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samedi 27 avril 2024
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A Rive-de-Gier et Saint-Joseph, les « Oubliés de l’A47 » ont su faire du bruit

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RMC / BFM depuis 2022, Le Parisien et maintenant TFI s’intéressent au combat mené par cette association d’habitants de Rive-de-Gier et Saint-Joseph riverains de la désespérante A47. Arguant que leur situation – sécurité, pollution de l’air et auditive – ne cesse de se dégrader depuis une quinzaine d’années, elle n’a pourtant été créée que fin 2021, obtenant rapidement l’appui de politiques locaux. Et si le succès médiatique des Oubliés de l’A47 accélérait les investissements de sécurisation d’un axe – sur ses portions les plus délicates sans bandes d’arrêt d’urgence ! – déjà dans les tiroirs ?  

Photo transmise par Les Oubliés de l’A47 : dans la propriété du président, chemin Gourd Marin à Rive-de-Gier.

Et maintenant le JT de 13 h ! Des reporters de TF1 sont passés mercredi rencontrer les « Oubliés de l’A47 ». L’occasion pour eux de s’essayer à une tradition typiquement locale : cette fois-ci, c’est un camion en feu, au niveau de Terrenoire, dans le sens Lyon / Saint-Etienne sur la RN88 qui a créé, jusque loin en amont sur l’A47, un de ces embouteillages monstrueusement habituels et ses conséquences collatérales quant à la circulation dans les centres-villes du Gier. Cela en plein moins d’août. Le sujet des reporters de TF1 devait être diffusé ce vendredi 13 h. Il le sera finalement la semaine prochaine. Celui du Parisien est, lui, paru le 27 juillet. Bien avant eux, l’association a droit depuis janvier 2022 au suivi de RMC, via son dispositif RMC s’engage pour vous. Depuis, les échos et développement sont réguliers dans ses émissions stars comme Apolline matin ou encore en mai dernier, au sein Estelle Midi.

Une occasion de faire le point sur la situation pour que l’auditeur et le téléspectateur (ceux de BFM qui, liée à RMC diffuse ses émissions radio en direct) carte à l’appui pour le second comprennent bien ce qui se passe à… « Rive-Giers ». Créée en décembre 2021, l’association « Les Oubliés de l’A47 », rassemble des Ripagériens et aussi des habitants de Saint-Joseph. Une soixantaine d’adhérents tous très proches riverains de la vieille autoroute. L’association n’a pas chômé pour attirer l’attention médiatique. Bien au-delà de la Loire même si c’est bien TL7, souligne-t-elle qui a effectué le premier reportage. Belle performance mais plutôt étonnante. Leur problématique – habiter des maisons à quelques mètres, en contrebas d’un talus à pic descendant de l’A47, cela sans protection contre un bruit insupportable (parfois jusqu’à 95 décibels), voire d’une sortie de route – est indéniable. Mais, a priori, sans même parler de la Loire, les exemples de ce type doivent fourmiller dans l’Hexagone, surtout si on ajoute aux autoroutes en milieu urbain, les lignes de train.

Pourquoi des maisons ici ?

« Comment on a eu RMC ? C’est un habitant de Saint-Joseph aujourd’hui adhérent, qui a fait la démarche de les solliciter : David Gandino, qui avait alors un collectif », explique René-Paul Leynaud, président de l’association. Lui habite chemin du Gourd-Marin, côté sud de l’A47, à Rive-de-Gier, dans une de ces villas distantes de quelques mètres de l’infrastructure les surplombant sans réelle protection. Mais, tient-il à souligner, « l’association et ses objectifs ne concernent pas que notre petit quartier autour de Gourd-Marin. La problématique est celle de tous les riverains, et au-delà pour les villages au-dessus, qui se prennent le bruit, habitant le long de l’A47 du Sardon à Industeel ». Soit la partie la plus délicate de l’axe par sa dangerosité, son étroitesse jusqu’à une quasi absence de bande d’arrêts d’urgence sur certaines portions, son manque de visibilité avec ce viaduc qui passe au-dessus de Rive-de-Gier, suivi du tunnel. L’A47 dans son ensemble est un problème qui handicape la vie de Saint-Etienne Métropole. Ce n’est pas un scoop.

Photo transmise par Les Oubliés de l’A47 chemin Gourd Marin à Rive-de-Gier.

A l’origine de ses maux ? Sa précocité (les travaux ont été lancés en 1962) à l’échelle de la France doublée du manque de vision – étroitesse, sous capacité, défauts de sécurité, etc. – et de clairvoyance des décideurs de l’époque calés sur des enjeux du siècle précédent puisqu’obsédés de voir une autoroute littéralement passer par leurs cités plutôt que de les contourner. Saint-Chamond s’en souvient. Lyon et une bonne partie de l’Europe avec en souffrent encore. Cependant, la plupart des maisons des « Oubliés de l’A47 » ont été bâties après la mise en service de l’axe. René-Paul Leynaud s’est installé en 2005. Son vice-président Christian Paparella, lui, a fait construire à 100 m du président en 1988. « C’est vrai qu’on a fait bâtir en connaissance de cause : à l’époque, on nous a dit : « ok, c’est constructible mais attention, il n’y aura pas d’aménagements antibruit, reconnait Christian Paparella. Sauf qu’à ce moment-là, on était à 40-50 000 véhicules jour. Désormais, c’est jusqu’à 90 000 ! Et avec une augmentation considérable des passages de camions. Ce qui montre bien que le fret ferroviaire malgré la hausse des échanges a été négligé. »

Appuis politiques

Le trafic a beaucoup augmenté dans les années 1990/2000 mais « toutes ces années-là, on a aussi longtemps été certain d’avoir, à terme, l’A45 qui devait détourner ce trafic, argue encore Christian Paparella. On nous disait justement qu’il n’y aurait pas d’investissements sur l’A47 parce que l’A45 allait arriver. Ça a bien été appliqué : l’Etat a sous-investi sur cet axe. Et maintenant, l’A45 a été abandonné. » La dégradation de la situation se serait emballée sur les 10-15 dernières années, au point de s’empêcher d’ouvrir les fenêtres en plein canicule. « Avant, et je ne suis là que depuis 2005, il y avait une vraie accalmie de minuit à 4 h mais maintenant… Même ça c’est fini, raconte René-Paul Leynaud. Ce n’est pas l’A89 qui a résolu la situation, au contraire : les camions étrangers ou français font tout pour éviter son coût. » Ce n’est pas qu’une question de « confort » légitime mais aussi de sécurité. Pas que pour les maisons et leurs occupants en cas de chute de voiture ou de camions.

On nous disait justement qu’il n’y aurait pas d’investissements sur l’A47 parce que l’A45 allait arriver. Ça a bien été appliqué : l’Etat a sous-investi sur cet axe. Et maintenant, l’A45 a été abandonné.

Christian Paparella, vice-président des Oubliés de l’A47

« Combien de fois moi et ma femme, on a été récupéré des passagers de voitures arrêtés sur le côté, au-dessus de chez nous pour les faire descendre dans notre jardin ? », s’interroge Christian Paparella. C’est donc l’intensification de la problématique qui a poussé René-Paul Leynaud à créer l’association. « L’idée est venue après que j’ai interpellé les socialistes Najat Vallaud-Belkacem et Johann Cesa lors d’une rencontre avec la population de la campagne électorale des Régionales. On a beaucoup échangé avec ce dernier qui est Ligérien et suit l’affaire et donc envoie aussi des courriers. Ce n’est pas le seul : il y a aussi le maire de Rive-de-Gier Vincent Bony qui est évidemment concerné. Ou encore le député du Gier Emmanuel Mandon (Modem, Ndlr) que nous avions rencontré quelques mois avant son élection en 2022 et qui avait intégré l’amélioration de l’A47 dans son programme. » Le parlementaire, membre d’un parti allié de la majorité présidentielle, a peut-être plus facilement accès aux oreilles ministérielles. Il a d’ailleurs interrogé le gouvernement sur le sujet début mai, lors d’une séance de questions au gouvernement à l’Assemblée.

Une étude de la Dreal va être engagée

Effet politique, sinon médiatique ? Les choses semblent un peu avancer pour l’association. Sollicitée entre autres (la Région et Saint-Etienne Métropole ont aussi reçu ses courriers) par le conseiller régional d’opposition ligérien qu’est aujourd’hui Johann Cesa (il est secrétaire départemental du PS), la préfecture de Région a confirmé à ce dernier par un courrier daté du 13 juillet une information de la préfecture de la Loire diffusée par RMC le 11 mai. Dans la réponse de la préfète régionale Fabienne Buccio : pas de mur anti-bruit à attendre de Saint-Etienne Métropole qui, dit-elle, ne considère pas le « secteur Gourd Marin » prioritaire (encore une fois, l’association appelle à une protection sonore et sécurisation du Sardon à Industeel, pas seulement dans cette zone) alors même que l’association évoque des études de l’agglomération qui mettraient en évidence la pollution sonore et atmosphérique que subit Rive-de-Gier plus que les autres communes membres. Rappelons toutefois que cet axe relève des compétences de l’Etat, pas de l’intercommunalité.

Le courrier de Fabienne Buccio reçu par Johann Cesa

Cependant, poursuit la préfète, « l’étroitesse de la bande d’arrêt d’urgence », objet entre autres, et déjà, des travaux envisagés d’amélioration de l’A47 dans le cadre de Mobi’LYSE, appelle « des travaux de sécurisation avec la mise en place de glissières en béton. J’ai demandé à mes services d’étudier dans quelle mesure cet aménagement pourrait accessoirement apporter un effet acoustique aux riverains concernés en contrebas ». Cette étude va être engagée tout prochainement par la Dreal dans le cadre de la démarche d’amélioration de la mobilité entre Lyon et Saint-Etienne. Aucun délai n’a été précisé. « Si cette réponse n’est pas pleinement satisfaisante surtout au regard des élus de Saint-Etienne Métropole, qui pourtant s’affichaient fièrement devant la presse sans véritablement agir puisqu’ils n’ont pas classé ce secteur dans leur priorité, tacle, lui, Johann Cesa dans un communiqué, elle est une lueur d’espoir pour les habitants de Rive-de-Gier et de Saint-Joseph. » Entre le ruissellement des eaux pollués de l’A47 direction le Gier sans traitement, assure Les Oubliés de l’A47, un tunnel désormais hors normes, dit-elle, et un viaduc qui entamera prochainement sa révision décennale, des lueurs d’espoir, il en faudra bien d’autres…

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