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dimanche 28 avril 2024
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Saint-Etienne : dix élus de la majorité Perdriau constituent un groupe à part

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Celui-ci se déclare malgré tout « au sein de la majorité » et va continuer à voter les délibérations conformes au plan de mandat de Gaël Perdriau pour lequel ses dix membres ont été élus en 2020. La plupart d’entre eux sont les mêmes qui depuis septembre 2022 réclament au maire son retrait total, voire sa démission, le temps que Justice passe.

L’ambiance des conseils municipaux (ici en septembre 2023) ne va pas aller en s’arrangeant. If Média/Xavier Alix

Ils n’iront pas chauffer d’autres sièges au sein de la salle du conseil : c’est physiquement impossible. Ce qui a chauffé ce week-end en revanche, ce sont leurs téléphones. A la suite des nouvelles mises en examen de Gaël Perdriau vendredi dans le cadre de l’affaire de chantage à la vidéo intime, la dizaine d’élus de la majorité qui, depuis septembre 2022, réclamait déjà au maire son « retrait total », voire pour une minorité d’entre eux sa démission, en attendant que Justice soit rendue, a beaucoup échangé avant de décider de faire monter d’un cran sa position. Elle a été exprimée dans un communiqué tombé hier soir signé de dix noms. S’y retrouvent à nouveau les adjoints Patrick Michaud, Nicole Peycelon, Paul Corrieras, Robert Karulak et Claude Liogier. Mais aussi les conseillers municipaux délégués Jacques Phrommala, Jean Jamet et Alain Schneider. Ne s’y retrouvent plus Jacques Guarinos ayant démissionné du conseil cet automne et Véronique Falzone.

Par rapport à il y a un an, s’ajoute, logiquement, Denis Chambe, adjoint UDI proche de Gilles Artigues qui, tout en continuant sa tâche (relations internationales, gestion du patrimoine municipal et à l’économie) a toujours fait part de sa solidarité envers ce dernier et, au contraire, son insoluble hostilité au maintien du maire. Un groupe rejoint, aussi, par Marie-Eve Goutelle, conseillère municipale déléguée au dialogue social, jusque-là dans le bloc inamovible depuis le début que forme une grosse trentaine d’élus autour de Gaël Perdriau. « Non, nous n’avons pas démarché nos autres collègues, c’est Marie-Eve Goutelle qui nous a contactés elle-même, précise à If Saint-Etienne Nicole Peycelon, adjointe à la tranquillité publique. Avant d’envoyer ce communiqué à la presse, nous avons fait part hier soir (ce lundi, Ndlr) à tout le monde de cette décision en conseil de majorité. Ce groupe reste ouvert et quiconque peut décider de le rejoindre. »

« A chaque fois, cela s’aggrave »

Lionel Boucher n’est plus dans la majorité mais désormais dans l’opposition, c’est pourquoi il n’en est pas, explique Nicole Peycelon. Car la décision peut s’interpréter, à ce stade du moins, comme étant symbolique. « Oui, nous continuerons à voter les délibérations conformes au plan de mandat, ce pourquoi nous avons été élus en 2020 et auquel nous continuons à croire. Ce n’est pas la gestion de la Ville par Gaël Perdriau qui pose problème mais sa gestion de l’affaire, souligne Nicole Peycelon. A chaque nouvelle étape, il assure aux gens comme à la majorité, « vous allez voir ce que vous allez voir », « rassurez-vous » et à chaque fois, cela s’aggrave. Ce n’est pas convaincant. Les nouvelles mises en examen nous ont donc poussés à aller plus loin pour bien marquer notre différence. Encore, une fois, qu’il se mette, au moins, dans un retrait total, le temps que Justice passe. Cela règlerait au moins partiellement le côté politique de cette crise. Si jamais il devait être blanchi, il reviendrait alors facilement. En attendant, l’intérêt commun passe avant lui. »

Ce n’est pas la gestion de la Ville par Gaël Perdriau qui pose problème mais sa gestion de l’affaire.

Nicole Peycelon, adjointe LR à la tranquillité publique

Et si d’autres « événements » devaient s’enchaîner d’ici un jour, une semaine, dans un mois ? Doit-on envisager une démission de ces dix élus associée à ceux des groupes d’opposition obtenant ainsi le fameux tiers nécessaire pour lancer de nouvelles élections municipales ? « A ce stade, on en est à la constitution de ce groupe, point. Si la situation devait évoluer, alors on rediscuterait entre nous. Personnellement, je pense que ce n’est vraiment pas, mais alors vraiment pas, le moment avec ce que vit la ville actuellement, pour l’enfoncer, en plus, dans une crise politique supplémentaire, de nouvelles dissensions que provoqueraient des élections partielles », estime Nicole Peycelon. Cette dernière adhérente LR voit son parti, comme avec Robert Karulak et Claude Liogier, Républicains lui mettre la pression depuis l’été dernier pour constituer un groupe à part. Si Alain Schneider nous avait annoncé en septembre qu’il quittait les LR, justement en raison de cette pression, les trois cités refusaient toujours de s’exécuter fin 2023 malgré la menace d’exclusion.

Procédure de suspension enclenchée contre 3 LR

Mais leur décision n’a absolument rien à voir avec cette demande, assure à If Saint-Etienne Nicole Peycelon, conformément à l’avertissement donné par le communiqué qu’elle a cosigné : « Cette décision est motivée par les dernières mises en examen de Monsieur le Maire. Elle s’inscrit dans une démarche apolitique qui ne répond à l’injonction d’aucun parti. » D’autant, appuie l’adjointe, que « notre groupe prend ses décisions en interne et que la plupart de ses membres ne sont pas LR ». Est-ce que cela suffit aux LR de la Loire ? Ou le fait que la majorité puisse poursuivre ses travaux avec Gaël Perdriau à sa tête maintient-il la menace d’exclusion ? « Je n’en ai aucune idée. Car encore, une fois, je n’échange pas avec eux là-dessus mais seulement avec mes collègues stéphanois de mon groupe, LR ou non. Demandez à la direction locale du parti. » Nous avons demandé ce matin. Et la réponse est venue d’Antoine Poméon.

En position non élective sur la liste de Gaël Perdriau en 2020, jeune élu LR ayant remplacé au sein de l’assemblée Samy Kéfi-Jérôme à l’automne 2022 mais, en raison de l’affaire ayant décidé d’emblée de siéger dans l’opposition nous explique que les LR de la Loire en ont discuté ensemble. Les choses sont claires : « Ce n’est pas suffisant parce que ça ne change pas grand-chose par rapport au maintien de Gaël Perdriau. Jean-Pierre Taite (député du Forez et président des LR Loire) a d’ailleurs enclenché une procédure de suspension envers Nicole Peycelon, Claude Liogier et Robert Karulak. Si on je suis prêt à démissionner avec ces dix élus et ceux de l’opposition pour élire un nouveau maire ? Oui. » A défaut de les régler, faisons les comptes. Il y a désormais, à ce stade au moins – et officiellement – 25 élus du conseil municipal sur 59 souhaitant le départ (démission ou retrait total le temps que Justice passe) de Gaël Perdriau.

S’achemine-t-on vers une démission massive ?

Aux dix de la majorité déjà cités ici, s’ajoutent, naturellement, Gilles Artigues, Lionel Boucher et donc le LR opposant Antoine Poméon ainsi que les 12 élus totalisés par les trois groupes d’opposition. 25, c’est plus du tiers du conseil. Si tous s’entendaient pour démissionner (ce qui n’est pas forcément évident au regard de différentes nuances de positions mais d’autres, jusque-là silencieux, peuvent aussi très bien s’engouffrer dans l’idée), les Stéphanois seraient appelés à de nouvelles élections municipales. Car il ne reste plus que trois candidats, en « réserve », sur la liste électorale 2020 menée par Gaël Perdriau, tous très âgés et dont on ne connait pas non plus la position vis-à-vis du maire. Est-ce déjà en discussion ? Une démission généralisée, donc des élections partielles, est-ce ce que veut l’opposition ?

Ce ne sont pas de nouvelles élections que nous voulons mais un nouveau maire.

Isabelle Dumestre, présidente du groupe d’opposition Saint-Etienne Demain

Contactée par If, une de ses représentantes, Isabelle Dumestre (PS), présidente de Saint-Etienne Demain assure que « non, ce n’est pas notre obsession, même si numériquement, on y est et que cela semble désormais possible. Ce ne sont pas de nouvelles élections que nous voulons. Même si la situation nous est sans doute plus favorable actuellement, nous respectons le verdict des urnes de 2020 même si nous combattons la politique qui en découle. Ce que nous voulons, c’est un changement de maire. Et ça ne peut venir que de lui. Un « retrait total » ? Si c’est pour avoir le même qu’à la Métropole où Gaël Perdriau continue à se mêler des affaires malgré ses déclarations, c’est non. » (Mise à jour ce 23 janvier à 15 h 30) Interrogé ce matin par des confrères à l’issue d’une conférence de presse consacrée à l’état du commerce stéphanois (nous y reviendrons dans un autre article), Gaël Perdriau a commenté la situation ainsi : « L’essentiel pour moi, c’est d’abord que l’on puisse poursuivre ce que nous avons commencé il y a 10 ans, dans l’intérêt de la Ville et des Stéphanois, c’est la priorité et elle n’est pas remise en cause non plus par cette décision, c’est pour moi l’essentiel. »

Le prochain conseil municipal promet, quoi qu’il en soit d’être – encore – bouillant. Il faut dire que la pression s’accentue.  

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