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42 jours de baignade interdite à Saint-Victor-sur-Loire : le record de 2017 est battu

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Le nombre de jours de fermeture de baignade enregistrés à ce jour – mardi 29 août – à la base nautique de Saint-Victor-sur-Loire en cet été 2023 a dépassé les 40 de 2017. Plus que connu, le phénomène estival de développement des cyanobactéries est habituel. Il a sans doute connu des conditions météo préalables aux températures le favorisant particulièrement cet été. Mais c’est aussi une question de seuils sanitaires réglementaires qui se sont durcis.

La plage de Saint-Victor-sur-Loire. ©Ville de Saint-Etienne / Jérôme Abou

C’est une année noire, enfin hélas plutôt verte-bleue, pour la baignade sur la retenue du barrage de Grangent et pas seulement Saint-Victor-sur-Loire, territoire de la Ville de Saint-Etienne. Mais jamais la pollution aux cyanobactéries, problématique environnementale inhérente à chaque été, plus ample quand les conditions météo lui sont favorables, n’avait provoqué autant de jours de fermeture que cet été 2023 à la base nautique stéphanoise. En 2022, le nombre de jours de fermeture – décision prise par arrêté municipal après consignes de l’ARS selon les analyses payées par la Ville – avait été de l’ordre d’une trentaine. Cela après une première partie d’été très, très chaude, donc favorable au phénomène d’eutrophisation, avant heureusement une suite plus douce par la suite. Lors de l’opus 2021, dont la clémence en termes de température risque de se faire rare, une quinzaine avait été cumulée sur environ 90 potentiels d’ouverture de mi-juin à mi-septembre.

Les étés 2018, 2019 et 2020 avaient, eux, vu le mercure s’affoler bien davantage sans que ne soit pour autant dépassé un total de 20 jours d’interdiction de baignade dans le pire des cas. Il faut remonter à 2017 pour trouver le record absolu du nombre de jours de fermeture par arrêtés de la baignade, soit 40 nous informe la Ville de Saint-Etienne. Record battu depuis lundi : cet été 2023, avec trois épisodes jusqu’ici, c’est-à-dire du 7 au 27 juillet puis du 4 au 17 août pour ceux achevés et un troisième en cours depuis le 23 août, on en était ce mardi 29 août à 42 jours d’interdiction de faire trempette. Interdiction aussi de consommer depuis mi-juillet des poissons pêchés sur l’étendue… Ce qui relève là de la préfecture de la Loire. Cet été qui s’achève aura d’ailleurs été particulièrement marquant en raison de l’interdiction par l’Etat à plusieurs reprises à Grangent (comme à Villerest dans le Roannais, touchée aussi par les cyanobactéries) de la pratique des activités nautiques et de la navigation. Sauf exception dont les croisières ou encore les embarcations de riverains et de sécurité, c’est encore à nouveau le cas depuis lundi.  

Jamais aussi grave ?

Faut-il en déduire que la situation n’avait jamais été aussi grave ? Possible oui mais pas certain. Même si l’enchaînement des étés brûlants augmente fatalement la probabilité et l’intensité du phénomène, il semble surtout, que l’on ne s’en soit jamais autant préoccupé. D’une part, ces nappes bleu lagon – jamais ? – vues les 15-16 juillet à Saint-Victor (puis parties aller se promener ailleurs) et donnant lieu à des résultats d’analyse catastrophiques de concentration de toxines « catastrophiques »de 500 à 1 000 % au-dessus des seuils actuels d’autorisation de baignade (alors déjà interdite) – déclenchant les interdictions d’activités nautiques ont très bien pu être ignorées dans le passé. Cela sur l’ensemble de la retenue d’ailleurs et pas seulement en zone de baignade ou à leur proximité. Là où s’effectuent exclusivement selon la Ville les prélèvements d’analyse décidant de tout. D’autre part, ces mêmes seuils sanitaires ont été relevés dans la décennie 2010 avant donc le record de fermeture de 2017.

Toute tentative d’amélioration aura un coût très conséquent. 

Charles Dallara, adjoint à la Ville de Saint-Etienne

Puis « la réglementation s’est à nouveau durcie en 2021 avec un début d’application en 2022 et pleinement en 2023, rappelle Charles Dallara, adjoint à la Ville de Saint-Etienne chargé, entre autres, de la base de Saint-Victor. Sur les seuils mais aussi sur la surveillance de six toxines contre trois auparavant. » Certes, les circonstances météo de 2023 ont été apparemment encore plus favorables à cette pollution : au-delà des seules températures (2022 était pas mal dans son genre aussi), préfecture de la Loire et Ville de Saint-Etienne ont évoqué comme explication l’intensité des pluies de mai et juin derniers et donc le ruissèlement exceptionnel allant avec et tout ce que cela charrie depuis les champs en hauteur… Mais l’élu stéphanois estime qu’il est très probable que l’on ait vécu des épisodes de pollutions intenses dans les décennies précédentes sans que l’on s’en inquiète alors autant. Comme en 2003 par exemple.        

Quelle viabilité pour l’activité touristique ?

Reste que cela pose la question de la viabilité même d’une grande partie des activités touristiques sur place. « Faut-il créer un bassin de baignade séparé par une digue avec de l’eau traitée ?, s’interroge Charles Dallara. On n’en est bien sûr pas là et ce serait évidemment une option de toute façon très coûteuse. Toute tentative d’amélioration aura un coût très conséquent. » Et à ce sujet les planètes ne sont pas vraiment alignées… La, les solutions, de toute façon, ne pourront pas venir de la seule Ville de Saint-Etienne (peut-être des chercheurs de Jean-Monnet ?) qui d’ailleurs estime que son système de six plateformes à ultrasons (100 000 € investis) chargées de faire exploser au moins une partie des fameuses cyanobactéries et pérennisé depuis 2020 a malgré tout eu des résultats. En particulier dans la diminution des jours de fermeture de 2018 à 2021 par rapport à 2017 dont le bilan serait probablement plus terrible encore s’il avait été soumis à la réglementation actuelle… Alors, au-delà du constat, que faire de plus ?

« Des propositions, j’en faisais dans mon mémoire. A l’époque, les autorités n’ont même pas daigné les examiner », s’énervait Alain Bonard en 2021, interrogé par If Saint-Etienne. Membre de France Nature Environnement (FNE), cet ancien ingénieur de la municipalité stéphanoise spécialisé dans l’assainissement avait rédigé en 2011 Pour une qualité des eaux retrouvée dans le barrage de Grangent et le fleuve Loire estimant que la retenue d’EDF favorise particulièrement le développement des cyanobactéries en raison d’une conception surannée qui retient trop les sédiments d’hier et même d’aujourd’hui pollués par l’activité humaine. « Je ne dis pas qu’il faut détruire le barrage, je me baigne volontiers dans le plan d’eau quand l’eau est de qualité. Ce qu’il faut, c’est nettoyer la retenue en profondeur et s’assurer en amont que les stations d’épuration fonctionnent parfaitement. Ce qui réclamerait évidemment un gigantesque travail et de gros sacrifices financiers. Mais quand on parle de soigner l’environnement, il faut savoir ce que l’on veut…» Un vrai problème de fonds.

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