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Nicole Peycelon : « Non, nous ne créerons pas de groupe LR hors de la majorité municipale »

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Le conseil municipal de Saint-Etienne de ce lundi 25 septembre semble faire office d’ultimatum de la part de leur parti pour six élus encartés chez les LR de la majorité Perdriau. Bien que quatre d’entre eux, Nicole Peycelon, Claude Liogier, Alain Schneider et Robert Kuralak aient demandé au maire de se retirer, a minima en raison de l’affaire de chantage à la vidéo, ils sont tous appelés à sortir de sa majorité sous peine d’une exclusion imminente. Nicole Peycelon a expliqué à If qu’ils ne s’exécuteront pas et maintiennent leur position adoptée il y a déjà plus d’un an.   

De haut en bas et de gauche à droite : Nicole Peycelon, Robert Karulak, Pascale Lacour, Claude Liogier et Alain Schneider. Photos individuelles issues du site de la Ville de Saint-Etienne.

L’avertissement a été assené en séance par Antoine Poméon. C’était fin juin, lors de ce conseil municipal de Saint-Etienne si surréaliste. Celui-ci avait vu l’éviction de Lionel Boucher de la majorité, en raison des sorties offensives et répétées de l’ex adjoint UDI envers son maire Gaël Perdriau dans le cadre de l’affaire de chantage présumé à la vidéo intime. Antoine Poméon, conseiller municipal LR, parti dont il est à 27 ans le président de sa formation « Jeunes » dans la Loire, s’est placé hors majorité dès son intégration non prévue au conseil municipal en novembre 2022 afin de remplacer numériquement le démissionnaire Samy Kéfy-Jérôme. Toujours en raison de l’affaire. Le lundi 26 juin, lors des infinis échanges autour du cas Boucher, il avait déclaré à l’adresse des élus LR, encore dans la majorité de Gaël Perdriau, que le parti allait se « désolidariser d’eux » s’ils continuaient à travailler avec leur maire.

Rappelons que Gaël Perdriau a été lui-même exclu des LR en octobre 2022 par son bureau national après une procédure lancée un mois plus tôt (il avait été aussi démis de ses fonctions de vice-président en décembre 2021, 9 mois avant l’affaire pour ses déclarations anti Ciotti et Pécresse vis-à-vis de la Présidentielle et de la gouvernance). On apprenait le lendemain que Gaël Perdriau avait déposé plainte contre Les Républicains et leur nouveau président, pour les propos tenus à son égard. Dans un post publié sur Facebook et Twitter, il se disait « triste de cette décision qui a été prise sans même m’entendre, sans attendre que la justice détermine la réalité des faits et des responsabilités ». Selon lui, bien qu’il est lui-même réclamé à François Fillon en 2017 de se retirer de la Présidentielle, « jusque récemment, les Républicains respectaient la présomption d’innocence, pierre angulaire de notre système judiciaire ».

L’avant et l’après propos sur Wauquiez

Un mois et demi plus tard, si des personnalités LR de premier plan comme les députés Jean-Pierre Taite, par ailleurs président départemental du parti ou Dino Cinieri, avaient, dès septembre, eu des déclarations à l’encontre du maire de Saint-Etienne réclamant son départ, la nouvelle salve d’enregistrements publiée par Mediapart le 30 novembre éclaboussant Laurent Wauquiez avait immédiatement donné lieu à un communiqué réclamant sa démission signée par 25 élus de gauche et de droite. Parmi ceux de droite, le président LR du Département Georges Ziegler ou encore Hervé Reynaud, maire LR de Saint-Chamond et 1er vice-président de la Métropole candidat aux Sénatoriales, tous deux assez mesurés jusque-là dans leur position vis-à-vis de la situation de Gaël Perdriau. Il y avait Nicole Peycelon aussi, également LR, conseillère régionale et adjointe municipale stéphanoise à la tranquillité publique.

Elle faisait parallèlement partie des « neuf » élus* de la majorité de Gaël Perdriau se distinguant de la plupart d’entre eux (les UDI Lionel Boucher donc et Denis Chambe s’étant complètement désolidarisés, même si ce dernier poursuit actuellement le travail de sa délégation en tant qu’adjoint) par une demande, mi-septembre, d’un « retrait total » de leur maire, comme à la métropole, le temps que Justice se fasse. Ce que l’intéressé, clamant inlassablement son innocence personnelle, n’a jamais souhaité appliquer. Depuis, interrogés à ce sujet et conformément à leur déclaration les neuf élus en question sont restés dans leurs fonctions, considérant que le projet politique pour lequel ils ont été élus par les Stéphanois reste valable et dépasse le cas Perdriau. Les déclarations d’Antoine Poméon – « s’abstenir ou voter pour le retrait du poste d’adjoint de Lionel Boucher affirmerait ici le choix clair de soutenir le premier magistrat » – avaient été étayées début juillet par Jean-Pierre Taite, dans Le Progrès.

« Je n’ai pas l’habitude de me plier à des ultimatums »

« Soit, ils quittent la majorité de Gaël Perdriau, soit ils continuent avec lui et risquent d’être exclus de LR », a-t-il déclaré dans les colonnes du quotidien à l’adresse des conseillers municipaux encore encartés. L’adjoint Charles Dallara ayant déjà décidé de quitter de lui-même le parti dont il était trésorier, restent Pascale Lacour, adjointe aux commerce et les quatre élus LR ayant réclamé le retrait : Nicole Peycelon, Alain Schneider, conseiller municipal en charge de Saint-Victor-sur-Loire et de la relation apprentissage et entreprise, Claude Liogier adjoint en charge de la circulation et de la mobilité et Robert Karulak dont la position intermédiaire, cette « stricte neutralité » déclarée en en juin et fustigée par Denis Chambe, ne sont pas suffisants aux yeux du parti. (S’ajoute aussi, apprend-on ce lundi matin, la conseillère Catherine Zadra qui va rendre sa carte LR, MISE A JOUR lundi 25 10 h 15). A défaut de faire tomber numériquement la majorité Perdriau, le but est au moins de l’affaiblir. Dans un entretien accordé au Progrès le 13 septembre, le nouveau secrétaire départemental des Républicains (n°2 donc du parti dans la Loire), le Forézien Laurent Caruana en a rajouté une couche à l’approche du conseil municipal de Saint-Etienne ce lundi 25. Le successeur à son poste de… Robert Karulak parle d’une « décision imminente » en cas de maintien dans la majorité Perdriau pour ces élus LR. Il les invite à créer un groupe LR et apparentés hors majorité.

Cette affaire est morale, pas politique. Nous souhaitons poursuivre le travail pour lequel nous avons été élus en 2020.

Nicole Peycelon, adjointe stéphanoise à la tranquillité

Contactée par If Saint-Etienne à propos de cet ultimatum, Nicole Peycelon nous annonce qu’elle ne cèdera pas à la pression et reste sur sa position prise il y a déjà un an comme, dit-elle, ses trois camarades « légèrement » frondeurs. Une décision solidaire prise en bloc avec tous ses autres collègues (s’ajoute Pascal Lacour donc) concernés par la menace d’exclusion : « Oui, nous avions tous demandé un retrait total (sauf Pascale Lacour, Ndlr), a minima, à Gaël Perdriau dès le début et restons sur cette idée. Et oui, nous souhaitons poursuivre le travail pour lequel nous avons été élus en 2020. Notre position n’a pas bougé depuis. Elle ne bougera pas. Nous avons tenu un conseil de majorité lundi 18 septembre et avons échangé avec Gaël Perdriau à ce sujet. Non, nous ne créerons pas un groupe LR hors majorité. Il y a l’affaire, il y a la gestion de la Ville à assurer conformément à nos engagements. Cette affaire d’ailleurs est morale et non politique. Je n’ai pas l’habitude de me plier à des ultimatums. Ais-je reçu des pressions de Laurent Wauquiez ? Non, aucune. »

« Ce n’est pas une chasse aux sorcières »

A voir maintenant la forme du processus – dépendant a priori des instances nationales bien qu’elle semble, au moins en apparence, une initiative locale – que va prendre l’exclusion des élus concernés des LR et quand elle sera lancée si la menace est mise à exécution. Nous n’avons pas réussi à nous entretenir à ce sujet avec Jean-Pierre Taite qui aurait pu apporter ces éléments. Avec Laurent Caruana, en revanche oui : « Ce n’est pas un souci de personnes, ni une chasse aux sorcières mais une problématique générale. A un moment, on ne peut pas être dehors et dedans à la fois par rapport au parti et sa position vis-à-vis de Gaël Perdriau. Il y a un besoin de clarté. Il y a des élections, des appels aux votes, un projet d’Eric Ciotti d’accompagner Laurent Wauquiez à la présidentielle, donc LR aussi a besoin de cette clarté vis-à-vis de ses membres stéphanois. »

Il ne sera pas nécessaire que M. Taite me fasse exclure, je ne reprendrai pas ma carte du parti.

Alain Schneider, élu municipal (prochainement) ex-LR

La nouvelle n’émeut en tout cas pas Pascale Lacour encartée UMP puis LR depuis la candidature de Nicolas Sarkozy. Elle explique à If, que « de toute façon, ce parti et sa ringardise aujourd’hui, je n’y crois plus. S’ils m’excluent, ça ne m’empêchera pas sûrement pas de dormir. Et ce n’est pas la vulgarité affichée par Dino Cinieri à l’inauguration de la Foire qui risque de me faire changer d’avis (selon Le Progrès, le député aurait esquivé la main de Gaël Perdriau par un « garde ta main pour pisser »). en fait, je ne voterai plus jamais pour un parti dont les représentants sont aussi vulgaires. Moi, je reste fidèle à Gaël Perdriau et à son projet pour Saint-Etienne. » Alain Schneider, lui, y croit encore à son parti : « Je suis encarté depuis l’élection de Nicolas Sarkozy et je reste à fond derrière LR, ses idées et la personnalité de Laurent Wauquiez. En revanche, je n’apprécie vraiment pas que ses instances départementales me dictent ce que je dois faire. Oui, j’ai demandé le retrait de Gaël Perdriau mais je veux continuer à m’inscrire dans l’excellent travail réalisé depuis 2014. Il ne faut pas le confondre avec l’affaire. » Du coup, « il ne sera pas nécessaire que M. Taite me fasse exclure, je ne reprendrai pas ma carte du parti ». Une carte, ça se déchire dans les deux sens. Un parti aussi.

*Nicole Peycelon, donc, Patrick Michaud, Claude Liogier, Paul Corrieras, Jacques Guarinos, Jacques Phrommala, Alain Schneider, Véronique Falzone, Jean Jamet avec, depuis, un 10e : Robert Karulak.

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