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Saint-Etienne Métropole : le défi titanesque de la biodiversité vaut bien un atlas

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En confiant à FNE 42 et la LPO Loire, la réalisation d’un atlas cartographié de la biodiversité sur son territoire, Saint-Etienne Métropole rejoint une démarche chapeautée et financée par l’Office français de la biodiversité. L’objectif de cet atlas, déjà réalisé par d’autres collectivités dans la Loire, vise à savoir précisément ce qu’il y a à protéger dans le cadre des politiques publiques. Mais aussi à sensibiliser le grand public largement invité à participer à sa réalisation…

Biodiversité Saint-Etienne Métropole
Un habitant de la Métropole : le Cincle plongeur. ©Photo Sébastien Teyssier fournie par Saint-Etienne Métropole.

Protéger ou, a minima, limiter les dégâts, certes. Mais encore faut-il avoir conscience de ce qu’il y a à préserver. C’est tout l’intérêt de la réalisation de l’Atlas de la biodiversité dans lequel se lance Saint-Etienne Métropole. La collectivité avait annoncé il y a un an que sa candidature à cette démarche orchestrée et en très grande partie financée par l’Office français de la biodiversité – dans le cas de Métropole, 80 % des 300 000 € budgétés –, avait été retenue. On parle, évidemment, d’un atlas numérique, via un site web* accessible à tous partir de ce lundi 27 juin et mis à jour au fur et à mesure de sa réalisation. Celle-ci va s’étaler sur les deux années qui viennent avant une synthèse, et une intégration finale sur six mois environ de toutes les données collectées.

Des « atlas de la biodiversité » réalisés avec une collectivité, l’Office français de la biodiversité (OFB) en fait depuis 2010 à l’échelle du pays. Avec cependant, une accélération depuis 2017 : 32 atlas ont été lancés en 5 ans dans la région représentant 401 communes. Dans la Loire, Loire Forez Agglomération, le Parc du Pilat, le Syndicat mixte d’aménagement des Gorges de la Loire, Planfoy ou encore les communes de Poncins et de Lentigny l’ont déjà fait. Dans la dernière vague de sélection annoncée il y a un an, Loire Forez Agglomération, à nouveau qui éditera donc sa seconde édition mais aussi très proche de chez nous, en Haute-Loire, Aurec-sur-Loire et donc, enfin, Saint-Etienne Métropole. « Il s’agira donc du 7e – en comptant les rééditions – réalisé dans notre département. Ce qui correspond à 143 communes », précise Olivier Preynat, chef de service à l’OFB Loire.

Un appel à témoigner auprès de la population

Pour le réaliser, Saint-Etienne Métropole a fait appel à deux associations déjà partenaires : France nature environnement (FNE) Loire et la Ligue de protection des oiseaux (LPO) 42. Dans leur sillage, une dizaine d’autres associations, plus petites mais adhérentes à elles, pourront les appuyer sur des champs d’investigation précis qui leur sont propres. D’ailleurs, Patrick Balluet, président de la LPO Loire rappelle qu’« on ne part pas de rien sur le territoire de Saint-Etienne Métropole avec déjà 590 000 données à disposition ». Mais si une petite dizaine de professionnels employés par ces associations œuvreront à son enrichissement sur les espèces végétales ou animales, les moins évidentes à dénicher, ils seront aussi chargés d’examiner et valider ce qui sera enregistré par le public.

La page d’accueil du site* qui sera accessible au public dès lundi.

Car c’est en effet un grand appel qui est lancé auprès de tous les habitants de la métropole et de chacune de ses 53 communes. Le grand public se verra confier le repérage d’espèces plus communes – mais hélas en voie de ne plus l’être -, tel le hérisson, les écureuils, des amphibiens comme le sonneur à ventre jaune, les hirondelles, les martinets ou côté végétal, les coquelicots et autres bleuets. Il suffira de s’inscrire et se rendre sur le site dévolu pour signaler quoi, quand, combien et où. Cet inventaire va durer 2 ans via le site dont on pourra voir l’enrichissement au fur et à mesure avant une version finale (amenée à évoluer par la suite) après rédaction et synthèses des naturalistes professionnels. Derrière, c’est une cartographique précise et des fiches mixant espèces et lieux géographiques concernés qui seront consultables par tous et en permanence.

Une prise de conscience incitative

« C’est le bon moment, la période s’y prête en raison des sorties extérieures. Même si un relevé peut très être fait dans son jardin, souligne Sylvie Fayolle, vice-présidente de Saint-Etienne Métropole en charge du développement durable et de la transition écologique. D’ailleurs nous allons accompagner ce lancement lundi avec des rendez-vous jusqu’à début octobre en lien avec la LPO et FNE : des balades, des sorties, des ateliers, des sensibilisations d’écoles, de centre de loisirs. Il s’agit de sensibiliser au maximum, y compris nos 53 municipalités. Les 200 entreprises qui sont partenaires de notre plan climat air énergie pourront aussi contribuer tout comme les agriculteurs avec qui nous travaillons déjà nos politiques de développement durable. » De quoi permettre aux citoyens une prise de conscience, voire de fierté de la nature qui les entoure, de se l’approprier, comme on le fait avec le bâti, pour mieux intégrer la nécessité absolue de sa protection.   

Les obligations, les contraintes, elles sont déjà là, dans les textes.

Olivier Preynat, Office français de la biodiversité

Comme par exemple, cité par le président de Saint-Etienne Métropole Gaël Perdriau, cette présence de près de « 800 couples du martinet à ventre blanc au sein de la ville de Saint-Etienne nichant sous les toits. C’est la première concentration de France. Et nous aurons le plaisir dans une délibération du prochain conseil municipal de présenter au vote un plan de sauvegarde. L’idée de l’atlas est de créer une connaissance, une prise de conscience que peuvent partager les services d’urbanisme par rapport à nos projets ou même ceux des particuliers ». Imposera-t-il aux collectivités et particuliers de nouvelles obligations ? « On est dans de l’incitatif. Les obligations, les contraintes, elles sont déjà là, dans les textes », répond Olivier Preynat.

En 30 ans, la Loire a perdu 70 % de ses hirondelles de fenêtres

Lors de la présentation mercredi à Saint-Etienne Métropole de l’atlas. Photo Saint-Etienne Métropole.

Certes, mais vont-elles assez loin ? L’obligation légale, par exemple, de recréer une zone humide ou un habitat semblable à celui d’une chênaie toutes les deux détruites par un aménagement ne permet pas de ressusciter les représentants d’espèces balayés à cette occasion par les pelleteuses… Mais qu’on le considère le mouvement comme suffisant, insuffisant ou très insuffisant, la préoccupation de la biodiversité a quelque peu progressé dans les politiques publiques. Dans le cas de Saint-Etienne Métropole, depuis une quinzaine d’années, on peut citer le renforcement des corridors écologiques, les contrats vert et bleu, la politique de replantation des haies, l’amélioration indéniable de l’état des rivières qui, grâce à leurs contrats spécifiques, a permis le retour d’une vie animale après avoir été dans le sud Loire, pendant des décennies, voire des siècles, d’ignobles égouts à ciel ouvert.

Reste que le défi est titanesque. Actuellement, 50 % de notre biodiversité est menacée en France et 70 % des insectes volants y ont disparu selon FNE Loire. « La faune a besoin de milieux pour exister. Or, nous les avons trop détruits et artificialisés par l’agriculture, l’urbanisme, notre présence à tous. Parler d’effondrement, ce n’est pas exagéré. Alors impliquer les gens, ce n’est pas du luxe », note Bruno Lemallier, co-président de France nature environnement Loire. Exemple local symptomatique : selon des données relevées par la LPO Loire, dans notre département, l’hirondelle des fenêtres avait perdu 70 % de sa population entre les années 1980 et 2010…

*https://engageepourlanature.saint-etienne-metropole.fr

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