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Sénatoriales dans la Loire : imbroglio, à droite et… à gauche

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Pourquoi les listes de droite ont-elles vu double à Saint-Etienne le 10 juin ? Suite à notre publication du 29 juin, Antoine Poméon, responsable des jeunes LR de la Loire, élu municipal stéphanois a tenu à apporter sa version. Mais l’essentiel n’est pas là : l’affaire du chantage n’a pas été étrangère à une concurrence, entre une liste UDI/LR et celle guidée par la majorité municipale, pour élire environ 160 grands électeurs supplémentaires auxquels a droit la ville de Saint-Etienne. Au point de perturber les plans de la droite dans la Loire ? A gauche aussi, ceux-ci sont quelque peu perturbés, les écologistes songeant très sérieusement à présenter une liste le 24 septembre pour la vraie élection…

L'hémicycle du Sénat français en septembre 2009. Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license. Attribution: Romain Vincens
L’hémicycle du Sénat français en septembre 2009. Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license. Attribution: Romain Vincens

Suite à notre publication le 29 juin à propos de l’élection, par le conseil municipal de Saint-Etienne, des grands électeurs (179 délégués dits supplémentaires et 50 suppléants en plus de ceux de droit) qui voteront à leur tour aux prochaines Sénatoriales le 24 septembre, Antoine Poméon, responsable des jeunes LR de la Loire, qui a intégré l’assemblée cet automne pour remplacer numériquement le départ de Samy-Kéfi Jérôme mais sans pour autant faire partie de la majorité (il était sur la liste de Gaël Perdriau en 2020 mais se désolidarise de ce dernier en raison de l’affaire de chantage), a tenu à réagir. Pour rappel, le 9 juin, la droite a présenté deux listes afin de désigner les près de 160 grands électeurs supplémentaires auxquels a droit la ville de Saint-Etienne (pour comprendre comment fonctionne les Sénatoriales, cliquez ici) : celle dite « Préférons le défi », affiliée au maire exclu des Républicains. Et celle dite « UDI/LR », lancée en parallèle, en raison des publications de Médiapart, de l’affaire judiciaire qui en découle et de l’exclusion de l’UDI Lionel Boucher de la majorité.

Comme nous vous l’indiquions dans une mise à jour mercredi de notre publication, Antoine Poméon reconnaît une erreur liée à une incompréhension entre le staff des jeunes Républicains et un de leurs jeunes militants, Adrien Revers, ayant abouti à son inscription sur la liste UDI/LR menée par Camille Rey comme délégué supplémentaire, alors qu’il ne pouvait pas garantir sa présence physique à l’élection sénatoriale du 24 septembre. Afin d’éviter une amende en cas de non-présence de 100 €, il avait fait part succinctement, par un courrier daté du 13 juin, au maire et à la préfecture sa volonté de ne pas être inscrit dans cette élection déjà effectuée 4 jours avant. Il s’est à nouveau expliqué, plus en détails, revenant sur cette « incompréhension », au maire dans un courrier le 30 juin conforme aux arguments d’Antoine Poméon après les échanges entre ce dernier et Antoine Poméon au conseil municipal du 26 juin.

Que feront les 150 délégués acquis à Gaël Perdriau ?

Cependant, l’annulation de l’élection du 9 juin par la préfecture, elle, n’aurait rien à voir avec ce fait, assure Antoine Poméon. Adrien Revers n’est pas la personne qui a été inscrite sur les deux listes Préférons le défi et UDI/LR. C’est un militant LR, Marc Girardon qui l’a été, assure Antoine Poméon : « Marc Girardon a en effet été démarché par un membre de la majorité de Gaël Perdriau mais pour intégrer la liste Préparons le défi. Mais il n’a alors pas réalisé que celle-ci se distinguait, en raison du contexte, de notre liste LR/UDI pour laquelle il avait notre accord depuis plus longtemps. Il a cru à une confirmation. D’où cette double inscription. Au final, c’est bien sur notre liste qu’il souhaitait être inscrit et qu’il l’a été. » Le patron des Jeunes Républicains nous a transmis, comme la partie adverse l’avait fait, un courrier manuscrit de l’intéressé datant du 30 juin prouvant cette volonté.  

Lundi 3 juillet, à la sortie de cet énième imbroglio – on est plus à une brouille près au sein du conseil municipal stéphanois –, la seconde version de l’élection, celle définitive, a donné 39 voix (37 le 20 juin) pour « Préférons le défi » qui obtient donc 122 délégués et 35 suppléants ; 7 voix pour les LR/UDI (7 en juin), soit 21 délégués et 6 suppléants. 5 voix pour Le Temps de l’écologie (7 en juin), soit 15 délégués et 4 suppléants. 2 voix pour la liste communiste (2 en juin), soit 6 délégués et un suppléant et enfin, comme en juin aussi, 5 voix pour la liste Saint-Etienne Demain (PS – divers gauche), soit 15 délégués et 4 suppléants. Quelle sera la consigne de vote le 24 septembre, s’il y en a une, donnée par Gaël Perdriau aux délégués élus et de sa majorité sur sa liste ? Voteront-ils du coup, en partie, pas du tout ou tous pour ce qui est, à ce stade, et le sera très probablement, l’unique liste de droite, contrairement à 2017 où elles étaient trois ?

876 voix pour la droite sur 1 826 votants en 2017

Car la liste LR et DVD est menée par le maire LR de Saint-Chamond Hervé Reynaud qui a appelé à la démission de Gaël Perdriau cet automne… Si l’élection du 1er vice-président couramiaud de Saint-Etienne Métropole ne fait quasiment aucun doute, le risque probable de ne pas obtenir les voix de 150 grands électeurs (122 élus le 3 juillet + une trentaine de droit, sa majorité), a priori acquis à Gaël Perdriau (sur un total d’un peu plus de 1 800 déléguer dans la Loire) peut davantage peser pour l’élection de la n°2 de la liste, la Roannaise Clotilde Robin, par ailleurs 2e vice-présidente au conseil départemental. En 2017, à l’échelle de la Loire seules des têtes de liste avaient été élues aux quatre sièges de sénateurs que compte le département. Dont deux des trois listes de droite concurrentes. Celles-ci étaient arrivées 1ère et 4e (sur un total de huit listes, tous partis confondus présentées) avec respectivement 480 voix, faisant élire le LR Bernard Bonne et 248 voix, faisant élire le LR Bernard Fournier.

Sénat
Le Sénat, à Paris.

Surtout que, comme en 2017, le RN présentera une liste en 2023 et on ne peut pas s’empêcher d’imaginer que le parti de Marine Le Pen faire au moins un petit peu mieux, au regard des derniers événements, que son tout petit score – seulement 65 voix – de 2017, en ponctionnant du côté des électeurs, là aussi a priori, de droite. Cela, même si le contexte de ces élections est radicalement différent des habituelles au suffrage universel. Imbroglio à droite donc mais aussi… à gauche… Il y a pour l’instant, officiellement, deux listes déclarées, celles annoncées par les sortants Cécile Cukierman (PC) qui reste encore à présenter et celle de Jean-Claude Tissot (PS) qui en a déjà donné sa composition et son programme. Il semble qu’il devient de moins en moins probable qu’une liste LFI soit de la partie, si tant est que cette présence dans la Loire, comme ailleurs, fut un seul instant envisagé par le parti de Jean-Luc Mélenchon.

Accord et désaccord entre le PS et les Verts

Et du Côté des Verts ? L’élu stéphanois EELV Olivier Longeon nous avait indiqué il y a 4 mois, que cela dépendrait des discussions nationales avec les alliés de la gauche et, derrière locales, pas encore commencées à cette époque, mais qu’une liste ligérienne de son parti n’était alors pas exclue. Contactée ce jour, Julie Tokhi, elle aussi élue stéphanoise d’EELV nous apprend qu’à l’heure actuelle, non seulement il n’y a toujours pas d’accord avec le PS mais qu’elle envisage de mener une liste en cours de constitution avec pour n°2 Julien Chanelière (élu EELV de Rive-de-Gier) :

« Nos discussions devaient avoir lieu avec le PS, comme au niveau national, surtout que localement, nous sommes en phase avec les prises de position et les propositions de Jean-Claude Tissot, notamment sur le plan environnemental. Toujours localement, nous ne souhaitions pas de rapprochement avec Cécile Cukierman car elle a déclaré vouloir militer pour revenir sur le Zéro artificialisation net de 2050. Hélas, avec les socialistes, aucun contact n’a vraiment eu lieu avant que nous apprenions que leur liste était déjà ficelée sans élus EELV alors même que la Loire faisait partie d’un accord national entre nos deux partis sur 15 départements conclu début juin. »

Et la majorité présidentielle ?

Dans l’attente de consignes nationales définitives, EELV a donc commencé à travailler à constituer sa propre liste même s’il n’est pas encore certain qu’elle entre en jeu. Ce qui selon Julie Tokhi, a provoqué le mécontentement du PS et une réunion entre eux le 16 juin n’ayant pas fait avancer les choses. Contactée elle aussi, Isabelle Dumestre, élue PS stéphanoise, 2e de la liste de Jean-Claude Tissot n’a pas tout à fait la même version : « Oui, contrairement avec le PC parceque dans le cadre de ces élections très particulières, nous avons intérêt à ne pas faire liste commune avec eux, la Loire fait en revanche partie d’un accord EELV / PS. Je ne sais pas comment leur parti les informe mais dans le cadre de cet accord, EELV n’est pas présent dans la Loire et le PS ne l’est pas ailleurs. La dimension écologiste est importante dans notre liste : la présence de Philippe Heitz, maire de Burdignes, connu pour ses positions, très, très proches d’EELV, en témoigne. Mais quand nous nous sommes vus le 16 juin, leur condition, c’était que Julie Tokhi soit n°2. Mais ça ne correspond pas à l’accord national et Jean-Claude Tissot tient absolument à ma présence à cette position par rapport au travail de terrain que j’ai mené quand il ne pouvait pas être présent (elle est son attachée parlementaire, Ndlr). C’est la vraie raison, je n’ai aucune chance d’être élue en tant que n°2. »

Isabelle Dumestre assure que des discussions avaient commencé localement entre Jean-Claude Tissot et Jean Duverger fin mai début juin, avant l’accord national, mais qu’il n’y a avait pas eu de suite avant le 16 pour cause d’agendas surchargés. Pour compléter ce tableau déjà bien complexe de la situation droite/gauche autour des Sénatoriales, il n’y a toujours de nouvelles, à ce jour et à notre connaissance, d’une liste de la majorité présidentielle. Le chef de file de Renaissance dans la Loire, le député Quentin Bataillon, début mai ne doutait pas qu’il y en aurait une. Il y en avait une en 2017 ayant obtenu 209 voix. 6 ans plus, tard, dans un contexte politique infiniment différent pour le macronisme et d’autres, bien malin qui peut pronostiquer chez qui elles se répartiront…

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