Recyclage : Plas’tri a lancé sa commercialisation et vise l’industrialisation
La « tri scan », cette « scannette » créée par la startup stéphanoise permet d’identifier avec exactitude la composition d’un déchet plastique. Une solution qui s’adresse aux petits centres de tri spécialisés dont l’activité est tournée vers les professionnels et derrière aussi, les recycleurs, afin d’améliorer leur performance et, au-delà, aider à réduire un immense gâchis. Fondée par Clara Spetebroodt, Plas’tri a commencé à écouler des exemplaires de son appareil avant une véritable industrialisation qu’elle vise pour 2023.
Pour l’heure, ils les fabriquent un à un. Et de leurs propres mains, dans leurs locaux déménagés en mars au BHT (Bâtiment des hautes technologies), la pépinière de Saint-Etienne Métropole, après avoir eu pour berceau l’Ecole des Mines. Fondatrice de Plas’tri fin 2020 alors qu’elle était diplômée depuis quelques mois de l’Institut d’optique de Saint-Etienne (elle y avait initié le projet avec un autre étudiant, Elliot Berard), Clara Spetebroodt travaille depuis un an et demi avec un développeur spécialisé en intelligence artificiel. Avec cet associé qui préfère rester anonyme, elle espère bien louer dès cette année quelques dizaines de ces fameuses « scannettes », les tri scans, capables d’identifier la nature exacte d’un plastique. Un premier exemplaire a trouvé preneur début février. Il s’agit d’un recycleur de déchets plastiques en Espagne qui a été, depuis, suivi par les sollicitations de quelques centres de tri en France.
D’une certaine manière, Plas’tri vit là son ultime phase de tests avant une industrialisation programmée, elle, pour 2023. La production annuelle se comptera alors déjà en centaines d’exemplaires. Naturellement, « nous passerons à une fabrication sous-traitée, précise Clara Spetebroodt. D’ici là, les premières commercialisations sur 2022 doivent nous permettre d’améliorer encore notre solution, d’obtenir des retours utilisateurs pour d’éventuelles modifications. » C’est une présentation du projet de « Plastic Odyssey » œuvrant autour du recyclage des plastiques des océans dont des représentants étaient venus à l’Institut d’optique qui a inspiré son idée à Clara Spetebroodt. Le site de son entreprise plante de nos jours le décor : 60 millions de tonnes de plastiques sont produites en Europe sur un an. Sur une petite moitié collectée et acheminée vers un centre de tri, seul un tiers sera vraiment recyclé.
Plus de 250 petits centres de tri spécialisés dans le plastique
« La mise en décharge, l’incinération et l’enfouissement sont trop souvent considérés comme les seules solutions face à un défaut d’identification », explique le site de Plas’tri. Or, les obligations législatives montantes vis-à-vis du recyclage. Et si elles se font de plus en plus pressantes pour les collectivités (et donc, indirectement, les particuliers administrés), concernent en premier lieu les professionnels qui ont massivement recours à des petits centres de tri. « Rien qu’en en France, il y en a plus de 250 spécialisés dans le plastique, collectant ou non chez leurs clients qui travaillent sur 20, 25, 30 t par jour avec moins d’une dizaine des salariés. On est loin des grands centres destinés au tri général des collectivités à plus de 700 t par jour. Ces grandes structures peuvent avoir les moyens de portiques analysant les plastiques qui défilent. »
Mais pas les petits centres où il faut compter sur l’expérience, le savoir-faire « tactile » (au toucher, en pliant), voire relatif à l’ouïe pour essayer de s’assurer de la nature de certains plastiques qui arrivent. « J’ai sondé une trentaine d’entreprises depuis le lancement du projet. Dans les petits centres de tri, le taux d’erreur est d’un cinquième en moyenne, met en avant Clara Spetebroodt. Cela entraîne des coûts et du gâchis. Chez un recycleur de plastique qui suit le centre de tri dans la chaîne de production, les dégâts liés à de telles erreurs peuvent être encore plus considérables. Nous visons d’ailleurs aussi ces entreprises, voire des gros centres généralistes mais alors au niveau du contrôle qualité. »
Des recrutements à venir au sein de Plas’tri
Eux aussi peuvent trouver un avantage dans ce petit scanner portable disposant 8 heures d’autonomie. L’identification des plastiques est réalisée par spectroscopie proche infrarouge, « technique la plus fiable à ce jour » : en pressant la gâchette, un signal lumineux est envoyé contre le déchet sur lequel l’appareil est pointé. Chaque type de plastique va filtrer différemment ce signal, ce qui va permettre sa juste identification. Une fois ce signal analysé, le nom du plastique s’affiche clairement sur l’écran de la « scannette ». L’appareil de Plas’tri, a l’avantage d’être léger, robuste et facile à prendre en main, ne réclamant que 15 minutes d’apprentissage selon ses inventeurs.
Loué (plutôt que vendu dans un souci « d’éco fonctionnalité ») quelques centaines d’euros par mois, l’appareil est ainsi censé en faire économiser au client des milliers dans le même laps de temps. Soutenue par des acteurs locaux – Saint-Etienne Métropole, Fondation Mines Télécom, Ronalpia – et ayant obtenu des bourses de la part de la French tech ou encore à l’échelle européenne, la start-up espère d’ici 2025 compter cinq collaborateurs (créateurs compris) entre recrutement de techniciens et commerciaux. Un premier commercial devrait l’a rejoindre d’ici la fin de l’année. Plas’tri table sur un premier véritable chiffre d’affaires de 88 000 € cette année puis de 288 000 en 2023 et enfin, 770 000 € en 2024.