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jeudi 7 novembre 2024
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A Genilac, au bout de 8 ans, la ZA Grange Burlat sort de terre

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Il a fallu batailler ferme. Ses travaux lancés en avril, la création zone d’activité (ZA) Grange Burlat par Saint-Etienne Métropole à Genilac, a demandé 8 ans de préparation pour… 2,35 ha. Les compensations et garanties – environnementales, certes mais pas seulement – validées, elle est présentée comme une nécessité indispensable à l’économie locale, entendre celle de la vallée du Gier.

Les pelleteuses à l’œuvre depuis début avril : la zone sera livrée d’ici la fin de l’année. ©If Media / Xavier Alix

Il les a immédiatement mis dans la balance. « La commune de Genilac a rendu 63 ha à la nature et à l’agriculture en modifiant son PLU en 2018 », va même insister à plusieurs reprises son maire. Aux côtés de Saint-Etienne Métropole, Denis Barriol sort d’une bataille de 8 ans pour concrétiser la transformation des 2,35 ha de champs en zone d’activité dite « Grange Burlat ». De quoi se forger, dans une époque de tensions exacerbées sur quasiment tous les sujets, quelques réflexes « d’auto-défense » quand il s’agit d’expliquer une opération « artificialisation ». Ce mercredi 31 mai, l’ambiance devant le ballet de pelleteuses est toutefois à la réjouissance. De francs sourires sont sur toutes les lèvres présentes : entreprises, élus et représentants de la municipalité donc. Mais aussi de Cap Métropole et de sa maison mère Saint-Etienne Métropole via Luc François, président de la première et vice-président à la mobilité de la seconde et Nora Berroukeche, vice-présidente métropolitaine chargée, entre autres, du développement économique.  

Projection architecturale du résultat final. Vue depuis le nord. Illustration fournie par Sem.

En enchaînant en ce moment inaugurations de chantiers, inaugurations d’équipements tout court ou point d’étape de projets majeurs comme à la ZAC Pasteur à L’Horme vendredi, il s’agit sans doute pour l’exécutif métropolitain, en grande partie désolidarisé de Gaël Perdriau, de rappeler qu’elle est d’abord une « collectivité de projets » communs avant d’être une arène politique chauffée à blanc par une affaire juridico-politique ultra prégnante. Voisinant le centre nautique intercommunal André-Chazalon, cet aménagement est un exemple. L’idée de créer une nouvelle zone d’activité sur sa commune, Denis Barriol la porte avec son équipe depuis les Municipales 2014. « Énormément d’artisans et de petites entreprises de ma commune ou des environs me faisaient part d’absences de solution de locaux pour assumer l’extension de l’activité. Dès 2015, cette initiative communale s’est rapprochée de Saint-Etienne Métropole pour vite s’y associer. » L’élu ne s’attendait alors pas à valider un ticket pour un odyssée.   

Des exigences toujours plus fortes

Déjà en proie à cette époque à une frustrante pénurie de fonciers disponibles pour le développement de son économie – depuis, lourdement accentuée – la collectivité envisage la problématique à l’échelle de tout son territoire et voit tout projet a priori faisable d’un bon œil. Son « bras armé » de l’aménagement public, CAP Métropole va ainsi être chargé de concevoir et faire valider le site par les services de l’Etat. Acquisition des terrains à six propriétaires différents et les méandres juridiques allant avec, obligations poussées sur la protection de l’eau, de l’environnement, études sur les risques miniers, inquiétude des riverains et levées de boucliers, problématiques de circulation et, enfin, histoire de finir de simplifier le tout, une conduite de gaz parcourant l’ensemble…

Quand je suis devenu maire, à une réunion de pilotage, on m’avait dit qu’il fallait 8 ans pour réaliser un parc d’activités… Je n’y croyais pas. 

Denis Barriol, maire de Genilac

« Quand je suis devenu maire, à une réunion de pilotage, on m’avait dit qu’il fallait 8 ans pour réaliser un parc d’activités… Je n’y croyais pas », se souvient Denis Barriol qui a du coup placé le lancement de la zone dans le programme de sa réélection en 2020. Les exigences légitimes et toujours plus fortes en matière de sécurité et de préservation de l’environnement rentrent en conflit frontal et paradoxal vis-à-vis de certains discours et volontés réelles, ou non, de satisfaire les besoins de l’activité économique. Le maire de Genilac vient d’en faire la longue expérience assurant que le projet est passé à un dixième de cheveu d’être définitivement recalé par les services de l’Etat. « Sans les équipes techniques et la maîtrise juridique de Métropole et Cap Métropole, c’était évidemment infaisable », constate Denis Barriol. Cela infiniment plus que le montant dépensé en argent public, 100 % pris en charge par l’intercommunalité, soit 3,5 M€ TTC.

12 lots de 1 200 à 4 000 m2

Une dépense qui sera en grande partie compensée par la commercialisation des 12 lots (il y en avait 13 à l’origine, mais une a été supprimée pour préserver la biodiversité identifiée d’un habitat humide) de 1 200 à 4 000 m2. Comme pour Pierre-Loti à Saint-Etienne, la ZA Grange Burlat n’aura que l’embarras du choix. Des dossiers de candidatures sont d’ailleurs déjà l’étude et certains déjà acceptés. Il faut maintenant que ces investissements se concrétisent à leur tour. Avec la priorité donnée aux projets donnant lieu à un développement de l’emploi : au moins 50 et jusqu’à 100 postes, c’est la fourchette attendue pour cette zone. Pas de commerces dans le viseur ici mais des sociétés artisanales, sinon de petites industries. Pour, environ, une vingtaine d’implantations au total, deux lots étant envisagés en colocation comme « hôtels d’entreprises ». Même si cela peut encore évoluer.

Vue aérienne : la vallée du Gier et l’A47 est à moins de 2 km au sud. Illustration fournie par Sem.

La circulation des véhicules et camions des nouveaux venus ? « Déjà, on est bord d’une route anciennement départementale et désormais métropolitaine qui part de l’échangeur du Sardon où il faut se souvenir qu’il y a un projet parallèle d’amélioration (le Sardon, non loin, dessert la commune depuis l’A47), répond un Denis Barriol, décidément rodé. La voie principale de la ZA sera connectée au parking du centre nautique pour résoudre, au passage, ses problèmes de logistique. Nous avons revu la sortie des camions de la zone, au nord, pour les obliger à tourner à droite et se diriger vers le rond-point juste à proximité pour plus de sécurité. » Entre deux mercis prononcés en série, celui qui est aussi vice-président aux ressources humaines à la Métropole, confie s’être arrêté pour prendre spontanément une photo personnelle de la première pelleteuse à l’œuvre. C’était en avril donc et ce n’était pas une blague.

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