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samedi 27 avril 2024
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Les centres sociaux de la Loire sont en lutte aussi

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Mais ce ne sont pas les agriculteurs qui les ont inspirés. Les centres sociaux dénoncent aussi des problématiques structurelles allant en s’accentuant. Cette mobilisation d’ordre national mais déclinée à l’échelle locale, avait été annoncée aux médias mi-janvier. La Fédération des centres sociaux et EVS qui compte dans ses rangs 60 % des structures Loire / Haute-Loire labellisées Caf, est le moteur de ce mouvement.

Des actions ont lieu ce mercredi 31 janvier partout dans la Loire (ici place Jean-Jaurès à Saint-Etienne mercredi). Photo transmise par la Fédération des centres sociaux et EVS Loire Haute-Loire

Une manifestation ce matin à Roanne. Une autre cet après-midi, place Jean-Jaurès à Saint-Etienne où « 500 personnes (salariés, bénévoles, administrateurs, élus, représentants, voire usagers, Ndlr) sont attendues ». Et entre, des actions localisées dans le Gier, le Roannais, la plaine du Forez. La Fédération des centres sociaux et EVS (espace de vie sociale) essaie, elle aussi, d’attirer ce mercredi 31 janvier l’attention sur des problématiques de financement structurelles allant en s’accentuant. Une mobilisation d’ordre nationale déclinée à l’échelle locale où elle fédère en Haute-Loire et essentiellement dans la Loire 44 structures correspondant à 1 300 salariés et 2 000 bénévoles. « Plus de 53 000 personnes dans la Loire et plus de 12 000 en Haute-Loire sont usagers de ces structures (données Senacs 2023) », détaille-t-elle. 44 structures qui représenteraient environ 60 % de celles labellisées Caf dans les deux départements.

« Il faut ajouter les structures affiliées ailleurs type Familles rurales, MJC, Francas qui, globalement, souffrent de la même situation et sont à nos côtés », précise à If Juliette Fortunier, chargée de mission la fédération contactée ce matin. Quelle est la situation justement qui pousses ses membres aussi à aller dans la rue ? Une fois de plus, une insuffisance de financements publics au regard d’une activité croissante. « Il y a des problèmes de sous-financements depuis longtemps mais nous subissons une logique d’érosion qui s’accentue fortement depuis le Covid. Car même quand les sommes sont maintenues, cela ne permet pas de faire face à l’inflation et la demande sociale toujours croissante, toujours plus forte. » Résultats : dans la Loire, « malgré des situations contrastées, le constat est le même qu’ailleurs : les fonctions pilotage et logistique des structures accusent un déficit d’environ 30 000 € en moyenne par an. Cela a progressivement amené les structures à multiplier les réponses à des appels à projet. »

Banqueroutes annoncées

Place Jean-Jaurès à Saint-Etienne mercredi. Photo transmise par la Fédération des centres sociaux et EVS Loire Haute-Loire

En découlent, en moyenne, à suivre, 65 conventions annuelles par structure de la fédération Loire/Haute-Loire ! Cette logique inflationniste d’appels à projets, de plus en voulue par les pouvoirs publics, sur l’accord de leurs financements, s’avère non seulement chronophage mais précarise aussi leur situation puisque cruciale pour couvrir les coûts de fonctionnement : ceux de leurs salariés, voire de leurs prestations « standards ». Une problématique montante qui touche d’ailleurs l’ensemble du monde associatif. Dans son argumentaire, la Fédération constate du coup qu’« aujourd’hui, les structures n’arrivent plus à faire le grand écart entre des demandes en termes de lien social, d’urgence sociale et d’animation qui ne cessent d’augmenter, et un investissement public qui n’est pas à la hauteur. Les centres sociaux et EVS arrivent au bout de leurs possibilités d’adaptation, d’optimisation et de souplesse face aux moyens disponibles »

Les centres sociaux et EVS arrivent au bout de leurs possibilités d’adaptation, d’optimisation et de souplesse face aux moyens disponibles.  

Fédération des CS et EVS Loire/ Haute-Loire

Lors de notre échange, elle a ajouté que si quelques centres sociaux ou structures analogues ont ainsi été contraints de fermer leurs portes dans l’agglomération stéphanoise, bien d’autres approcheraient du couperet. Dès mars 2023, la FCS 42-43 a engagé des échanges avec ses partenaires afin d’anticiper des situations de crises, étaie aussi son communiqué : « Les prévisions déficitaires d’alors semblent se réaliser car des structures du réseau pourraient être en cessation de paiement d’ici 2 ans. Sans un soutien financier pérenne et à la hauteur de la part des partenaires des centres sociaux, la réponse à cette équation sera – et est déjà – la réduction ou la fermeture de services et d’activités. Dans la Loire elle se traduit par une baisse de la capacité et amplitude horaire d’accueil collectif des enfants, annulation d’animations culturelles, non reconduction d’ateliers d’apprentissage du français, restriction des horaires d’ouverture, postes non reconduits, dynamiques citoyennes qui s’éteignent… avec des conséquences concrètes et immédiates pour les habitants ! »

Un enjeu de cohésion social sur la table

La fédération insiste sur l’enjeu de cohésion sociale global qui dépasse la situation budgétaire de telle ou telle structure : « Acteurs d’éducation populaire et des politiques publiques, garants d’un accueil inconditionnel, les centres sociaux et EVS font vivre la mixité, la cohésion et le lien social avec les habitants et en coopération avec les pouvoirs publics. » Les représentants nationaux de la Fédération espèrent rencontrer les ministères de tutelle fin février début mars.

Ces mobilisations portées ce 31 janvier marquent en effet « l’invitation du réseau des centres sociaux et EVS, des habitants, d’élus et de partenaires, à un rendez-vous national de la cohésion sociale fin février ou début mars 2024. Cette invitation est adressée aux ministres concernés par les politiques de solidarités, de cohésion des territoires, de jeunesse, de vie associative, aux Caisses nationales d’allocations familiales et d’Assurance vieillesse et aux associations des maires, des intercommunalités et des Départements de France.»

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