Saint-Étienne
vendredi 26 avril 2024
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A Saint-Etienne, la zone 30 km/h sera considérablement étendue en septembre

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Visée pour la prochaine Fête de la musique, la piétonnisation définitive de la place Jean-Jaurès à Saint-Etienne s’inscrit dans une volonté, dit la majorité municipale, d’apaiser la circulation du centre-ville. Elle est donc indissociable de la suite : l’extension de la zone limitée à 30 km/h créée en 2015, à l’ensemble du centre-ville, entendre l’intérieur du boulevard urbain. Les aménagements seront réalisés cet été pour une application espérée début septembre sur 29 km supplémentaires.

29 km supplémentaires à l’intérieur du boulevard urbain vont passer à 30 km/h. ©If Média/NB

En conseil municipal, elles n’ont pas encore fait l’objet de délibérations mais de simples évocations. Lors de la dernière séance de l’assemblée, Claude Liogier, adjoint à la circulation et à la mobilité avait ainsi cité l’extension de la zone 30 km/h ainsi que la piétonnisation définitive de Jean-Jaurès parmi les investissements 2023 liés à sa délégation. Comme chaque élu concerné l’avait d’ailleurs fait. Car ce 27 mars, le sujet soumis au débat public n’était ni l’une, ni l’autre mais le budget primitif. La piétonnisation définitive de Jean-Jaurès ne sera pas votée. Elle est acquise et déjà tranchée à la suite du test effectué et prolongé l’été dernier. Une décision d’ailleurs saluée par le collectif militant Place aux piétons, dans un communiqué. L’extension de la zone 30 km/h non plus ne sera pas soumise aux votes. Un arrêté municipal sera simplement pris (contrairement à la première information donnée, mise à jour mardi 23 mai 22 h 15).

Sollicité par If Saint-Etienne pour en savoir davantage sur les deux sujets, l’exécutif nous a directement répondu par la voix de son maire, Gaël Perdriau. Vis-à-vis de Jean-Jaurès déjà : « Notre objectif est d’être prêt pour la Fête de la musique fin juin, donnant du coup, un côté symbolique à cette évolution. Mais le calendrier dépend de la réception et de l’installation des nouvelles bornes rétractables (pour un coût d’environ 100 000 €, Ndlr). Pascale Lacour (adjointe au commerce, Ndlr) a consulté individuellement les commerçants de la place à la suite des tests effectués cet été. Ils lui ont fait part des ressentis des clients. Nous avons aussi sollicité les riverains. Les retours sont unanimement en faveur d’une piétonnisation définitive. » Côté kiosque, comme côté cathédrale Saint-Charles, le macadam ne sera plus accessible qu’aux seuls riverains, livreurs, et véhicules de sécurité et secours. Sur l’axe Gerentet les bus continueront à circuler, comme devant le Roberto sur la chaussée sud de la place vers la rue d’Arcole.

52 km de voiries municipales à 30 km/h

Ce qui implique la pose de bornes à l’issue de la rue Gérentet en provenance de la place Hôtel-de-Ville. Mais aussi de la rue Praire en provenance de la place Jacquard et, enfin, au milieu de la rue Emile-Combes pour conserver l’accès à l’entrée du parking souterrain jouxtant la cathédrale. La rue du 4-Septembre sera aussi piétonnisée sauf exceptions citées plus haut en conservant le même sens de circulation. A l’est, les sens de circulation n’auront rien de neuf. A l’exception de la rue de Lodi, où il sera inversé jusqu’à l’intersection avec Rouget-de-Lisle pour détourner de Jean-Jaurès les véhicules empruntant la rue Gérentet. C’est le plan de circulation qui avait été temporairement mis en place cet été. A noter à propos de piétonnisation à Saint-Etienne que « nous venons de passer des commandes pour sacraliser d’ici l’été 2024 celle du quartier Saint-Jacques où un certain nombre d’entre elles ne fonctionnent plus », précise Gaël Perdriau.

La piétonisation de la place Jean-Jaurès ferait l’unanimité. ©If Média/NB

Créée en 2015, la zone limitée à 30 km/h au sein de l’hyper centre est actuellement appliquée sur 17 km de voirie de la préfecture jusqu’au Musée d’Art et d’Industrie, du nord au sud et du Palais de justice à la place Fourneyron, d’ouest en est. Là aussi, son extension à l’ensemble de l’intérieur du boulevard urbain, soit 29 km de plus pour atteindre un total de 52 km de voiries municipales (ne relevant ici pas de Saint-Etienne Métropole comme c’est désormais souvent le cas sur des axes majeurs), est dépendante de la concrétisation des marchés publics. Entre signalisations et nouveaux marquages au sol, il y en a pour environ 750 000 €. « Ces aménagements sont prévus pour cet été. Nous avons pour objectif qu’ils soient prêts pour la rentrée universitaire en septembre », annonce Gaël Perdriau. L’investissement comprend l’aménagement des 17 portes principales entrées/sorties, la signalisation verticale et horizontale, la dépose et la reprogrammation des feux (gestion de la vitesse à 30 km/h et gestion des contre-sens vélos).

Une politique d’apaisement très débattue

« Nous n’avons pas une enquête scientifique à relayer mais là aussi le 30 km/h semble apprécié, poursuit le maire. Si le bilan des 17 km déjà à 30 km/h serait mauvais ou créerait des hostilités, on en aurait largement plus d’échos avec un lot conséquent de courriers et réclamations. Ce n’est pas le cas. » Pour la municipalité, le projet n’est pas isolé et s’articule autour d’une « réelle volonté », dit-elle, d’apaiser peu à peu le centre-ville de Saint-Etienne. Associé au développement des Véliverts et de nouvelles pistes cyclables (plans métropolitain et intramuros), « le 30 km/h vise à affirmer une voirie partagée, équilibrée entre piétons, cyclistes et voitures. Cela donne davantage de responsabilité aux automobilistes. Attention : je ne dis surtout pas que c’est toujours facile de circuler à vélo dans Saint-Etienne. On connaît les problématiques de nos rues étroites, les conséquences de l’urbanisation telle qu’elle a été menée dans le passé et on essaie d’améliorer les choses, de s’adapter à l’existant. Dans des rues, comme celle de la Résistance oui, ce n’est pas évident. Surtout que le Code de la route exige un double sens de circulation pour les vélos en zone 30. »

Je ne dis surtout pas que c’est toujours facile de circuler à vélo dans Saint-Etienne. On connaît les problématiques et on essaie d’améliorer les choses.

Gaël Perdriau, maire de Saint-Etienne

Cependant, « s’il y a eu une série d’accidents dramatiques, nous ne sommes quand même pas au niveau de Paris ou d’autres grandes villes à ce sujet. Nous nous félicitons d’ailleurs d’avoir refusé de lancer un dispositif de de trottinettes en libre-service… Au niveau du vélo, il y a désormais aussi des parcours indéniablement plus confortables, comme d’aller de Châteaucreux au Soleil ». Le vélo à Saint-Etienne… Un sujet épineux, qui provoque souvent les pics et ripostes de toutes parts à coup de communiqués, communication, brandissage de classements de villes peu favorables et autres prises de positions estimant la politique municipale trop superficielle dans ce domaine. La mairie, elle, rappelle qu’en « termes de piste cyclable proprement dites, il y a environ 6,5 km (Fraissinette, Péri/Ambroise Paré, Tréfilerie, Petit Cabaret) faits ou en cours. Ce chiffre ne prend pas en compte les « bandes cyclables », beaucoup plus nombreuses, type rue du Gris-de-Lin ».

Une logique d’ensemble

Le kilométrage des pistes, les vraies, va, dans les années qui viennent, « fortement » progresser, ajoute la majorité, citant en exemple, les axes « Martin-Bernard/Daguerre, Normandie Niemem et 38e RI ». Nous avions consacré un dossier confrontant les points de vue au sujet du vélo à Saint-Etienne à l’automne 2021. Pour revenir aux seules piétonisation et extension du 30 km/h, If Saint-Etienne a contacté Jean Duverger, élu EELV pour connaître la position de son camp sur les deux initiatives. Un rien goguenard, le conseiller municipal d’opposition en conclut « qu’une fois de plus, les écologistes ont le tort d’avoir eu raison trop tôt ! On est évidemment en faveur de ces décisions. Mais concernant la piétonnisation de Jean-Jaurès… quelle « audace », comme nous l’avions dit cet été ! Moins ironiquement, cela ne va évidemment pas assez loin. Cela manque d’ambition vis-à-vis des enjeux. Passer l’ensemble de l’hypercentre en zone piétonne pour un parcours continu apaisé, c’est nécessaire mais aussi faisable. »

Une fois de plus, les écologistes ont le tort d’avoir eu raison trop tôt !

Jean Duverger, élu d’opposition EELV

Et ce n’est pas une simple vue d’esprit dogmatique, assure-t-il : « Nous le proposons depuis longtemps à partir d’un travail technique sérieux, y compris sur les problématiques de livraison. Et en ayant aussi discuté du sujet avec de nombreux commerçants, plus favorables à l’idée que certains le pensent. Quand on voit la franche réussite de l’idée dans le quartier gratte-ciel de Villeurbanne… Le 30 km/h ? Je suis revenu habiter Saint-Etienne en 2017. Avant, j’utilisais mon vélo au quotidien, pour aller au travail, etc. Là, au bout de deux jours, j’ai laissé tomber. Donc oui, ce n’est pas facile mais nous accusons un retard considérable à Saint-Etienne et on avance beaucoup trop timidement. Rendre plus apaisée la ville réclame une logique d’ensemble faisant appel à d’autres éléments, comme la végétalisation. »

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