Saint-Etienne : bientôt des parcs et jardins sans tabac
Chaque année, 75 000 décès sont imputables au tabac en France. C’est notamment en partant de ce constat que la majorité propose aux élus municipaux de voter pour développer des espaces sans tabac dans l’ensemble des parcs et jardins de Saint-Etienne. Dans un premier temps, une dizaine sera concernée et la mesure prendra effet d’ici quelques semaines.
Nous avions fait le calcul au mois d’août 2022. Une estimation à partir de la population de Saint-Etienne, basée sur des ratios nationaux – 3,5 milliard de mégots balancés au sol en France -, avait permis à la rédaction de comprendre pourquoi sa municipalité évaluait à 20 millions le nombre de mégots jetés, eux, sur le sol stéphanois chaque année. Une pollution visuelle et environnementale puisqu’à lui seul, un mégot de cigarette peut contaminer jusqu’à 500 litres d’eau et met 10 ans à se dégrader dans la nature. Par ailleurs, « le tabac est l’ennemi public numéro un en matière de santé, rappelle Patrick Michaud, adjoint du maire chargé de la santé et du Plan cancer. Il est responsable de 75 000 décès chaque année, dont 45 000 par cancer ». C’est pourquoi, lors du Conseil municipal de ce jour, la Ville propose de déployer des espaces sans tabac, notamment dans les parcs et jardins, tout comme elle a décidé d’interdire de fumer sur la plage de Saint-Victor-sur-Loire depuis 2017.
Dénormaliser la cigarette
Une délibération qui concerne l’une des préconisations du Plan cancer puisqu’il ne s’agit pas ici uniquement de répression. « Il s’agit de préserver la santé des habitants, surtout des mineurs, avec pour objectif de diminuer l’initiation du tabagisme chez les jeunes et d’encourager l’arrêt du tabac, pointe Patrick Michaud. L’idée est de dénormaliser l’usage de la cigarette ». Dans un premier temps, et avant d’être étendu à l’ensemble des parcs, cette décision concernera le jardin du Château de Saint-Victor, le square Anatole France, le square Schoelcher, les jardins Maurice Combe et Michel Olagnier, ainsi que les squares Haubtman, Anne Frank, Jeanine Legat, ceux du Souvenir et du Père Marey. Une campagne d’installation de signalétique, estampillée Ville de Saint-Etienne et Ligue contre le cancer, sera menée dans les prochaines semaines afin d’en informer les usagers.
Sensibiliser davantage que verbaliser
« De la même manière que pour les autres interdictions, si quelqu’un ne la respecte pas, il pourra être verbalisé », a prévenu Gaël Perdriau, maire de Saint-Etienne, lors de la conférence de presse qui se déroule en amont du Conseil municipal. Patrick Michaud espère quant à lui, que cela aura davantage vocation à sensibiliser et assure qu’il ne s’agit pas de partir en guerre contre les fumeurs. « Ils ont évidemment le droit de fumer, mais il est nécessaire de protéger les plus jeunes ». Et de rappeler que le tabagisme passif tue une centaine de Français chaque année. Aussi, une enquête Ipsos de mars 2020 indique que 89 % de la population déclare qu’il est souhaitable que les personnes soient protégées de la fumée de cigarette dans les parcs et jardins publics. Dans le pays, on recense actuellement environ 3 000 espaces extérieurs sans tabac. Au même titre que pour les aires de jeux, l’infraction engendrera une amende de 38 euros.
Pas assez vite pour l’opposition
Laetitia Valentin, élue du groupe Saint-Etienne Demain, a regretté que la mesure ne concerne que dix parcs qu’elle ne considère pas comme étant des zones majeures. Aussi, l’élue déplore que l’initiative ne soit pas étendue aux abords des écoles, et aux équipements sportifs. Elle a jugé qu’il s’agissait là d’une opération de communication de la municipalité. L’élu EELV Olivier Longeon a lancé, quant à lui, la comparaison avec Lyon qui compte pas moins de 350 espaces sans tabac. Il a déclaré attendre davantage, notamment aux abords des écoles, dans les grands parcs, et a rappelé l’importance de la pollution relative à la voiture. Enfin, Pierrick Courbon, de Saint-Etienne Demain estime qu’« on ne peut pas s’enorgueillir de déclarer dix sites sans tabac alors qu’il en existe tant autour de nous ». Il a souligné que l’interdiction, déjà effective sur la plage de Saint-Victor, n’était pas respectée.