Sénatoriales : la liste de Pierre-Jean Rochette veut défendre « une ruralité méprisée »
Malgré, dit-il, des pressions politiques, le maire de Boën-sur-Lignon, conseiller de la majorité de droite au Département et vice-président de Loire Forez Agglomération mènera officiellement une liste aux Sénatoriales sans étiquette, avec l’objectif de voir une ruralité de la Loire, qu’il estime méprisée dans cette élection, réellement représentée au Sénat. La majorité présidentielle lui apportera son soutien et ne présentera pas de liste…
« Les LR pensaient avoir verrouillé la ruralité en intégrant tôt dans leur liste Marc Lapallus (maire de Cuinzier et président de l’Association des maires ruraux de la Loire, AMRF 42 Ndlr)… La preuve que non, s’amuse un ancien député de la Loire dont nous tairons le nom. Pas sûr que cette décision ait été vraiment approuvée par la plupart des maires ruraux de la Loire. » Pierre-Jean Rochette ne dit pas le contraire. C’est en fait, dit-il, exactement ce qui a amené la constitution de la liste bouclée la semaine prochaine qu’il va mener et qu’il devrait officiellement présenter la semaine prochaine. D’une sensibilité politique assumée de centre droit mais sans étiquette ni parti, le maire de Boën-sur-Lignon, vice-président de Loire Forez Agglomération est aussi conseiller départemental de la majorité de droite dirigée par les LR.
« Effectivement, tout le monde, loin de là, au sein de l’ARMF 42 n’a pas digéré l’intégration de Marc Lapallus en 4e position sur la liste LR d’Hervé Reynaud, explique l’élu forézien, adhérent mais non actif, reconnait-il, de l’association. Cela a remué et continue à remuer l’ARMF42. Ce qui a allumé la mèche, c’est cela, de constater qu’aucun représentant de la ruralité – à part l’exception notable que représente le socialiste Jean-Claude Tissot – n’était en position éligible. Alors l’idée a fait son chemin cet hiver puis plus précisément au printemps. A cette époque, ça ne devait pas être moi la tête de liste mais les choses ont évolué et oui, finalement j’en prends la tête… » Pierre-Jean Rochette a annoncé début juillet dans un courrier aux maires de la Loire cette initiative. Les cinq noms de sa liste n’ont été définitivement validés qu’il y a une semaine avec un représentant du Roannais, un du Pilat, sinon des Foréziens, d’ailleurs « des deux rives de la Loire, et ça n’a pas été simple… Moi je suis centre droit mais il y a des sensibilités différentes, plus à gauche. Ce n’est pas la question. La question, c’est d’équilibrer au Sénat une représentation rurale et urbaine de la Loire ».
« « Attention à vos subventions » »
Mais s’il y a motivation depuis des mois pourquoi avoir fixé les candidats il y a seulement une semaine ? « Parce que, je n’ai pas peur de le dire : la constitution de cette liste a subi des pressions de la part des certaines personnalités politiques de premier plan de la Loire… Quand certains élus municipaux se voient avertis par un “attention à vos subventions“, parce que c’est ça qu’on leur a dit, je peux comprendre qu’ils renoncent… Mais les appareils politiques classiques locaux ou nationaux n’ont toujours pas compris que cet esprit de féodalité doit cesser : il tue leur crédibilité auprès de la population. C’est le jeu démocratique : on n’a pas à discuter notre présence puis avoir à la payer ensuite. Point. » Pour ce qui est de ses intentions, s’il devait être élu, Pierre-Jean Rochette milite pour un Sénat qui doit davantage démontrer aux Français à quoi il sert. Ce dont il ne doute pas. Mais un Sénat qui défend une juste répartition de la solidarité nationale aux communes : « Au niveau des dotations d’Etat, le gouffre est abyssal. Là où les communes de plus de 100 000 habitants touche, par administré, « 7 » de l’Etat, c’est un « 1 » pour celles de moins de 1 000 habitants. Au nom de quoi ? C’est l’argent public de tous. »
La constitution de cette liste a subi des pressions de la part des certaines personnalités politiques de premier plan de la Loire. Des élus ont renoncé à en être à cause de ça.
Pierre-Jean Rochette, maire de Boën-sur-Lignon
Le candidat poursuit sur cette idée : « Oui, il y a des petites communes considérées comme rurales, dans ce département comme ailleurs qui comptent beaucoup de CSP+, celles très périurbaines en fait avec des beaux lotissements et qui peuvent toujours hausser leur fiscalité en cas de coup dur sans que l’impact soit insupportable pour leurs administrés. Et puis il y a l’autre réalité, très présente chez nous : des communes pauvres, sans moyens, que l’on n’aide pas assez, avec un revenu moyen des ménages inférieur à celui de la Loire, déjà inférieur à la moyenne nationale. C’est le cas chez moi, à Boën. » La campagne de Pierre-Jean Rochette va démarrer au nord et finira au sud, dont bien sûr les Stéphanois en septembre. Une certaine liste de grands électeurs stéphanois (une Ville comme Saint-Etienne a droit, du fait de sa taille à de nombreux représentants en plus de ceux de droit du conseil), celle qui préfère le défi, environ 150 délégués présentés et obtenus par la majorité toujours fidèles à Gaël Perdriau, exclu des LR, aura-t-elle une oreille très attentive au moment d’écouter Pierre-Jean Rochette ?
Le soutien « d’un ami »
« Nous n’avons eu aucun contact à ce stade. On verra plus tard, ce n’est pas la préoccupation. Cependant, on ne boudera aucun soutien », note Pierre-Jean Rochette. Entre cette candidature, une campagne de la part du RN, parait-il, plus active qu’en 2017 auprès des élus municipaux et qui profitera, peut-être, du terrible choc, sinon de l’effrayante lassitude provoquée par les émeutes fin juin et enfin, les consignes de vote que pourrait donner Gaël Perdriau à 8 % des grands électeurs (il y en a, au total environ 1 830 dans la Loire), « l’unique » liste de droite (il y en avait trois en 2017) aura très probablement du mal à faire élire sa n°2 Clotilde Robin. Et encore moins son n°3 Olivier Joly alors qu’elle semblait en bonne position à ce sujet au début de l’année. A propos de position, contacté lui aussi ce jour par If Saint-Etienne, Quentin Bataillon député stéphanois Renaissance, président départemental du parti, annonce qu’il n’y aura finalement pas de liste majorité présidentielle.
Et pour cause : acté par le bureau ligérien du parti le 27 mai puis en assemblée, elle apporte son soutien à la liste de Pierre-Jean Rochette. « C’est vrai que notre ancrage local est encore limité, reconnait Quentin Bataillon. Maintenant, ne croyez pas que c’est une obsession pour nous d’avoir des élus Renaissance ou de nos alliés au Sénat. L’obsession sincèrement, c’est d’avoir les bonnes personnes pour représenter le département. C’est le cas avec Pierre-Jean Rochette, les gens avec lui, les idées trans partisanes qu’ils portent, la volonté de déconcentration, de décentralisation que nous partageons. C’est ça qui compte, c’est ça qui est utile. Je connais Pierre-Jean Rochette personnellement, depuis l’enfance : c’est un homme de qualité, un entrepreneur (Cars Rochette entre autres) qui réussit à qui on n’avait dit qu’il ne battrait jamais Lucien Moullier (figure politique locale qu’il a battue en 2014, maire de Boën 31 ans, Ndlr)… Non, il n’est pas encarté dans la majorité présidentielle mais il n’a jamais émis d’hostilité à son encontre. »
Si nous devons gagner un siège, nous ne sentirons pas redevables de la majorité présidentielle mais de la ruralité et de tous les Ligériens.
Pierre-Jean Rochette
Pierre-Jean Rochette confirme à If le soutien « d’un ami, plus que d’un parti. Nos familles, lui est de Feurs, se connaissent très, très bien ». Mais « de là, à dire que ma liste s’inscrit dans la majorité présidentielle ce n’est pas le cas. Si nous devons gagner un siège, nous ne sentirons pas redevables de la majorité présidentielle mais de la ruralité et de tous les Ligériens. Nous resterons indépendants. » En 2017, la liste 100 % LREM menée par Alain Berthéas dans la Loire avait obtenu 11,65 % des voix pour une 5e place ne lui permettant pas d’envoyer un représentant au Palais du Luxembourg.