Métallurgie : l’extension du CFAI dans l’ex Forum du Technopôle ouvrira à partir de 2024
C’est l’une de « ses raisons d’être ». L’UIMM (Union des industries et métiers de la métallurgie) Loire a pour mission d’assurer les besoins en formation de main d’œuvre de ses 1 216 entreprises membres*. Confrontée à une pénurie criante qui s’accentue, la fédération patronale de la métallurgie va lancer des travaux d’extension de son CFAI, aux capacités d’accueil insuffisantes. Une extension ou plutôt la création d’une annexe, en reconvertissant le Forum du Technopôle à Saint-Etienne, pour 15 M€.
Il cochait toutes les cases. Sa disponibilité pour commencer. Mais aussi pour le bâtiment en soi : sa superficie, sa configuration, son potentiel « vitrine » du Forum rue des Aciéries. S’y ajoutent sa proximité avec les locaux principaux du CFAI et enfin, son accessibilité transport en modes doux et même davantage de places de parking dans les environs grâce à la présence du Zénith, quasiment en face. Comme l’illustre la difficulté d’y faire stationner sa voiture boulevard L’Etivallière, le Centre de Formation des apprentis de l’Industrie (CFAI) de l’UIMM est plus qu’à l’étroit dans ses murs. Ici, au sein de la « Cité des entreprises » de Saint-Etienne, plus de 900 jeunes les fréquentent actuellement, sinon chez des partenaires. Pas tous en même temps : par définition, ils passent une grande partie de leur cursus en entreprise. Plus de 160 autres se forment, eux aussi, au divers métiers de la branche à Mably.
S’y ajoute un troisième centre, ouvert en partenariat avec les organisations de la Drôme et de l’Ardèche, il y a 3 ans à Valence qui, partenaires compris, dépasse déjà les 400 apprentis. Le « Pôle Formation Loire Drôme Ardèche » (PF LDA) de l’UIMM totalisait ainsi 1458 « alternants » (essentiellement des apprentis) à la rentrée 2022, + 5,8 % en un an. Il en pronostique 1 550 en 2023/24 contre… 512 en 2005 ! Il faut compter, enfin, à Saint-Etienne les salariés en formation continue de son « AFPI » : jusqu’à une centaine de personnes supplémentaires en même temps dans le murs de la Cité des entreprises. Confrontées à un manque de main d’œuvre qui tourne à la problématique structurelle, les entreprises de l’UIMM cherchent toujours plus à recruter qu’il s’agisse de pallier les départs à la retraite ou d’assurer une croissance réelle d’activité. Besoins pas évident à satisfaire encore accentués en 2022 (nous y reviendrons dans un autre article). Et s’il faut séduire toujours plus de candidats, encore faut-il pouvoir accueillir ceux à former.
Envisagé comme une vitrine technologique
Or, à Saint-Etienne, l’UIMM est déjà contrainte de louer des locaux ici et là dans les environs de la Cité des entreprises, pour assurer ses cours. Déjà évoqué lors des deux précédents points annuels de conjoncture, le projet de rachat, reconversion et reconfiguration du bâtiment Forum au Technopôle a été davantage détaillé la semaine passée. Rappelant que dans le cadre « d’une demande nationale » (une pression législative poussant à la mutualisation de la formation entre unions départementales de la métallurgie), André Bonnavion, président du Pôle Formation Loire Drôme Ardèche, la priorité avait été donnée à la création du site de Valence, a confirmé que c’était désormais le tour de Saint-Etienne d’accueillir de nouveaux mètres carrés dévolus à l’enseignement et… un peu plus que cela. « Nous avons opté pour le Forum du Technopôle à proximité, en vente depuis 2020. Un bâtiment qui date des années 1990 et qui avait à l’origine une vocation industrielle avant d’être utilisé par la restauration collective. Casino en a été un temps l’opérateur louer par exemple. »
Au-delà d’un nouveau lieu d’apprentissage, en particulier consacré aux équipements de pointe, « nous l’envisageons comme une vitrine des avancées technologiques de notre secteur, en particulier autour de la robotique, poursuit André Bonnavion. Nous allons profondément remanier les lieux avec une partie qui sera détruite, d’autres reconstruites mais la galerie vitrée donnant sur la rue des Aciéries si elle sera revue, sera conservée dans cet objectif. » L’investissement permettra, entre autres, de créer deux niveaux et de passer à un total de 5 680 m2 utiles avec l’objectif, naturellement, qu’il soit énergétiquement le plus vertueux possible. Cet investissement s’élève, matériel compris, à 15 M€ et non plus 10 M€ comme dit il y a un an. Pas seulement en raison de l’inflation, précise l’UIMM interrogée par If à ce sujet. Aussi parce que le projet a tout simplement pris de l’ampleur : « On est plus ambitieux qu’initialement ».
Objectif 2 000 apprentis formés par an en 2028
Il faut dire, aussi, qu’il a obtenu des financements extérieurs : de la part de la Région pour 6 M€ et de l’OPCO 2i, organisme collecteur de fond destinés à la formation, pour 5 M€. Objectif rentrée 2024 pour une ouverture partielle (les ateliers notamment) puis celle suivante pour l’ensemble du bâtiment. La première réunion de chantier a eu lieu le 22 mai. Le lancement des travaux dont le permis a été accordé en novembre par la Ville est fixé au 12 juin. De quoi augmenter considérablement les capacités physiques d’accueil sur Saint-Etienne – presque le double – contribuant ainsi de manière décisive avec une feuille de route globale (tous sites de formation confondus, Roanne et Valence compris) du Pôle formation Loire Drôme Ardèche visant à atteindre 2 000 apprentis formés chaque année d’ici 5 ans. « Les marchés de reconfiguration du forum ont été à 100 % attribués à des entreprises de notre territoire, donc de la Loire ou de la Haute-Loire », tient à préciser Philippe Rascle, président de l’UIMM.
« Ces lieux, ajoute-t-il, seront très tournés vers les nouvelles technologies, y compris sur les métiers de demain, que l’on pressent, liés aux besoins exprimés par nos adhérents mais qui ne sont pas encore dans nos usines. » L’enjeu dépasse la Loire qui espère avoir une belle carte à jouer. Car « depuis 2 ans, le directeur de notre pôle formation est membre du conseil opérationnel d’un dispositif de regroupement national de nos organisations. Imaginer par exemple que Safran avec ses 47 usines soit en quête de lieux de formations autour d’une nouvelle technologie. Il s’agit de lui donner un guichet unique plutôt que le groupe sonde 47 UIMM…» Il faudra recruter d’ici quelques dizaines de personnes – permanents ou intervenants ponctuels – au sein du Pôle Formation LDA qui compte actuellement environ 80 équivalents temps plein. Toujours au niveau de la formation, une fois le projet stéphanois concrétisé, ce sont les locaux roannais qui devraient s’étendre mais là en récupérant de l’existant loué à un autre CFA.
*Dont 140 entreprises pour 1 846 salariés (sur plus de 24 000) situés dans l’est de la Haute-Loire.