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samedi 27 avril 2024
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Finances : Saint-Etienne Métropole se débarrasse d’une angoisse

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Avec le recul, l’année de l’angoisse n’en a finalement pas été une pour les finances de Saint-Etienne Métropole, met en avant son exécutif : le 29 juin, les comptes administratifs 2022 – l’examen et le vote de la réalité budgétaire de l’année écoulée par rapport aux prévisions – étaient au programme de l’assemblée communautaire. L’occasion aussi d’apprendre, que deux emprunts toxiques, deux bombes dont une à 52 % d’intérêts sur le point d’exploser, vient d’être désamorcée en lâchant 13,7 millions. Pour gagner 5 ans…

Lors de la séance à Geoffroy-Guichard le 29 juin. ©If Média / Xavier Alix

Les bonnes nouvelles manquent souvent de visibilité voire aussi, de lecteurs motivés. Alors celles qui sont invisibles… Qui exprimera sa « joie » ou du moins, plus raisonnablement, son soulagement, d’avoir échappé à l’embrasement programmé des derniers emprunts toxiques de Saint-Etienne Métropole ? Depuis la fin de l’hiver dernier, 10 M€ engagés avec Natixis pouvaient exploser à un taux de 52,8 % en raison de l’actualité financière internationale et, plus particulièrement celle de la Suisse, dans le cadre des suites complexes d’un de ces dangereux montages aux mécanismes sibyllins typiques des années 2000. Un autre emprunt, à 30 M€ lui, voyait un 18,4 % d’intérêt lui pendre au nez. Soit environ 11 M€ à eux deux sur une année, plusieurs dizaines de millions d’euros à rembourser sur années à venir, juste pour ces emprunts courant jusqu’en 2036. De quoi plomber, au moins en partie, les plans de l’exécutif pour les habitants de Métropole.

« Nous sommes très vigilants sur le sujet et effectuons un suivi quotidien là-dessus », précisait Christian Julien fin mars. Il valait mieux : l’application des 52,8 % était pour octobre. Il y a dix jours, la présentation des comptes administratifs 2022 de Saint-Etienne Métropole (la validation de la réalité budgétaire de l’an passé) à la presse a été l’occasion pour le maire de Saint-Genest-Lerpt, de parler d’une nouvelle aussi « excellente » qu’« inattendue » à ce sujet : cette bombe est désamorcée pour au moins 5 ans. « Nous sommes parvenus à un accord validé début mai avec Natixis de stabilisation à un taux d’intérêt raisonnable de 4,95 % jusqu’en 2028. Nous avons pour cela consenti à payer 13,7 M€ sur les 15 M€ de provisions déjà constituées. L’opération est neutre sur notre budget. » Une « bonne base », en tout cas, pour de futures négociations et mettre de côté cette menace, dans l’immédiat, dont le boomerang sera, dans les conditions actuelles, actif jusqu’en 2036, date de la fin des échéances.  

« L’effet ciseau ne s’est pas produit »

Impossible à négocier et angoissant en début d’année, les chutes successives de la Silicon Valley Bank, du Crédit suisse puis, enfin de la First Republic Bank ont permis d’obtenir l’accord auprès de Natixis dont l’effort s’élève à 3,7 M€. Les comptes administratifs, eux, ne parlent pas d’avenir, de ces paris tordus et heureusement révolus sur le franc suisse mais de la réalité du passé par rapport au pronostic. « Malgré une élaboration avant la guerre en Ukraine et toute une série d’éléments impactant (l’amplification de l’inflation qui en a découlé mais aussi la revalorisation du point d’indice qui vient impacter la masse salariale, Ndlr), on peut apprécier la sincérité de nos prévisions et la hauteur de nos réalisations », constate Christian Julien. « D’autres le contrediront mais c’est une réalité satisfaisante, au rendez-vous et non de l’autosatisfaction : dans le budget principal, les recettes ont été à la hauteur et même supérieures à ce qui était prévu, les dépenses contenues. Bref, l’effet ciseau ne s’est pas produit. »

Malgré une élaboration avant la guerre en Ukraine et toute une série d’éléments impactant, on peut apprécier la sincérité de nos prévisions.

Christian Julien, vice-président au budget de Saint-Etienne Métropole

Ce qui permet à l’exécutif, ajoute le vice-président de se projeter sereinement sur 2023, 2024, et d’entrevoir positivement 2025 et 2026. Idem pour les budgets annexes : transports, assainissement collectif, Spanc, eau et zones industrielles. Dans le détail, avec l’augmentation de l’imposition décidée par le pacte financier présentée en septembre 2021, les recettes ont été à la hauteur des espérances voulues et même plus avec 328 M€ en fonctionnement (307,4 M€ en 2021) dépendant à 69 % de la fiscalité des ménages et des entreprises (16 % de dotations de l’Etat, encore en repli l’an passé). 254,4 M€ ont été dépensés en fonctionnement (244,8 M€ en 2021), dont 35 % affectés au reversement des communes avec donc l’inflation des achats, des fluides et ses nouvelles lignes comme la Gemapi. Malgré cela, côté investissement, 127,6 M€ ont été dépensés (109,6 en 2021) dont, en équipements, 112,45 (99,1 en 2022). Et Christian Julien de poursuivre :

130 M€ réalisés, « c’est inédit »

« Atteindre presque 130 M€ réalisés, c’est inédit. Il y a quelques années, on était à 60/70. Si on compare avec 2017, nous étions à 51,6 M€ de dépenses d’équipements. Nous avons donc plus que doublé, conformément à l’objectif de doubler l’investissement (de 400 à 800 M€ sur le mandat, Nldr). Le taux d’exécution brut des investissements est à 70 %. Cependant, il faut mettre dans la balance 14 M€ non utilisés par les communes – c’est leur choix – au niveau de la voirie. Ce qui donne sans ça, 82 % de réalisation, un excellent taux. » Le niveau de l’épargne nette a progressé de presque 7 M€, « quasiment en conformité avec ce qui avait été prévu », note Christian Julien qui se veut rassurant sur l’effondrement (- 66 %) de cette même épargne budgétée en 2023 : « Ce n’est pas parce qu’il y a un fléchissement constaté que pour autant, notre capacité à investir est altérée. Il y a un élément d’analyse financière qui nous permet d’intégrer cela et de corriger si nécessaire. »

4,5 ans de capacité de désendettement sur un budget principal d’une métropole, je demande à voir mieux.

Christian Julien

Pour revenir à la dette, au niveau du budget principal, l’encours (57,26 % de l’ensemble) s’élevait à 324,3 M€ au 31 décembre pour une sortie potentielle en 4,5 ans, en dessous de la zone de danger estimée autour de 10 ans. « 4,5 ans de capacité de désendettement sur un budget principal d’une métropole, je demande à voir mieux », lance Christian Julien. Passé de 348 M€ en 2017 à 313 M€ 2020, le cumul de la dette est donc reparti et s’accentuera en 2023 : un recours à l’emprunt à 99,3 M€ (budget principal et annexes confondus) est prévu. Ce qui ne signifie pas qu’il sera à 100 % réalisé. Comme en 2022 d’ailleurs, 98 à 58 M€. Là aussi, « il faut donc démystifier. L’endettement quand il y a des projets, c’est normal et ce n’est pas le problème quand la situation est saine. C’est le cas ».

De « l’entêtement » pour les écologistes

L’exécutif de la Métropole assure que la gestion des finances est saine. ©If Média / Xavier Alix

Par la voix de Jean Duverger, les élus écologistes stéphanois ont à nouveau fait part de leur avis sur la conduite des finances de Métropole en général davantage que sur les comptes administratifs 2022. Le maintien du cap financier relève pour eux de « l’entêtement » puisqu’il continue à « mettre en œuvre un plan d’investissement décidé avant la reprise de l’inflation. L’inflation a pour conséquence la hausse des taux des emprunts et des prix des matériaux de construction. Cette hausse se répercute et se répercutera sur les capacités d’investissement de Saint-Etienne Métropole ». L’épargne nette s’en trouve déjà largement affectée, rappellent les écologistes en évoquant non les comptes administratifs 2022 mais le budget prévisionnel 2023. Elle avait atteint 44 M€ en 2022 avant « de se replier sévèrement en 2023. Elle devrait, et c’est inévitable, s’établir à 15 M€ seulement en 2023 (chiffre prévu au Budget Prévisionnel), soit une baisse de 66 % d’une année sur l’autre… »

Saint-Etienne-Métropole ne doit pas avoir peur de renoncer à certains investissements pour les rediriger sur d’autres.

Jean Duverger, élu EELV stéphanois

Mais encore plus qu’une déstabilisation des finances que conteste fermement l’exécutif métropolitain, sûr de son assise, c’est l’utilisation de l’argent qui alarme Jean Duverger et ses collègues : « La question est de savoir si les investissements réalisés sont les bons, s’ils sont capables de préparer notre collectivité à faire face au défi du changement climatique qui s’amplifie déjà. Je parle d’un plan ciblé sur l’isolation des bâtiments d’habitation, pour protéger le reste à vivre des populations et diminuer les frais de fonctionnement de Saint-Etienne Métropole. (…) Saint-Etienne-Métropole ne doit pas avoir peur de renoncer à certains investissements pour les rediriger sur d’autres… » Patinoire et Cité du design 2025 étaient à nouveau mis en joue, considérant que l’urgence est « d’économiser l’énergie et de se donner les moyens de développer la production d’énergies renouvelables » ou encore de sécuriser l’approvisionnement en eau.

Cap sur « la ligne Maginot »

 « Il ne tient aujourd’hui, pour l’essentiel, qu’à une canalisation d’une quarantaine de km de 51 ans d’âge qui relie le barrage de la Valette à l’usine de traitement de Solaure. C’est aussi la qualité de l’eau qu’il faut rétablir dans la vallée de l’Ondaine où sa potabilité questionne. » Mettre fin à cet entêtement qui, dira plus tard Jean Duverger, lui fait penser à l’illusion de la ligne Maginot dans les années 1930 face à la menace montante, c’est pour l’élu réorienter des idées prises en 2021 rendues définitivement caduques par la guerre en Ukraine. Autre opposante stéphanoise, PS, elle, Isabelle Dumestre expliquait l’opposition de son groupe à ces comptes administratifs, non par en raison de la qualité du travail effectué mais parce qu’il était en désaccord sur les propositions du budget primitif et que celles-ci n’ont pas été modifiées.    

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