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Stas : l’Académie Transdev passe à la phase électrique

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Après avoir lancé il y a 3 ans sa propre formation de conducteurs de bus, le groupe Transdev, derrière la Stas et titulaire du marché délégation de service public de la Métropole, vient d’en lancer une autre, d’ampleur régionale, via la même « Académie ». Elle est consacrée aux métiers de la maintenance électrique. Toujours depuis Saint-Etienne et toujours pour anticiper les pénuries à venir.

Une partie des 8 diplômés du CAP d’agent d’accueil et de conduite routière ayant suivi une formation longue spécifique de 2 ans au sein du CFA. ©If Média/Xavier Alix

Saint-Étienne a bien fait des petits. C’était pronostiqué il y a 3 ans déjà : l’implantation du CFA des métiers de la mobilité par le groupe Transdev à Saint-Etienne, entreprise titulaire du marché métropolitain de la Stas, était une première en France amenée à essaimer. Depuis, 13 autres ont vu le jour dans l’Hexagone formant un total de 700 personnes par an, suivant le « modèle stéphanois » mis en œuvre « dans un temps record », ont rappelé jeudi dernier les représentants du groupe et les élus de Saint-Etienne Métropole lors d’une cérémonie symbolique au centre de maintenance de la Stas à Saint-Priest-en-Jarez. Quatre mois ont en effet séparé l’idée et sa concrétisation fin septembre 2020. Entre deux vagues Covid, il s’agissait alors de répondre à une double pénurie : celle d’aspirants conducteurs de transports en commun commençant sérieusement à poindre. Et celle d’entreprises prêtes à accueillir des apprentis à Saint-Etienne, nombreuses à cette époque à renoncer en raison du contexte épidémique selon Gaël Perdriau :

« Je me souviens de cette rencontre dans mon bureau avec votre président (de Transdev, Ndlr) Thierry Mallet le 5 juin dernier, a précisément rembobiné le maire stéphanois présent jeudi. On était en plein désaffection des réseaux de transports en commun mais nous avions parlé d’avenir, de tous ces jeunes Stéphanois qui m’écrivaient parce qu’ils n’avaient plus d’entreprises pour leur apprentissage et qui demandaient de l’aide. La Ville en a pris 50 et j’avais demandé si la Stas pouvait en prendre aussi 50. Là, on m’a répondu : « et si on créait carrément un CFA ici ? ». Le 28 septembre, c’était signé. Aujourd’hui, 4 promotions en sont déjà sorties et la 5e est à l’œuvre. J’apprécie, comme avec l’application Moovizy pour l’Euro en 2016 cette écoute et cette capacité à innover. » Il faut dire que dénicher des conducteurs en devenir prenait la voie d’une urgence absolue pour la Stas. Contrairement au Sytral du côté de l’agglomération lyonnaise, elle n’a finalement jamais été contrainte de dégrader son offre pour cause de pénurie de pilotes.    

Une autre pénurie à anticiper

« Est-ce que cela aurait été le cas sans le CFA stéphanois ? Difficile à dire. Nous parvenons à tout cas à pourvoir nos besoins, de l’ordre d’une trentaine de conducteurs par an dont, en moyenne, une douzaine de recrues désormais issues de notre CFA. Potentiellement, on pourrait monter à 16. 80 % des gens formées s’insèrent chez nous, 80 % des inscrits à la formation vont au bout, précise Nicolas Besset, directeur général de la Stas. Nous en sommes donc à la 5e promotion, les quatre précédentes ne sont pas identiques entre des CAP d’un an Agent d’accueil et de conduite routière et des titres professionnels de conducteur de transport en commun sur route qui peuvent être obtenus au bout de 6 mois en cas de formations préalables ou encore ces huit élèves ayant suivi un programme long, sur 2 ans, désormais titulaires d’un diplôme de CAP mais après une première année consacrée à une remise à niveau générale sur des savoir-faire fondamentaux. » Huit élèves particulièrement mis en avant jeudi au centre de maintenance de la Stas – montée sur l’estrade pour une remise de diplôme individuelle, photo, etc. – puisque relevant d’une prise en charge particulière en raison d’une situation initiale de « fort éloignement du marché du travail ».

Y aurait-il eu pénurie sans le CFA ? Difficile à dire. Nous parvenons à tout cas à pourvoir nos besoins, de l’ordre d’une trentaine de conducteurs par an dont, en moyenne, une douzaine issue de celui-ci.

Nicolas Besset, directeur général de la Stas.

Ils viennent de signer leur CDI mais seront encore en rodage durant un an, sur le terrain, aux côtés de tuteurs volontaires mobilisés par la Stas comme d’autres maîtres d’apprentissage pour leur formation de base. Si la formation interne aux conducteurs est désormais sur les rails avec, d’ici un an, plus de 10 % des effectifs issus de ses rangs, celle de la maintenance électrique vient tout juste d’être mise en route. Moins urgent que les conducteurs, mais tout aussi indispensable vis-à-vis d’une mutation du parc liée à une décarbonation déjà en cours, le recrutement de techniciens de maintenance électrique risque elle aussi de se heurter à une pénurie. D’autant que la nécessité est valable pour toute la France même si Saint-Etienne a gardé en la matière une avance aussi longtemps que bêtement jugée arriérée (conservation du tramway, des trolleys bus…). De toute façon poussée par le législateur (fin du gazole obligatoire en 2035 dans les réseaux de transports publics), l’amplification actuelle de l’électrique – 5 nouveaux bus électriques arrivent par exemple cet automne sur le réseau Stas – force à augmenter la cadence de recrutement.  

L’Irup partenaire

Photo de famille entre élèves, maîtres d’apprentissages, diplômés, élus, direction de la Stas et Transdev. ©If Média/Xavier Alix

Le CFA vient donc de s’ajouter une nouvelle formation diplômante avec, toujours basé sur l’alternance, ce BTS « Maintenance des systèmes » qui vise à répondre aux enjeux de cette « électromobilité » montante. Cela en se connectant avec le partenaire local tout trouvé qu’est l’Irup pour son enseignement. Ils sont huit Stéphanois et un Valentinois à avoir intégré cette première promo. Car « pour cette filière, notre CFA sera d’échelle régionale, voire national à terme, les besoins étant forts mais pas autant qu’au niveau des conducteurs », explique Nicolas Besset. L’initiative est présentée comme très innovante à l’échelle nationale et amenée, elle aussi à être dupliquée depuis Saint-Etienne. De quoi susciter à nouveau la fierté jalouse de Luc François, le vice-président à la mobilité de Saint-Etienne Métropole, celui-ci lâchant avec davantage d’amusement que d’agacements qu’il aimerait bien voir la référence géographique à ce qu’il estime être un véritable laboratoire de pointe stéphanois tamponner chaque reproduction. Même si « Stas académie » sonnerait bien, pas sûr que le service marketing de Transdev, lorsqu’il opère pour une autre intercommunalité du pays, soit transporté par l’idée…   

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