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« Le Syndicat du Gier rend des services qui n’existeraient pas sans lui »

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Cette survivance de l’avant Saint-Etienne Métropole peut paraître étrange. Le Syndicat intercommunal du Pays du Gier (SIPG) fête ses 35 ans ce week-end. Là où certains y voient une composante tenace du millefeuille administratif, son président, Hervé Reynaud, maire de Saint-Chamond, clame, lui, son intérêt : il complète, estime-t-il, des services à la population spécifiques à un bassin de vie qui en serait autrement privé…

La Maison du Gier. A l’occasion de l’anniversaire fêté samedi matin, la salle d’exposition a été nommée Serge Malfois, premier « coordinateur » (pour ne pas dire alors directeur) de la structure en 1986. ©If Média/Xavier Alix

Ni la création de Saint-Etienne Métropole en 1995, puis sa montée en puissance dans les années 2000/2010, ni les transferts de compétence à répétition, ni même les tentatives de simplification administrative des années 2010 et la réduction drastique du nombre d’intercommunalités par le législateur n’ont eu raison de lui. Si vous habitez la vallée du Gier, du moins une des 21 communes membres* – La municipalité de Lorette, intégrée de force à Métropole, n’en voulait pas plus mais coopère avec malgré tout -, une ligne de vos impôts locaux est consacrée au Syndicat intercommunal du Pays du Gier (SIPG). Très loin d’être la plus conséquente, cela dit.

Le modeste budget général du Pays du Gier – 1,1 M€ par an – a la particularité d’être inférieur à son seul budget annexe : 1,6 M€ consacré au centre nautique André-Chazalon, créé à Genilac en 2007 pour palier un manque à l’est de la vallée. Trois municipalités ne sont d’ailleurs pas concernées par cet équipement. A commencer par Saint-Chamond déjà dotée de sa grande piscine municipale Roger-Couderc si coûteuse à entretenir. 14 des 25 agents actuels (ils ont été jusqu’à 35 avant les transferts de compétence à Métropole) du SIPG travaillent au seul centre nautique. Ils ne sont ainsi que trois au sein de l’administration générale centralisée dans la Maison du Pays du Gier. Mise en service en 1995, celle-ci voisine la station-service de l’aire d’arrêt éponyme de l’A 47.

Aux origines du SIPG

Quant aux indemnités des élus qui siègent au syndicat – à la manière d’un mini Saint-Etienne Métropole, 42 conseillers, un bureau, un président et 10 vice-présidents -, « elles s’élèvent à 220 € par mois pour les seuls présidents et vice-présidents », précise Hervé Reynaud. Le maire de Saint-Chamond, commune membre de loin la plus peuplée, préside le syndicat et officiera demain à la cérémonie d’anniversaire de ses 35 ans à la Maison du Pays du Gier. « Nous avons édité un livret spécial à cette occasion (4 000 exemplaires, Ndlr) qui raconte l’histoire – grâce à la mémoire de Gérard Manet, aidés de Gérard Ducarre, ex-maires de Tartaras et de Saint-Chamond – et ce que fait, de nos jours, le SIPG. On peut retrouver dans les mairies, les bâtiments publics de la vallée et bien sûr à la Maison du pays du Gier. Nous souhaitions marquer le coup pour rappeler aux habitants l’existence et l’utilité du syndicat, ce qu’il leur apporte au quotidien. »

Réunion de travail des présidents et vice-présidents mercredi dernier. 86 000 habitants sont concernés par leurs échanges. ©If Média/Xavier Alix

Précurseur alors de l’intercommunalité, dans un univers des collectivités locales où cette dimension n’existait à l’époque quasiment pas, le SIPG fut la première de la Loire. Elle a en réalité 37 ans mais le Covid a retardé la célébration des 35 prévue, à l’origine, en 2020. Sous le statut, d’abord, « d’une conférence intercommunale », 3 ans après les lois de décentralisation avant d’accéder à celui de syndicat intercommunal en 1993, la naissance du SIPG est indissociable du mouvement de l’association Banlieue 89. « Première marche » de ce qu’on appellera la politique de la Ville en pleine crise et désindustrialisation ancrée autour des maires de gauche qu’étaient André Géry (PC) pour Rive-de-Gier, Jacques Badet (PS) pour Saint-Chamond, Félix Franc (PS) pour Lorette ou encore Camille Vallin (PC) pour Givors, depuis intégrée au Grand Lyon.

Union de services et union politique

Trois décennies ont passé, Saint-Etienne Métropole s’est créée avec toujours plus de compétences. Aussi, le maintien de ce syndicat intercommunal dans une France où se dénonce l’empilage du millefeuille administratif pose forcément question. « Le Syndicat du Gier rend des services qui n’existeraient pas sans lui, argue Hervé Reynaud. Ce qu’il permet est complémentaire et ne fait pas doublon. » Outre le contre nautique qui sera d’ailleurs réaménagé en 2023, le président liste les trois antennes relais petite enfance, le ludobus, le réseau Itinérances des médiathèques du Gier, le Pôle Jeunesse de Saint-Chamond, la mutualisation de marchés et commandes groupées, un centre d’examen et du permis de conduire spécifique à la Vallée du Gier. Plus officieusement, c’est aussi une instance d’appui pour faire peser d’une même voix les intérêts communs de la vallée, surpassant les clivages de parti avec des mairies de tous bords (le 1er vice-président est le maire communiste de Rive-de-Gier Vincent Bony).

Marie-Laure Tardy, directrice du SIPG et Hervé Reynaud, maire de Saint-Chamond et président. ©If Média/Xavier Alix

Au sein de Saint-Etienne Métropole oui mais aussi face à d’autres collectivités locales, voire l’Etat et ses services eux-mêmes. « Notre union s’est manifestée avec succès sur plus d’un dossier avec succès. Pour donner des exemples récents, l’Arena oy face à l’ARS, la sauvegarde la maternité puis des urgences de l’hôpital du Gier ou plus récemment, face à la DDFIP, le maintien et finalement le renforcement du Centre des finances au niveau des particuliers (ce qui restait des bureaux entreprise est parti à Saint-Etienne, Ndlr) », met en avant Hervé Reynaud. Le SIPG souhaiterait désormais développer davantage la promotion du territoire (attractivité, tourisme) ou encore, sans se rajouter une compétence, être le lieu de coordination de conventions mutualisant des outils de vidéoprotection (caméras, CSU) à la manière de ce qui est discuté dans l’Ondaine via le Sivo…

*Cellieu, Chagnon, Châteauneuf, Dargoire, Doizieux, Farnay, Genilac, L’Horme, La Grand’Croix, La Terrasse-sur-Dorlay, La Valla-en-Gier, Pavezin, Rive-de-Gier, Saint-Chamond, Saint-Joseph, Saint-Martin-la-Plaine, Saint-Paul-en-Jarez, Saint-Romain-en-Jarez, Sainte-Croix-en-Jarez, Tartaras, Valfleury.

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