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samedi 27 avril 2024
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Paradisia a le goût de la franchise

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A l’exception des fruits, rien ne presse pour Jérémy et Cindy Martin. Créateur fin 2007 de l’enseigne stéphanoise alliant bars à jus et petite restauration « équilibrée » (wraps, bägels, soupes…), le couple a toujours eu le développement d’une franchise en tête. C’est déjà le cas pour deux des trois restaurants Paradisia actuels, tous implantés à Saint-Etienne. Une quatrième adresse, franchisée aussi, va ouvrir dans moins de trois semaines à Givors 2 Vallées.

Jérémy martin au premier plan et, juste derrière lui, Anthony Celle, son nouveau franchisé créateur d’un Paradisia à Givors 2 Vallées. ©If Média/Xavier Alix

« Quand je l’ai appelé, il m’a d’abord dit « non ». » C’était avant qu’Anthony Celle n’insiste et que Jérémy Martin ne comprenne : cet ex-banquier ne voulait pas qu’investir mais bel et bien s’investir. A 100 %. C’est-à-dire en étant sur place, en y encadrant son équipe, en servant les clients et en préparant, lui aussi, les commandes tout en suivant de près la qualité des produits. Bref, mettre les mains dans le cambouis, enfin plutôt les fruits, et pas seulement superviser de loin en validant la « compta » tout en poursuivant un autre métier. « C’est ainsi que je conçois le développement en franchise. Vraiment, je ne saute pas sur le premier candidat venu. Je vois trop de projets partir de façon contraire avec un terrible manque de suivi sur place. Ce qui conduit à l’échec et à détériorer l’image globale de l’enseigne », analyse Jérémy Martin.

C’est après une expérience en tant que jeunes expatriés en Irlande que ce Couramiaud de 42 ans, aujourd’hui, et son épouse, Cindy, ont souhaité dupliquer le concept de bars à jus alors peu développé ou carrément absent côté hexagonal. Fortement assaisonné à la française toutefois puisque d’emblée, le couple lui ajoute une petite restauration qu’il juge indispensable pour réussir à Saint-Etienne. Celle-ci propose des sandwichs se voulant équilibrés, des « wraps » aux ingrédients à choisir soi-même devant la vitrine. Elle est rapidement enrichie par la suite de bägels puis de soupes, histoire de se diversifier et de limiter l’effet « saisonnalité » de l’offre. « J’ai l’habitude de dire que l’été, on travaille très, très bien et que l’hiver… on travaille bien ! », en rigole Jérémy Martin. Les 27 m2 ouverts et tenus à deux à côté d’une entrée de parking de Centre Deux en décembre 2007 ont en effet connu un succès immédiat les encourageant à ouvrir dès octobre 2008 en plein centre-ville stéphanois un second restaurant, rue Gerentet à côté de la mairie. Un emplacement alors entaché d’une réputation de malédiction.

Suffisamment assis pour franchir la pandémie

Malédiction surfaite ou enfin mise à bas, Paradisia s’y taille un autre succès. Quelques années plus tard, la même adresse devient la première à passer sous statut de franchise avant de voir celle de Centre Deux l’épouser aussi. « La franchise, on l’a toujours eue en tête, dès le début de l’aventure. Toutefois, avoir de l’ambition, ça ne signifie pas se précipiter. Je veux m’assurer du bon emplacement et du bon candidat. Mais si on a pris le temps, c’est aussi parce qu’avec Cindy, dans les années 2010, nous avons construit notre vie personnelle. Et cela n’est pas moins important que notre business. » Le couple guette toutefois et même négocie, en vain, une opportunité du côté d’Auchan Villars. Mais c’est finalement une proposition de Mercialys, (l’une des) ex filiale de Casino (le groupe en détenait toujours 20 % début 2021), foncière pour celle-ci, qui va amener la création du troisième Paradisia. En quête de commerces pour occuper l’extension réalisée fin 2017 de la galerie de Monthieu, Mercialys fait signer l’enseigne. Encore une fois, le succès est là.  

La franchise, on l’a toujours eue en tête. Toutefois, avoir de l’ambition, ça ne signifie pas se précipiter. Je veux m’assurer du bon emplacement, du bon candidat.

Jérémy Martin

Les 60 m2 et les 22 places assises de Monthieu sont aujourd’hui toujours aux mains directes des Martin, en tant que « pilote » avec un aspect particulièrement soigné et ses écrans qui affichent les choix s’offrant à une clientèle en quête d’un déjeuner de 12 h rapide qui n’alourdira ni leur après-midi, ni leur allure. Un concept suffisamment assis pour rebondir, « au bout de 6 mois-un an, tout de même » à l’issue des deux confinements successifs, turbulence généralisée au final sans crash dans le cas d’école qu’est Paradisia. Principalement grâce aux aides gouvernementales mais aussi une adaptation temporaire à la situation avec la mise en place d’une vente à emporter. Malgré les nouvelles habitudes (télétravail, livraison), avec environ 650 000 € cumulés par ses trois adresses, Paradisia dit avoir désormais dépassé, lors de son dernier exercice le chiffre d’affaires déjà atteint avec satisfaction à la du veille Covid. L’enseigne vise maintenant le million sur 2024/2025 avec l’ouverture d’un quatrième restaurant, le troisième en franchise dans la galerie du Carrefour de Givors 2 Vallées.

Se développer sans se presser

L’enseigne revendique d’utiliser 90 % de produits frais dans ses préparations. ©If Média/Xavier Alix

« Avant le Covid, j’avais déjà discuté avec la société Klépierre, derrière Centre Deux aussi, à propos d’une implantation là-bas mais le loyer était alors trop haut. La pandémie l’a suffisamment fait baisser et on a fini par toper à la suite de mes échanges avec Anthony. » Alors directeur au sein du Crédit agricole, Anthony Celle, 38 ans, était lui-même un client régulier de Monthieu et avait sympathisé avec Jérémy Martin, d’autant que leurs enfants vont dans la même école. « Il m’avait expliqué qu’il n’arrivait pas à trouver un candidat solide à la franchise pour ouvrir un nouveau Paradisia, explique l’ex-banquier néo entrepreneur restaurateur. Ça faisait un moment que j’avais envie de changer de vie professionnelle. Un beau jour, devant mon écran, je me suis demandé pourquoi j’étais là, à continuer à faire ça. Je l’ai appelé dans la foulée. »

Le malentendu initial dissipé, sa formation à Monthieu effectuée, Anthony Celle ouvrira le mardi 13 février le plus grand Paradisia existant à Givors, fort de 80 m2. De quoi amener les effectifs travaillant au sein de l’enseigne à une quinzaine d’équivalents temps plein. Et en abordant ainsi les marges géographiques de la métropole lyonnaise, ça ne devrait probablement pas s’arrêter là… « J’ai des propositions qui tombent régulièrement pour nous implanter un peu partout : à Bordeaux, à Rennes… Mais non, surtout pas. On préfère avancer doucement mais sûrement. Je tiens à avoir la capacité de savoir ce qui se passe dans mes franchises, de les accompagner à l’ouverture, sur place, comme je vais le faire avec Anthony. Aussi les prochains Paradisia que nous ouvrirons seront dans la Loire ou des départements voisins », étaye Jérémy Martin. Une franche prudence qui ne se dément pas.   

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