger la vie privée de mon 1er adjoint ».

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