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lundi 29 avril 2024
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Barbouzage envers Michel Thiollière : un nouveau scandale à Saint-Etienne ?

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Ce dimanche 1er octobre, Mediapart est revenu avec de nouvelles révélations fracassantes concernant la mairie de Saint-Etienne. On y découvre un échange entre Pierre Gauttieri, ancien directeur de cabinet du maire actuel, et Gilles Rossary-Lenglet, au sujet d’un piège qu’ils envisagent de fomenter contre l’ancien maire de la Ville, Michel Thiollière…

Gilles Rossary-Lenglet au micro de Mediapart, au mois de septembre 2022.

Bis repetita ? Au mois d’avril dernier, Mediapart publiait les extraits des interrogatoires issus des gardes à vue des différents protagonistes de l’affaire de chantage présumé à la vidéo intime qui secoue Saint-Etienne. Gilles Rossary-Lenglet avait déclaré aux enquêteurs qu’un nouveau piège, finalement avorté, se tramait contre l’ancien maire de la Ville de 1994 à 2008, Michel Thiollère. Des propos que nous avait confirmés le communicant, et sur lesquels nous avions interrogé l’ex-édile. « Si ce projet sur moi est exact, je ne vois pas quel conflit le justifierait ou alors cela relève d’un ressort pathologique autour de méthodes que l’on peut qualifier d’infantiles. On n’a jamais été à ce niveau-là à Saint-Etienne même si les échanges ont pu être violents dans le passé entre « alliés », entre Durafour et Neuwirth par exemple », avait-il notamment déclaré. Or, selon un nouvel article de Mediapart, publié ce dimanche 1er octobre, les contours de ce guet-apens se précisent…

Vidéos à l’appui

En effet, le journal a accompagné son article d’extraits de vidéos dans lesquelles Gilles Rossary-Lenglet et Pierre Gauttieri, alors directeur de cabinet du maire de Saint-Etienne, ont un échange pour le moins abject. Il est en effet question de piéger Michel Thiollière en lui « mettant une prostituée mineure dans les pattes » et en filmant la scène avec deux caméras. Une jeune fille qui soit âgée de « 16 ans et demi, et non pas 17 », qui serait moins scandaleux, selon les deux protagonistes. Dans cet échange, le directeur de cabinet s’inquiète, non pas du caractère choquant du plan qu’il échafaude, mais que la jeune fille en question puisse balancer le nom des commanditaires… Il interroge alors son interlocuteur : « La gamine, c’est quoi ? Est-ce que c’est une Française ? Est-ce que c’est une Roumaine ? Ou une Bulgare ? Qu’on peut ré-exfiltrer ailleurs, et que plus personne n’entende parler d’elle », et celui-ci répond par l’affirmative, sans sourciller, en lui ayant proposé auparavant de choisir « une gamine qui ne comprenne rien ». Un des extraits montre le directeur de cabinet réceptionner la clé USB sur laquelle se trouve la vidéo de Gilles Artigues.

« Mais on est quand même d’accord toi et moi, que, quand ça va sortir, il se peut qu’il se suicide »

Gilles Rossary-Lenglet à Pierre Gauttieri dans l’une des vidéos publiée ce dimanche par Mediapart.

Des propos violents

Dans l’une des vidéos, le communicant met en garde le directeur de cabinet, concernant une possible réaction de Michel Thiollière. « Mais on est quand même d’accord toi et moi, que, quand ça va sortir, il se peut qu’il se suicide ». Pierre Gauttieri plussoie, avant que son interlocuteur poursuive : « On est d’accord aussi que… comment dirais-je ? On s’en branle ». Et le directeur de cabinet d’enchaîner par un : « Ah oui ! ». Une opération qui aurait été abandonnée puisque Michel Thiollière n’était finalement plus considéré comme une menace. Selon Mediapart, les deux vidéos où l’on voit les hommes s’entretenir ont été tournées dans le bureau de Pierre Gauttieri. Rappelons que Gilles Rossary-Lenglet avait déclaré, en lançant l’affaire concernant Gilles Artigues, vouloir dénoncer l’homophobie latente à la mairie de Saint-Etienne. Quid de la prostitution de mineurs ?

L’opposition appelle à la démission

Dans un communiqué de presse envoyé aux rédactions, le groupe Saint-Etienne Demain a réagi à la publication de l’article de Mediapart. « Après le 1er adjoint Gilles Artigues, le président de Région Laurent Wauquiez, nous découvrons maintenant avec stupeur que c’est Michel Thiollière qui a été pris pour cible. Nous assistons, dans une première vidéo, à la construction d’un deuxième kompromat, qui aurait cette fois impliqué l’ancien maire avec une jeune fille mineure. Le procédé reste le même : salir un allié en lui prêtant une affaire de mœurs, dans le seul but de le neutraliser et de permettre à Gaël Perdriau de régner sans partage sur Saint-Étienne. Ce faisant, ils jouent avec des vies humaines, comme s’ils étaient de simples pions : hier l’escort boy, aujourd’hui une jeune fille de 16 ans qu’il conviendra de « déplacer » quand on n’aura plus besoin d’elle. C’est même en conscience qu’ils anticipent l’impact mortifère de leurs manœuvres sur leurs victimes, pourtant le risque de les pousser au suicide ne les arrête pas une seconde. La seconde vidéo est tout aussi édifiante : où y voit Pierre Gauttieri recevoir la clé USB contenant le montage qui servira à faire chanter Gilles Artigues pendant plusieurs années et détailler ses échanges avec Gaël Perdriau sur la meilleure manière de s’en servir. Elle bat donc en brèche les démentis successifs de Gaël Perdriau, mais confirme par contre ses propos de 2017, lorsqu’il annonçait à son premier adjoint qu’« On m’a remis une clé USB où on voyait effectivement tout ce qu’il y a à voir ». L’avenir nous réserve-t-il d’autres de ces abjectes surprises ? C’est à craindre puisque sur la seconde vidéo, le directeur de cabinet du maire affirme que des « cadeaux » de ce type : « y en a encore chez [lui] »… Comme nous l’avons dit depuis le début, l’affaire impliquant Gilles Artigues n’était bien que la partie émergée d’un système plus global de manipulation perverse et de chantage odieux. Gaël Perdriau ne peut en aucun cas se prétendre étranger à ce système, comme en témoignent les propos de son ex-directeur de cabinet. Saint-Étienne ne peut pas vivre plus longtemps au rythme de ces révélations consternantes. L’image de notre ville est déjà suffisamment abîmée et notre collectivité en paye chaque jour un peu plus les conséquences. Pour en sortir, il faut que Gaël Perdriau renonce enfin à ses fonctions de maire, comme il l’a fait à la Métropole. De notre côté, nous voulons donner la parole aux Stéphanois qui ont été cantonnés depuis le début au rôle de simples spectateurs, afin qu’ils puissent reprendre en main l’honneur de leur ville ».

Les élus du groupe communiste ont également réagi. Pour eux, « ça suffit ! C’est avec consternation que nous avons pris connaissance du dernier article de Médiapart sur les dérives du clan Perdriau. C’est un scandale de plus qui continue à salir la ville et les Stéphanois.e.s. Ces chantages, ou préparation de chantage, faits autour des sexualités des gens qui
« gêneraient » sont insupportables. Encore une fois, ces révélations semblent indiquer qu’un mode de fonctionnement de type mafieux régnait (ou règne encore?) à la mairie de Saint Etienne. Monsieur Perdriau, ayez le courage politique du chef que vous auriez voulu être : partez, démissionnez. Nous vous rappelons que la présomption d’innocence n’est pas synonyme d’impunité. Les leçons que vous et votre majorité donnez, notamment, durant les conseils municipaux
sont honteuses. Aujourd’hui, comme il y a un an, nous vous demandons de démissionner de tous vos mandats si vous comprenez le sens des mots éthique politique
 ».

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