Saint-Étienne
dimanche 28 avril 2024
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Avec de la paille et en pisé, La Talaudière inaugure une école « unique » en France

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A la suite de propositions d’enseignants et d’une consultation de la population, l’école élémentaire opérationnelle depuis la rentrée se nomme Violette-Maurice, du nom de la résistante stéphanoise fondatrice de la Licra dans la Loire. Son originalité locale, voire nationale, réside dans une toiture faite de caissons en bois et paille et surtout des murs, y compris ceux porteurs en… pisé.

Des murs porteurs en pisé, ce n’est pas rare, c’est unique dans la Loire, assure la mairie. Photo transmise par la municipalité de La Talaudière.

« Oui, c’est un pari », synthétise la maire Ramona Gonzalez-Grail. Un pari car un peu plus cher à la base. Sur 5,3 M€ d’investissement TTC, le surcoût s’évalue à plusieurs centaines de milliers d’euros. Mais d’ici une dizaine d’années, la commune de La Talaudière devrait largement s’y retrouver en coût de fonctionnement avec un bâtiment de 1 200 m2 neufs écologiques recouverts d’autant de mètres carrés de panneaux photovoltaïques. « Cela représente une production annuelle de 270 000 kWh, permettant à la fois une auto-suffisance totale de l’école et une alimentation d’un tiers des bâtiments municipaux. Ce niveau d’auto-consommation collective est unique dans la Loire », assure la municipalité. D’autant que l’école est chauffée par le nouveau réseau de chaleur de 3 km – qui, lui, relève de Saint-Etienne Métropole – en cours d’installation avec une chaufferie collective alimentée à 90 % par des déchets de bois.

Unique dans la Loire

Le bois a été utilisé pour la structure de cette nouvelle école installée ex-nihilo sur un terrain qui appartenait à la commune, dans le quartier de la Goutte, à l’entrée sud de la commune, « avec de grandes parois de verre en triple vitrage, pour donner au bâtiment un maximum de lumière et de chaleur naturelle ». La toiture est, elle faite « de caissons en bois et paille, cette dernière étant un excellent isolant ». Il y a, enfin, le plus original : tous les murs, y compris porteurs, ont été réalisés en pisé. Un mode de construction en terre crue particulièrement présent dans le Dauphiné, en Nord Isère mais pas non plus étranger à la Loire dans le passé. Selon la municipalité encore, « cette école est à ce titre unique dans la Loire, et très peu en France ont fait ce choix ». Sur l’entretien de la structure à long terme, Ramona Gonzalez-Grail précise : « Nous nous sommes bien sûr renseignés pour avoir toutes les garanties à ce niveau. Nous avions un cahier des charges très écologique mais la proposition des architectes retenus (la maîtrise d’œuvre) allait plus loin et nous a séduit. »

© Copyright 2022 / Gallet Architectes

Violette Maurice

Le besoin criant de remplacer l’école Victor-Hugo attenante à l’Hôtel de ville ne date pas d’hier mais du milieu des années 2010, à l’époque de feu Pascal Garrido, prédécesseur de Ramona Gonzalez-Grail. Énergivores, peu confortables, en R+2 peu accessibles côtés salles de classes, ses bâtiments des années 60 ont fait l’objet d’une longue réflexion : rénovation, déconstruction, changement de fonction. C’est la dernière option qui a finalement été retenue, jugée plus perspicace, y compris financièrement. La municipalité ayant résisté aux nombreuses sollicitations d’investissements immobiliers résidentiels, une maison médicale et un « pôle artistique » doivent y prendre place d’ici 2026. A la faveur de certaines démolitions cependant, le parking existant sera, lui, agrandi, le tout avec une végétalisation accrue. A l’autre bout de la commune, depuis la rentrée dernière, sept classes élémentaires ont été installées dans la nouvelle école remplaçante baptisée Violette-Maurice. Si la Loire comme la France ne sont pas à un Victor-Hugo près, les appellations féminines de bâtiments publiques ou de voirie davantage.

Écoquartier en devenir

Dix propositions de noms de femmes venant des enseignantes elles-mêmes ont été soumises à la population. Et c’est donc la résistante stéphanoise derrière l’implantation de la Licra dans la Loire qui l’a emportée, en final, devant la chanteuse Anne Sylvestre. L’aboutissement d’études lancées en 2019 pour déterminer ce qui était le plus opportun puis d’un concours d’architectes en 2020 pour des travaux lancés à la fin du printemps 2022. L’école Maurice-Violette compte 155 enfants scolarisés et a la possibilité d’ouvrir trois classes supplémentaires si besoin. Ce qui pourrait être le cas puisqu’il s’agit de la première pierre d’un écoquartier en devenir dans cette partie de la ville. L’investissement a été appuyé par Saint-Etienne Métropole avec l’accord d’1,8 M€ de financements (50 % des travaux en soi) mais aussi de 300 000 € par l’Etat (au titre de la DETR) et de 50 000 € par la Région en raison du recours à la filière bois local. 

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