Des travaux majeurs vont s’engager à l’entrée ouest de Saint-Chamond
Il s’agit de la phase 2 des aménagements autour du Janon et Langonand, affluent et sous-affluent du Gier. Ces travaux visent à réduire le risque d’inondations. La phase 1 s’était éternisée de fin mai à début novembre entraînant le blocage de l’axe essentiel qu’est le boulevard Waldeck-Rousseau. Puis en juillet, de monstrueux embouteillages dans Saint-Chamond, sur l’A47 et la RN88 quand une rénovation sur le viaduc de Langonand avait été simultanément engagée par la Dir. Pas de circulation coupée cette fois-ci. Mais des travaux majeurs, malgré tout, d’avril à décembre avec, au passage, le désenclavement du quartier du Paradis. Et une surprise gazière en prime…
Ça fait « un peu » froid dans le dos. A Saint-Chamond, depuis des décennies, des coups de bêche sont inconsciemment donnés au-dessus d’une conduite de gaz, cachée sous terre à quelques dizaines de centimètres de profondeur. De 37 à 70 cm exactement. L’existence de cette conduite au sein des jardins ouvriers qui occupaient jusque-là un terrain privé le long du Janon et du boulevard Waldeck-Rousseau, Saint-Etienne Métropole et la Ville de Saint-Chamond l’ont découverte en effectuant le diagnostic préparatoire de la phase 2 des travaux autour des petites rivières Janon et Langonand.
La partie problématique, héritière d’une époque qui ne souciait pas autant des normes que la nôtre, est longue d’une cinquantaine de mètres jusqu’à ce qu’elle s’enterre plus profondément sous le Janon. Cette conduite sert à alimenter un site d’Industeel à Novaciéries à quelques centaines de mètres de là. Elle est désormais signalée par une série de piquets et les cabanes et plantations au-dessus ont déjà été déblayées. Mais qui va payer les 500 000 € estimés pour sécuriser cette portion ? Selon Saint-Etienne Métropole, le propriétaire, GRDF ne serait pas follement enthousiaste pour régler la note. Les négociations entre ces différents représentants de la gestion publique se poursuivent. Pour le reste, tout est déjà calé.
Une crue « trentennale » coûterait 10 M€ de dégâts à Saint-Chamond
Il s’agit de la phase 2 des aménagements autour des affluent et sous-affluent du Gier que sont le Janon et Langonand, visant à réduire le risque d’inondations. Une compétence de Saint-Etienne Métropole qui se concrétise dans le cadre du contrat rivière du Gier. Objectif : augmenter la capacité d’écoulement de Langonand de 18 à 42 m3/s, soit le débit induit par une crue centennale. Et pour le Janon, de 47 m3/s à 74 m3/s d’ici 2023. De quoi encaisser là, seulement une crue trentennale pour la seconde rivière grossie par la première. L’enjeu est de taille. Si Saint-Chamond devait actuellement subir ce dernier scénario, le coût des dégâts potentiel est estimé à… 10 M€ (et 30 M€ en cas de crue centennale) ! « Or, on n’est vraiment pas passé loin à plusieurs reprises ces dernières années, remarque Saint-Etienne Métropole. En 2008, en 2014 ou encore en novembre 2016. »
L’augmentation du risque climatique a fini de mettre en évidence l’obsolescence d’aménagements trop étroits – techniquement et d’esprit – liés à l’industrialisation de la vallée du Gier, exactement comme dans l’Ondaine. D’où l’augmentation de la taille de l’ouvrage voisinant la caserne des pompiers en 2021. Une opération compliquée qui a exigé des mois de travaux et longtemps perturbé la circulation. Il faut, aussi, élargir le lit des rivières et recréer des berges en pente douce autour afin de laisser les cours d’eau y étaler leurs débordements. C’est l’objet de cette phase 2 dont les travaux doivent s’engager en avril et durer jusqu’à décembre sans, cette fois, bloquer le boulevard Waldeck-Rousseau.
66 logements, 24 entreprises et 2 ERP protégés
A elle seule, cette phase 2 des travaux permettra « la protection de 66 logements, 24 entreprises et deux établissements recevant du public (la caserne des pompiers et le centre social Lavieu, Ndlr) », précise Jean-Luc Degraix, adjoint à l’urbanisme de Saint-Chamond. Il s’agit de donner une nouvelle physionomie à une parcelle de forme triangulaire de près de 9 000 m2 longeant le Janon, le décaisser pour lui donner une pente plus douce. L’aspect final de l’aménagement ressemblera à ce qui a été réalisé en 2018-2019 (avec des objectifs anti-inondations similaires) autour du Gier dans le quartier du Creux, à proximité de la piscine à vagues. Ce ne sera donc pas véritablement d’un parc public même si cet espace vert devrait rester accessible avec quelques installations sommaires.
Une quinzaine de jardins ouvriers occupant ce terrain privé racheté début mai par la mairie pour 650 000 € seront donc déménagés ailleurs à Saint-Chamond sur des parcelles municipales (à Fonsala et Moulin-Combat), la Ville assurant avoir des solutions pour chacun des locataires actuels du terrain repris. Jouxtant ce dernier à l’ouest, deux habitations abandonnées seront rasées. Le petit pont de la rue du Paradis sera lui démoli et reconstruit et le parking, actuellement quelque peu sauvage, sera « normalisé ». Une troisième phase interviendra en 2023 pour poursuivre les travaux d’augmentation de capacité du Langonand et ainsi protéger 16 logements le bordant immédiatement au nord et au sud.
Une nouvelle voie pour le Paradis
Le coût de ces travaux – 2 M€ HT pour la première phase en 2021, 2,5 M€ HT pour la suite – est pris en charge par Saint-Etienne Métropole, cependant aidée à 50 % par l’Etat entre Agence de l’eau et programme d’action de prévention des inondations (PPI). Mais la Ville de Saint-Chamond va en profiter pour tenter de désenclaver le quartier du Paradis. « Il s’agissait d’une demande des habitants depuis notre arrivée à la municipalité en 2014, souligne le maire Hervé Reynaud. Aux heures de pointe, c’est l’enfer pour eux de s’extraire de leur quartier. D’autant qu’il y a la perspective de la nouvelle mosquée. »
Pour 700 000 € HT, une nouvelle voirie sera donc créée simultanément aux travaux de Métropole en lieu et place du sentier du Paradis, partant de la rue éponyme pour aboutir devant la caserne des pompiers. Actuellement en grande partie piéton, cette voie sera élargie et laissera une place sécurisée aux piétons à défaut d’une piste cyclable. Ce qui a valu à la majorité quelques critiques. Celle-ci estime que l’investissement ne serait pas pertinent ici. Entre autres en raison d’une piste majeure, à proximité, celle du boulevard Waldeck-Rousseau.
Il n’est pas question de pertinence pour la piste cyclable, il est question d’obligation légale.
Bonjour
L’article était essentiellement consacré à ce qui allait se passer dans ce secteur, ces travaux complexes ayant un impact et un intérêt très importants, vis-à-vis de la problématique des inondations. Ce qui réclamait déjà de longues explications. La nouvelle voie est un sujet lié mais annexe que nous n’avons effectivement pas développé. « Pas pertinent » d’y mettre une piste cyclable est l’argument de la mairie. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette obligation légale ?
Il s’agit de la loi LAURE, complétée par la loi LOM, qui rend obligatoire, pour tout nouvel aménagement ou réfection, la mise en œuvre de piste cyclable, bande cyclable, voie verte, ou zone de rencontre.
Plus précisément, il s’agit notamment de l’article L228-2 de la loi LOM (code de l’environnement).
Bonjour. Nous avons confronté la municipalité à cet argument.
Elle cite, elle aussi, cet article de la loi : « A l’occasion des réalisations ou des rénovations des voies urbaines, à l’exception des autoroutes et voies rapides, doivent être mis au point des itinéraires cyclables pourvus d’aménagements prenant la forme de pistes, de bandes cyclables, de voies vertes, de zones de rencontre ou, pour les chaussées à sens unique à une seule file, de marquages au sol, en fonction des besoins et contraintes de la circulation. Lorsque la réalisation ou la rénovation de voie vise à créer une voie en site propre destinée aux transports collectifs et que l’emprise disponible est insuffisante pour permettre de réaliser ces aménagements, l’obligation de mettre au point un itinéraire cyclable peut être satisfaite en autorisant les cyclistes à emprunter cette voie, sous réserve que sa largeur permette le dépassement d’un cycliste dans les conditions normales de sécurité prévues au code de la route. »
Selon la Ville de Saint-Chamond, « la loi n’oblige à aménager une piste systématiquement mais à évaluer systématiquement les besoins ». Elle les estime ici, sur cette voie précisément, insuffisants en raison d’une piste cyclable suivant un itinéraire identique à proximité immédiate. La voie, élargie, sera cependant bien sûr ouverte aux vélos.