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samedi 27 avril 2024
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Mobi’LYSE (1/2) : la « halte » ferroviaire à Grand-Croix, ça devrait se faire

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Cinq ans après son lancement, Mobi’LYSE, la « démarche d’amélioration de la mobilité entre Saint-Etienne et Lyon », compensation à l’abandon de l’A45, a fait le point sur des concrétisations en sud Loire. Sinon précisé des avancées aussi bien proches que de plus long terme. Exemples routiers et ferroviaires à l’appui. C’est ce que la préfecture a souhaité démontrer cette semaine, qui plus est, avec Saint-Etienne Métropole, désormais nettement à ses côtés. Par exemple sur la création d’une halte ferroviaire à Grand-Croix. Episode 1/2 portant, en particulier sur le rail en attendant la route.

« La réponse est oui ». Luc François, vice-président aux Transports de Saint-Etienne Métropole le fait clairement comprendre. Saint-Etienne Métropole est désormais bien associée à Mobi’LYSE. Et oui, la collectivité y abondera : « Dans une fourchette entre 42 et 46 M€. » On se souvient de la fin de non-recevoir financier de la part de l’exécutif stéphanois à l’annonce du lancement en 2018 de la « démarche d’amélioration de la mobilité entre Saint-Etienne et Lyon », siglée depuis en « Mobi’LYSE ». L’Etat l’avait lancée en compensation de l’abandon de l’A45, ses 400 M€ de subventions d’équilibre à l’ex futur gagnant du marché devant ainsi aller à des investissements d’amélioration de l’existant. Tout en considérant que Saint-Etienne Métropole, le Département et la Région y consacreraient l’équivalent ou presque. C’est-à-dire ce qu’elles avaient, elles aussi, promis au concessionnaire : 393 M€ à eux trois. Hors de question alors pour Métropole mais aussi le Département et la Région. D’autant que pour les deux premières au moins, des emprunts spécifiques étaient prévus pour obtenir la somme.

Routes, modes doux, intermodalités et développement de l’usage du ferroviaire (ici Châteaucreux) sont au menu du Mobi’LYSE. ©If Média/Xavier Alix

Même si des techniciens de Métropole fréquentent depuis le début les comités de pilotage de Mobi’LYSE, ses élus y étaient peu nombreux au départ. Les choses ont donc évolué. Et l’invitation du préfet – une conférence de presse faisant le point, suivie d’une visite de terrain – était aussi une première. La préfecture de Région cet été et celle de la Loire, mardi, nous ont confirmé que les 400 M€* seraient bien investis dans Mobi’LYSE en plus du volet mobilités du CPER 2021/27 qui reste d’ailleurs à adopter. Quant à la Région, un accord régional de relance signé en janvier 2021 dans lequel, elle et l’Etat engagent 100 M€ chacun dans le ferroviaire est à inclure dans Mobi’LYSE, rappelle la préfecture de Région, comme en juillet. Ce sont donc environ 550 M€ de crédits, au moins, qui seraient actés pour certes sécuriser et fluidifier la route (A47, RN88, A72) mais aussi intensifier l’usage du train et des modes doux. Dont ceux de Saint-Etienne Métropole désormais. Actés, des projets majeurs cofinancés avec l’Etat – comme l’échangeur de la Varizelle (A47) – à Saint-Chamond l’étaient déjà avant l’abandon de l’A45.

209 M€ engagés sur au moins 550 M€ projetés

Le Département de la Loire co-finance d’ailleurs ce dernier (puisque ficelé avant le transfert de compétences aux routes) tout comme le réaménagement à La Gouyonnière sur l’A72, lui aussi inclus. Doit-on le traduire, aussi, en ralliement à Mobi’LYSE ? « Non. Par exemple, les aménagements La Gouyonnière, auxquels nous sommes associés, c’est l’Etat qui a décidé de les mettre sous le couvert de Mobi’LYSE. Or ce projet, donnant lieu à une sollicitation de l’Etat, était déjà engagé avant. A45 ou pas, répond à If Jérémie Lacroix, vice-président du Département routes-mobilité et aux finances. Idem pour le projet de La Varizelle. Il ne faut s’attendre à rien d’autre financièrement de notre part sur le reste de la démarche, surtout que notre compétence sur les routes s’est réduite ces dernières années et que nos marges de manœuvre financières se réduisent cruellement. » Côté Saint-Etienne Métropole, plus d’un projet mobilité que la collectivité co-financera hors CPER, et donc dans le cadre de Mobi’LYSE, devaient déjà être ambitionné aussi.

A part La Varizelle et La Gouyonnière, il ne faut s’attendre à rien d’autre financièrement de notre part sur le reste de la démarche.

Jérémie Lacroix, vice-président du Département routes-mobilité

Mais la concernant, le volume d’investissements assez massif de l’ensemble du mandat (800 M€, toujours valable à ce stade, le double de 2014/2020) appuyé par la hausse d’impôt ne doit pas être étranger à la capacité de finalement abonder à Mobi’LYSE. A ce jour, ce sont 209 M€ dont 126 M€ de l’État(sur les 400 qu’il promis donc, Ndlr) qui ont déjà été engagés que les projets soient réalisés, en cours de réalisation ou prêts à être réalisés. A propos des éléments routiers de l’investissement, comme le préfet de la Loire Alexandre Rochatte, l’a d’emblée rappelé, « l’amélioration de la sécurité des usagers des routes (A72, RN88, A47 et A7 de l’autre côté du Rhône, Ndlr) et des riverains » priorise les choix. La fluidité doit progresser au passage mais pas pour attirer de nouveaux débits. D’ailleurs, la démarche vise aussi l’incitation à « des pratiques alternatives à l’auto-solisme en particulier en heures de pointe ». Côté ferroviaire, au contraire, c’est le développement de son usage qui doit guider les investissements.

La halte ferroviaire de Grand-Croix fonctionnelle en 2028 ?

Par « des mesures à la fois sur ce mode (capacité d’emport des TER, fréquence et amplitude de l’offre TER) et sur l’intermodalité (desserte des gares, vélo) ». Alors que Vincent Bony, maire de Rive-de-Gier, vice-président métropolitain à la voirie a logiquement parlé amélioration de la route (lire le second volet sur la route), c’est le ferroviaire et l’intermodalité qu’a détaillés Luc François mardi : « Hors Ile-de-France, Saint-Etienne/Lyon, c’est la ligne la plus fréquentée de France, rappelons-le. Mais Saint-Etienne n’est pas pour autant un terminus. Comme Lyon, à son échelle, elle forme, elle aussi, une étoile ferroviaire avec ses branches vers Lyon/Boën/Roanne et l’Ondaine. Le potentiel, surtout avec le prix des carburants, est énorme : les études le montrent. Si on veut faciliter cet usage, il faut garantir la robustesse, la fiabilité et la qualité du réseau. Et une tarification multimodale totale, dépassant les frontières administratives. Ce qui devrait être finalisé fin 2024. » S’ajoutent à la recette, d’autres ingrédients estampillés Mobi’LYSE. Par exemple, une capacité supérieure des trains, avec plus de rames et la possibilité de pouvoir accéder plus facilement à cette ligne entre Saint-Etienne et Lyon qui compte 20 000 voyageurs par jour.

C’est ici entre l’Espace Roger-Rivière et le rond-point Portes du Pilat que doit être construite la « halte ferroviaire » de Grand-Croix. ©If Média/Xavier Alix

« L’accès et le rabattement vers les gares, c’est l’enjeu majeur dans le Gier », synthétise Fabien Gravier, chef du service mobilité aménagement paysage de la Dreal, derrière la commande de nombreuses études autour de Mobi’LYSE. Et à ce sujet, la création dans la vallée, entre Saint-Chamond et Rive-de-Gier, d’une 3e gare – il est question plus exactement d’« halte » ferroviaire, équipement plus modeste dans sa configuration – projetée dans les documents de Mobi’LYSE est tout proche d’être définitivement actée. Les dernières discussions avec la SNCF, à propos du terrain et des modalités d’aménagement ayant été décisives, on apprenait mardi que le projet devrait être définitivement ficelé d’ici le début de ce printemps 2024. Avec un début des travaux espérés pour 2026 et une livraison pour 2028. Le long de la ligne, elle sera située entre l’Espace Roger-Rivière et le rond-point dit « Portes du Pilat » qui permet d’accéder à l’A47 ou de poursuivre son chemin direction Rive-de-Gier ou Saint-Chamond.  

Avec un parking de 300 à 400 places

L’Etat et la Région doivent y mettre à eux deux entre 12 et 14 M€ pour une capacité d’embarquement estimée à 2 000 voyageurs par jour, soit l’équivalent de celles de Saint-Chamond et Rive-de-Gier. Discuté depuis plus de 4 ans, le projet aurait enfin obtenu il y a quelques mois un œil favorable de la SNCF à la suite des résultats d’études plus précises de fréquentation donnant un potentiel voyageurs prêt de trois fois supérieur aux premières estimations, plus vagues. Mais pour accéder à la gare, il faut de l’intermodalité : des aménagements pour le vélo oui. Mais aussi et surtout, en termes de coûts, un parking voiture de grande capacité. Et c’est là qu’interviennent 10 M€ promis par Saint-Etienne Métropole pour le bâtir à deux pas, à la place de l’ancienne caserne des pompiers à côté de la salle Roger-Rivière. « Ce sera un parking un peu analogue à celui de Châteaucreux, à étages. Il fera 300 à 400 places », précise Luc François, par ailleurs maire de Grand-Croix, présent dans les réunions de Mobi’LYSE depuis le début.

Ce sera un parking un peu analogue à celui de Châteaucreux, à étages. Nous y mettrons 10 M€.

Luc François, maire de Grand-Croix

Autre effort, très significatif à venir sur le ferroviaire dans le cadre de Mobi’LYSE : l’objectif, d’ici fin 2026, d’installer des TER à trois rames en heures de pointe (un à deux TER pour jour au démarrage) entre Lyon et Saint-Etienne, avec 50 % de capacité en plus (environ + 700 places voyageurs). Les TER à 1 ou 2 rames étant saturés en heures de pointe, en particulier entre Givors et Lyon. En 2029, l’ensemble de la ligne entre Saint-Étienne et Ambérieu sera adapté pour faire passer des TER à trois rames. Un investissement partagé entre l’État et la Région co-finançant à parité ce programme de 200 M€ d’investissement (relatif à l’accord régional de relance signé en janvier 2021 évoqué plus haut).

Innovations techniques sur la gestion du ferroviaire

Démonstration de surveillance des aiguillages de SNCF Réseaux par drones à Châteaucreux, innovation financée dans le cadre de Mobi’LYSE. ©If Média/Xavier Alix

Moins spectaculaire financièrement mais essentiel techniquement, c’est encore dans le cadre des financements de Mobi’LYSE que la ligne Saint-Etienne/Lyon bénéficie d’un programme spécifique d’équipements de télésurveillance innovants déployés depuis 2022. Pour 4,4 M€ (75 % Etat, 25 % SNCF réseaux), plus d’une centaine de zones sont équipées. Dont cette utilisation de drones pour vérifier l’état et la bonne température des systèmes d’aiguillage dont il a été fait démonstration mardi en gare de Châteaucreux. L’analyse thermique par survol aérien permet désormais de réaliser le même travail qui coûtait un à deux jours en arpentant les rails en… 7 min. De quoi gagner en agilité, anticipation et réactivité au moment de vérifier, par exemple, les réchauffeurs d’aiguillage à la veille de l’hiver.

D’autres améliorations techniques ont été évoquées cette semaine : comme la dépose automatique d’un gel favorisant l’adhérence au passage des circulations (moins de trains supprimés ou ralentis) ou encore la pose de capteurs sur les TER (au niveau du pantographe) pour prévenir les arrachements de la caténaire. Une défaillance majeure a ainsi été évitée le 18 juillet 2022.

* Enveloppe financière de 400 M€ de l’État sanctuarisée par la loi d’orientation des mobilités (LOM) promulguée le 24 décembre 2019.

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