Les investissements municipaux seront en hausse en 2022 à Saint-Etienne
Avec 49,5 M€ dévolus, soit à peine moins que ce qui avait été annoncé lors du Dob (débat d’orientation budgétaires) fin janvier, les investissements du budget 2022 de la Ville de Saint-Etienne, présenté lundi au conseil municipal, seront en hausse de plus de 7 M€ par rapport à 2021. Cela malgré la progression significative des charges de fonctionnement, cependant compensées par une hausse des recettes.
Heureusement, il y a les droits de mutation. Cette taxe liée aux transactions immobilières qui profite aussi aux collectivités locales comme le Département ou les municipalités doit donner en 2022 une recette pour la Ville de Saint-Etienne « d’un niveau jamais atteint », constate Nora Berroukeche, adjointe au maire en charge des finances. C’est-à-dire 5,2 M€ soit + 1,6 M€. « Le résultat de notre politique d’attractivité urbanistique », estime l’élue. Ce n’est cependant pas la seule progression de recettes annoncée dans ce budget primitif 2022 présenté lundi à l’occasion du conseil municipal.
Le produit fiscal est par exemple en hausse d’1,8 M€, en raison de la progression de 3,4 % des bases fiscales qui est le fait de l’Etat (pour rappel, si la fiscalité de Métropole va augmenter ses taux, ceux stéphanois restent eux inchangés). Des dotations d’Etat aussi, sont en légère progression comme des reversements de Saint-Etienne Métropole d’ailleurs. Et de manière conséquente (+ 3,5 M€). Mais cette progression des recettes est en grande partie captée par des dépenses de fonctionnement qui passent de 241,4 M€ en 2021 à 245,051 en 2022. A cause de la hausse de la masse salariale (152 M€, + 4 %) liée aux décisions gouvernementales (revalorisation des bas salaires, grille indiciaire des catégories C, Ségur de la santé) et aux renforts décidés par la Ville en raison de la crise sanitaire.
Malgré de nouveaux emprunts pour 24 M€, la dette recule encore un peu
Une pandémie qui participe à la hausse, des dépenses de service elles aussi (+ 2,76 % à 82,115 M€). Avec toujours cette incertitude dominante sur laquelle « le conflit en Ukraine vient d’ouvrir un nouveau front », note Nora Berroukeche, la Ville a décidé d’augmenter les investissements en 2022 par rapport à 2021 : ils passent de 42 M€ à 49,4 M€. « Nous devons pousser cet effort pour maintenir un certain niveau d’activités économiques confortant l’emploi », souligne en keynésienne Nora Berroukeche. L’objectif de la mairie est d’investir un total d’environ 300 M€ sur ce mandat. Les sommes peuvent donc varier fortement d’une année à l’autre, au gré de l’avancée des projets, sans que les objectifs d’équipements sur 6 ans, n’en pâtissent ou s’accélèrent en réalité.
Nous devons pousser cet effort d’investissement pour maintenir un certain niveau d’activités économiques confortant l’emploi
Nora Berroukeche, adjointe au maire en charge des finances.
Il n’empêche, « nous avons décidé de continuer le désendettement mais à un rythme moindre cette année, – 1,5 M€, pour investir un peu plus », rappelle le maire Gaël Perdriau. Le capital de la dette dû restant s’élève à 255,6 M€. Depuis 2014, le désendettement a cumulé un total de 90,3 M€ (dont 17,3 depuis 2020). Mais il faudra encore consacrer cette année 24,6 M€ aux remboursements d’emprunts. Ce qui laisse donc ces 49,4 M€ à réellement investir. Somme atteinte grâce, entre autres, à un recours à de nouveaux emprunts pour 24 M€ mais grâce, aussi, à une épargne nette en progression de près d’1 M€, à 8,95 M€, favorable à l’autofinancement. 16,9 M€ seront consacrés à l’entretien du patrimoine pour 32,5 M€ consacrés à des nouveaux projets. La majorité les a listés de sa présentation : retrouvez-les ici.
« L’application du plan de mandat tarde »
Pierrick Courbon, élu PS d’opposition du groupe Saint-Etienne Demain, constate « des indicateurs positifs », malgré deux années de crise. « Un point d’inquiétude cependant : la question énergétique. Notamment le coût des fluides insuffisamment pris en compte avec + 3,58 % de coûts prévus, loin de la réalité à venir. » Il faut sans doute accélérer les initiatives sur l’amélioration de la sobriété énergétique estime l’élu. Côté investissement, « l’amélioration de l’autofinancement permet plus d’investissements : nous le saluons après avoir dénoncé le trop peu de 2021. Signalons tout de même un recours significatif à l’emprunt, + 4,5 M€ par rapport à 2021. Il faut néanmoins relativiser en raison de l’inflation, des prix plus chers par rapport à il y a quelques années pour la réalisation de projets équivalents. Nous le subissons, on ne peut pas vous en tenir rigueur. »
Pierrick Courbon se montre plus offensif sur la nature des investissements présentés. « Même si nous venons de subir deux années exceptionnelles, l’application du plan de mandat tarde. » Et l’opposant de lister des projets toujours en attente ou encore en préparation : plan cancer, lutte contre la désertification médicale (pas d’ouverture du Cosem), poursuite des projets Cœur d’Histoire (Charité, Boivin), « silence radio » sur le parking des Ursules, pas d’avancée sur la brigade des transports, la Cité des aînés 2, « des extensions plutôt que les nouvelles écoles annoncées », toujours du diagnostic pour Couriot, toujours pas de nouveaux gymnases, « sans même parler du vélodrome ».
« Des choix douloureux devront être faits »
Au nom du groupe Le temps de l’écologie, Jean Duverger (Génération Écologie), a souligné que « les commissions d’appels d’offres voient se succéder des demandes pressantes de réajustement à la hausse des prix initialement prévus, et des pénuries sont même à redouter. Dans ces conditions, il faudra, le cas échéant, prévoir de réduire la voilure en matière d’investissement, et imaginer pouvoir les réorienter. Car les dépenses de fonctionnement vont voir leurs coûts progresser. » Bref, des choix douloureux devront être faits. Et « pour notre part, nous demandons à ce que cela ne soit pas au dépend de la nécessaire et urgente adaptation de la ville aux contraintes climatiques à venir. »
On reste arc-bouté sur une vision dépassée de la réalité, sur un déni des changements en cours.
Jean Duverger, élu du groupe d’opposition Le temps de l’écologie
Cela doit se traduire « par la recherche systématique d’économies d’énergie, la relance de la production d’énergie renouvelable sur notre territoire, une aide et un accompagnement renforcés aux Stéphanoises et aux Stéphanois pour améliorer l’isolation thermique de leurs habitations, entre autres choses… L’équation à résoudre sera délicate, mais la nécessité de se projeter dans un futur périlleux ne laisse place à aucune hésitation.» Mais pour le groupe Le temps de l’Écologie, cette obligation n’est pas remplie par ce qui est proposé. « On reste arc-bouté sur une vision dépassée de la réalité, sur un déni des changements en cours. »
« L’ouverture de Cosem est annoncée pour fin avril »
La majorité a rappelé dans ses réponses les difficultés de retard liées à la crise, la lourdeur de certaines études qu’exigent certains projets très techniques (comme les Ursules ou Couriot) sans compter les surprises sur le patrimoine bâti. Mais aussi que beaucoup d’idées se réalisent sur un temps long et le fait qu’elle prenne volontairement son temps pour bien des projets, comme Cœur de ville où elle poursuit ses ateliers de concertation et co-construction.
A propos des fluides, Nora Berroukeche précise que les contrats de gaz et électricité s’achèvent fin 2022 et fin 2023 et donc restent bloqués en termes de prix dans le cadre d’achats groupés avec la Métropole et le CCAS. Le plan cancer devrait lui avancer en mai avec de premières annonces. Enfin, Patrick Michaud, l’adjoint à la santé, à propos du centre de santé Cosem de la rue Blanqui, annonce un échange optimiste avec le promoteur avec une ouverture évoquée pour fin avril. Les trois groupes de gauche d’opposition (Saint-Etienne Demain, écologistes et communistes) ont voté contre ce budget 2022.