Saint-Étienne
lundi 29 avril 2024
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Conseil municipal de Saint-Etienne : une affaire d’échos

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Lundi, la séance de rentrée, la première de la saison 2023/2024, a été relativement calme par rapport à la plupart des épisodes de la précédente du feuilleton Mairie. Mais avec les lancers, entre autres, d’un Lionel Boucher désormais opposant, le boomerang de l’affaire du chantage présumé a forcément quelque peu plané sur la séance tandis que, dehors, en fin d’après-midi, le comité Défaite était fidèle à sa ligne au pied des marches de l’hôtel de ville.     

L’exécutif du conseil municipal compte un siège vide au premier rang à gauche, celui de l’ex adjoint UDI Lionel Boucher. ©If Media/Xavier Alix

Inévitable. L’éviction de l’adjoint UDI Lionel Boucher, proche de Gilles Artigues, de la majorité fin juin pour ses prises de parole 2022/23 allant fortement à l’encontre de son maire avait, une fois de plus, mis l’affaire de chantage présumé à la vidéo intime, au centre de longs échanges très « cashs » entre opposants, néo-opposant et membres de la majorité Gaël Perdriau. Une séance à la teneur et à l’atmosphère démentielles. Alors que la succession d’Hervé Reynaud à la présidence intérimaire de Saint-Etienne Métropole est apparemment tranchée (à voir ce que donneront les débats du prochain conseil communautaire demain), le conseil municipal faisait sa rentrée lundi, sans nouvelles parutions fracassantes de Mediapart ni autre écho ou nouvelles majeures sur l’affaire depuis la tournée médiatique de Gilles Artigues. Forcément, « l’affaire » s’est tout de même invitée dans la séance. Certes, plus discrètement, d’autres débats – gestion entre autres économiques et enquête sur la gouvernance financière de la Cité du design ou encore le principe des délégations de services publics sur les cantines et autres – sur lesquels nous essayerons de revenir ayant mobilisé les énergies.  

L’élue PS Isabelle Dumestre, présidente du groupe Saint-Etienne Demain a néanmoins d’emblée mis le sujet, la « situation de la Ville de Saint-Etienne » sur la table. Cela en pointant l’intense présence médiatique de Gaël Perdriau au niveau des dossiers relevant de la municipalité depuis la fin de l’été. Elle a ainsi, à nouveau, réclamé en début de séance l’organisation d’un referendum local pour que l’on entende directement l’avis des Stéphanois sur la légitimité du maintien en fonction de leur maire – « non sur l’aspect judiciaire. Mais nous, les élus et médias avons parlé ; eux, ce sont les seuls qui n’ont pas eu leur mot à dire » – à la suite des révélations de Médiapart et de l’enquête judiciaire en cours. Isabelle Dumestre estime que la collectivité et avec ses agents et usagers, est toujours en danger dans son fonctionnement et ses financements en raison de ce maintien. Proposition de consultation à nouveau refusée par Gaël Perdriau pour « la 3e fois, Mme Dumestre, cette question est infondée et hors sujet ».

« La question est nulle et non avenue »

Lionel Boucher a affiché avec satisfaction le fait de retrouver une place d’opposant entre l’écologiste Germain Collombet à sa droite et le jeune LR Antoine Poméon à sa gauche. ©If Media/Xavier Alix

Le maire considère que la (re) demande relève du pur calcul politique. « Je n’entends pas le même discours chez les Stéphanois. La question est nulle et non avenue. Cette expression des citoyens que vous réclamez existe, cela s’appelle les élections ». L’échange tournait court, Gaël Perdriau refusant son développement pour passer à l’ordre du jour officiel. Plus tard, c’est Lionel Boucher assis désormais dans les rangs des opposants (à côté du… LR Antoine Poméon) face à l’exécutif auquel il a appartenu jusqu’au 26 juin dernier qui a pris le relais. Pour manifester à plusieurs reprises son nouveau statut et envoyer quelques piqûres de rappel sur son cas personnel en lien avec sa position sur « l’affaire ». L’ancien adjoint a profité d’une délibération désignant les représentants de la Ville au conseil d’administration de l’EPCC Cité du design et dont il est du coup écarté aussi pour revenir sur l’affaire, tout « réjoui » qu’il est de rejoindre l’opposition.

Je pourrai mettre en avant vos manquements car je me suis trompé : vous n’êtes pas la bonne personne au bon endroit.

Lionel Boucher, néo opposant

« Cette décision inique où un maire sous contrôle judiciaire se permet de jouer sa police d’assemblée pour sanctionner un adjoint me redonne goût au conseil municipal. Je me lassais de ces conseils passés à écouter la litanie de vos mots que vous assenez souvent avec agressivité, pour être craint et ainsi cacher vos faiblesses avec des mots que vous n’avez ni écrit, ni pensé. Vous m’avez rendu la liberté et la parole. Je n’entends pas changer d’idée sur le plan de mandat (…). » Mais, maintenant, « je pourrai mettre en avant vos manquements car je me suis trompé : vous n’êtes pas la bonne personne au bon endroit. Dans 33 mois, au plus tard, vous ne serez plus maire. Vous avez décidé de me retirer du CA de la Cité du design : cette institution, je l’ai connue bien avant vous, dès 1998 aux côtés de ceux qui l’ont porté sur les fonts baptismaux (…). Puis, j’ai œuvré avec Martine Fontanille à la première Biennale, tout cela bien avant que vos insultes envers ses financeurs la Région, l’Etat ne la mettent en danger. J’ai confiance envers Eric Jourdan, son nouveau directeur mais sommes tous extrêmement inquiets pour l’avenir de cette institution. »

Autres angles d’attaque/défense

Pas d’autre réponse qu’un flegme muet de la part du maire, du moins sur ces propos-là. Nouvelle tentative à l’occasion des délibérations suivantes, objet d’une autre éviction pour Lionel Boucher, celle de sa représentation en tant qu’élu au conseil de quartier n°7, La Terrasse / Bergson / Bel Air / Momey / Le Golf. Il est remplacé par Charles Dallara. L’occasion pour l’opposant UDI de faire un peu d’autobiographie (il est né dans ce quartier, a grandi à Bergson, vit maintenant à Montaud)… Avant de clamer que le rétrécissement des conseils de quartiers cache la peur de leur compte rendu dans Le Progrès : « Vous abimez l’idée même de la relation avec les habitants, en choisissant vos locuteurs ». Et Lionel Boucher d’énumérer ses propositions et remontées – voie unique pour les voitures de Bergson, sécurité place Arnaud-Beltrame, dégradations, restaurant rapide dans une copropriété – laissées lettre morte, considère-t-il, seulement parce que cela serait venu de lui…

C’est systématique depuis un an : le Comité Défaite était de la partie devant les marches de la mairie, cette fois pour improviser « un match de rugby populaire » anti Perdriau. ©If Media/Xavier Alix

Défendant le bilan et la logique de composition des conseils de quartiers (car interrogées aussi par Isabelle Dumestre), Gaël Perdriau faisait à peine allusion à l’attaque dans sa réponse. Nouvelle offensive de Lionel Boucher un peu plus tard à l’occasion d’une délibération sur le commerce : l’état des enseignes en centre-ville et les pas de porte vides inquiètent l’ex adjoint de la majorité. Et nouvelle levée de bouclier sur sa politique globale par Gaël Perdriau qui pour le coup, là plus personnellement, reconnait un peu de « défaillance », malgré les investissements, sur le rôle d’animation de la mairie pour dynamiser le centre… Rare aveu d’échec faisant en fait allusion à la délégation de Lionel Boucher à ce sujet qui lui a été retirée. On en venait ensuite au manque de délicatesse, selon ce dernier, de la part de la mairie vis-à-vis de bars ayant animé un peu trop fortement des soirées de Coupe du monde de rugby.

Un angle d’attaque qui était aussi le choix du Comité Défaite. Comme systématiquement depuis un an, le collectif habillait sa demande de démission de Gaël Perdriau, en organisant une animation humoristique et revendicative au pied de l’hôtel de ville. Une centaine de personnes environ vers 18 h 30 participait ou assistait à son match de rugby populaire lancé par un inédit « haka cab ».

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