Saint-Jean-Bonnefonds, épicentre du korfball français
Et même d’Europe le temps d’un week-end ! La commune accueille du 24 au 26 novembre le tour de qualification des Championnats européens de korfball (ou korfbal, on retrouve les deux orthographes) avec, en lice, une équipe de France 100 % ligérienne. Et pour cause : dans l’Hexagone, la Loire est le département bastion de ce sport proche du basket, aussi mixte que confidentiel et né aux Pays-Bas.
Si vous êtes en (re) quête d’un sport dans lequel la suprématie de la Loire sur la France est encore incontestable, ne cherchez plus ! Voici le korfball (ou korfbal). Huit des 14 clubs français se situent dans notre département qui compte donc 380 représentants au sein du modeste contingent des 500 licenciés français. Ce qui l’amène logiquement à fournir des internationaux à la pelle : actuellement, les 14 joueuses et joueurs formant l’équipe de France de la discipline sont de la Loire. Longtemps, le club de Bonson a confisqué le titre de champion national, cumulant un palmarès double à celui de l’ASSE en la matière, en même pas 40 ans d’existence. Aujourd’hui, c’est Saint-Jean-Bonnefonds qui est au sommet et place pas moins sept représentants chez les bleus contre deux pour les Foréziens et cinq évoluant à Roche-la-Molière. Le résultat d’une passion acharnée certes mais aussi du hasard : dans ce contexte atypique, bien souvent les hauts et les bas de ces clubs sont liés aux déménagements, à l’évolution personnelle de leurs principaux acteurs moteurs. C’est le hasard, lui aussi, qui a fait de la Loire l’épicentre du korfball français.
« On le doit à un instituteur belge, aussi entraîneur (George Stoller, Ndlr) qui l’avait d’abord exporté dans le Cher avant de le faire dans la Loire où cela a effectivement très, très bien pris », raconte David Dupuy, président de la Fédération korfball France (FKF) dont le léger accent local désigne immédiatement la provenance ligérienne. Il est d’ailleurs joueur vétéran à Bonson. Décrit par ses promoteurs comme « proche du basketball » et assaisonné au hand, le korfball se joue à 16 (8 personnes dans chaque équipe) sur un terrain d’une taille similaire à ceux du handball et requiert, sur ce dernier, et pas seulement sur la feuille de match, une parité homme/femme permanente. Le but étant de marquer en mettant une balle – un ballon de foot de taille 5 – dans le panier (= un point systématique, peu importe la distance), sans dribble possible (celui qui reçoit la passe ne peut plus se déplacer et doit donc passer ou shooter) et sans être « couvert », c’est-à-dire marqué de près par son défenseur. Particularité qui, alliée à l’absence du repère que représente le panneau et une hauteur légèrement supérieure (3,5 m), explique des scores plus faibles qu’au basket même si on a le droit de marquer derrière un panier non fixé tout au bout du terrain.
La France a de bonnes chances de « qualif’ »
Les lignes au sol qui encerclent le panier ne correspondent pas à une sorte de raquette, mais aux repères pour tirer les sanctions (« pénalty », « coup francs ») consécutives à une faute. Tous les deux paniers (« buts »), il est procédé à un échange de zone et de fonction (toujours 2 hommes et 2 femmes attaquants et idem côté défenseurs). A ce jeu-là, ce sont les inventeurs de ce sport, les Pays-Bas, qui maîtrisent les débats. Et de très haut, y compris au sens littéral même si les canons de la taille tout en étant déterminants ne sont pas non plus aussi similaires et importants qu’au basket, bien que l’on ait droit de « dunker » au korfball aussi. Les Néerlandais sont en tout cas largement au-dessus confisquant tous les titres européens, soit 8 consécutifs depuis 1998 et pas moins de 11 des 12 titres mondiaux depuis 1978, battus une seule fois en final de mondial en 1991 par les Belges, leur dauphin quasiment systématiques. « A ces deux pays, il faut ajouter au gratin mondial Taïwan, le Surinam, la Chine, l’Allemagne, l’Espagne, le Portugal et l’Angleterre, énumère David Dupuy. Le korfball est implanté dans une cinquantaine de pays. La France n’est pas dans le haut du panier mais dans les nations suivantes immédiatement celles citées. »
De quoi être en lice, mais pas qualifiée d’office pour les prochains Championnat d’Europe qui auront lieu en Turquie en octobre 2024. Il lui faudra donc batailler lors d’un tour qualificatif express de trois jours, un mini-championnat, face à l’Arménie, l’Écosse, au Pays de Galles, et la Serbie. Les trois dernières nations citées sont des adversaires du même calibre que la France (« sur le papier », du moins, l’Arménie est en dessous) selon les représentants même seuls trois billets qualificatifs seront accordés aux trois premiers à l’issue de la compétition. Si le korfball aiguise votre curiosité, sinon par patriotisme sportif pur, vous avez la possibilité d’assister gratuitement en direct aux matchs dans la Loire, comme ce fut le cas à Jean-Gachet en 2019 ainsi que 3 avant au stadium Maisonnial de Saint-Etienne en 2016. 600 personnes étaient venues : un succès auquel la présence de la sélection turque n’était pas étrangère. En 2023, c’est le Pôle Sportif du Fay à Saint-Jean-Bonnefonds qui accueille l’ensemble de ce tournoi marathon du 24 au 26 novembre. Cela commence le vendredi, dès 16 h par un Arménie/ Serbie avant la cérémonie d’ouverture à 17 h 30 puis un France / Ecosse à 18 h 30.
Le soutien du privé et du public
Les autres matchs de l’équipe de France ? Le samedi 25 à 14 h face à la Serbie, France / Arménie à 18 h puis le dimanche 26 France / Pays de Galles à 14 h, ultime rencontre avant la cérémonie de clôture. Évidemment, l’organisation, bien que bénéficiant de la mobilisation d’une cinquantaine de bénévoles, n’est pas gratuite : entre 20 000 et 30 000 €. Pratiquer ce sport réclame d’ailleurs quelques investissements en argent et en heures (avec des déplacements parfois lointains au regard du nombre de clubs en France). Outre une buvette et une tombola liée à l’événement, la Fédération est soutenue dans cette organisation par l’ASPTT (ligue omnisports) et le centre commercial Steel qui a d’ailleurs était le théâtre d’une journée dédiée à la découverte du sport le 11 novembre et a accueilli la présentation aux médias de l’événement. Au niveau privé s’ajoutent aussi le Crédit Mutuel, la Caisse d’Epargne Loire Drôme Ardèche, Black Store et Club 42. Côté public, la Région et le Département de la Loire donnent un coup de main financier. Tandis que la municipalité de Saint-Jean-Bonnefonds, outre la mise à disposition de son équipement, apportera son aide logistique.
Heureux de « parler d’une actualité positive », son maire, Marc Chavanne, loue l’initiative de ces passionnés et la mobilisation de bénévoles, « cet engagement qui me parle, comme il ne peut que parler à notre ville qui compte 1 800 licenciés sportifs. Pour même pas 7 000 habitants, c’est une belle proportion. Nous sommes labellisés ville active et sportive et notre volonté d’aider au développement de ce sport est donc naturelle. Ce label, c’est ainsi qu’on le fait vivre. » Dotée d’une capacité assise de 250 places, la salle du Fay peut accueillir jusqu’à 500 personnes. Atteindre une telle auge suffirait à combler de bonheur les organisateurs.
Tournoi de qualification pour le championnat d’Europe des nations de korfball du 24 au 26 novembre au Pôle Sportif du Fay à Saint-Jean-Bonnefonds. Dix rencontres internationales en accès gratuit et ouvert à tous. Durée des matchs : 4 x 10 min. avec une mi-temps et arrêt du chrono quand nécessaire. Une buvette sera proposée sur place pour se restaurer et tombola avec des lots à gagner.